Le député-maire de Differdange, Roberto Traversini, a été vivement attaqué mercredi par le DP, concernant de l’argent revenant à la mairie qui n’a pas été remis au receveur communal en 2014. Il s’explique.
En 2014, il aurait reçu les recettes de deux manifestations culturelles et ne les aurait pas remises au receveur communal comme il se doit. La somme concernée s’élève à…3 000 euros.
Le Quotidien : Vous avez tenu à faire des excuses ce mercredi matin au conseil communal?
Roberto Traversini : Oui, car j’ai fait une « connerie », on peut dire ça. Ça fait presque deux ans et demi que ça s’est passé. À l’époque, il y avait des changements au niveau des commissions communales (NDLR : l’époque du changement de coalition aussi) et on a organisé quand même un festival multiculturel. Une caisse de 1 100 euros m’a été remise. Je l’ai ensuite donnée à un fonctionnaire communal avec tout le dossier complet, avec toutes les factures et l’argent dans une enveloppe. Elle est restée dans son armoire jusqu’à ce qu’ont ait su que le DP demandait où cet argent se trouvait… au bout de deux ans et demi. Cette recette, j’aurais dû la donner directement au receveur, c’est sûr.
C’est ma faute, ce n’est pas la faute du fonctionnaire communal. La deuxième somme concerne le Café Rallye. Le Café Rallye était toujours organisé par le comité des fêtes, mais vu que François Meisch en était le président (et membre du DP) et qu’on n’arrivait plus à travailler sérieusement avec lui, nous avons, en tant que commune, quand même décidé de mettre en place ce rendez-vous. Nous avons eu une recette de 1 985 euros que l’on a mise dans le coffre-fort de la commune. On ne savait pas si on allait la garder ou si on allait la donner au comité des fêtes, on ne savait pas quoi faire. La somme a toujours été dans le coffre durant ces deux ans et demi et si personne n’avait demandé elle serait encore restée là-dedans!
Avec cette histoire, on a l’impression que les élections communales commencent. Et d’une drôle de manière …
Je m’attendais à un autre niveau. C’est naturellement personnel si on lit le communiqué du DP. Mais le plus important pour moi c’est ce qui s’est passé ce matin. Avant de commencer le conseil communal, le DP a demandé de retirer à l’ordre du jour le vote pour les décomptes 2013 et 2014 administratifs et de gestion de la commune (NDLR : le point concerné par les recettes non remises au receveur communal). Nous ne l’avons évidemment pas retiré. Puis, quand nous sommes arrivés à ce point de l’ordre du jour, ce fut l’étonnement : le DP a voté pour! Là, je ne comprends plus rien. Je suis désolé! Ça fait 20 ans que j’essaye de faire un petit peu de politique. Ils font un communiqué de presse à minuit, ils veulent enlever ça à l’ordre du jour… et il me confirme que j’ai bien travaillé en votant pour!
Est-ce que vous avez peur que la campagne électorale à Differdange se transforme en jets de boules puantes?
C’est normal si on voit comment ils ont commencé. C’est de la haine personnelle, qui vise à perturber pour empêcher de réfléchir et de prendre les décisions juste pour les projets de la commune. J’espère que les habitants de Differdange vont voir ce que le DP est en train de faire. Il faut dire qu’il y a d’autres partis qui ont fait ça avec Claude Meisch il y a quelques années. Et le résultat, vous l’avez bien vu. Je crois que tous les habitants de Differdange n’aiment pas ça, qu’on se jette de la boue les uns sur les autres. Je pense que c’est assez dramatique. J’aimerais bien discuter avec la commune à l’horizon 2020-2030, comment les partis s’imaginent la commune. Qu’est-ce que le DP a réussi à faire avec cette communication à minuit? Rien! Ça nuit à notre commune.
Pour moi, ils auraient attendu le conseil communal, ils auraient attendu mes explications et après ils auraient fait quelque chose, un communiqué de presse ou une conférence de presse, pour dire que ce n’était pas normal ce que j’avais fait, là je l’aurais compris. Mais faire quelque chose où ils cherchent deux jours, sans me contacter, où ils contactent les fonctionnaires. Ils ont téléphoné encore lundi soir très tard aux fonctionnaires communaux à la maison pour les convaincre de dire je ne sais pas quoi. Je trouve ça vraiment catastrophique. C’est Donald Trump : tu dis quelque chose et tu vois les réactions. C’est le « DP version Donald Trump ». Je suis vraiment déçu. Mais bon. Je suis maintenant averti de ce qu’il va se passer ces prochains mois.
Vous ne voulez pas entrer dans ce jeu-là?
Non bien sûr. Ça fait 20 ans que je fais de la politique. Je n’ai jamais attaqué une personne, un politicien, un parti politique. Moi, lors de la campagne, je vais dire ce qu’on a fait depuis qu’on est au conseil échevinal. De 2002 à 2017. Ça fait 15 ans qu’on est là, on a toujours dit ce qu’on voulait faire lors des campagnes. Je vais montrer aux habitants ce qu’on a fait pendant les 15 dernières années et ce que nous allons faire les 15 prochaines années! Je crois que les électeurs veulent ça.
Je comprends évidemment qu’un parti, qui voit que des choses qui ne fonctionnent pas bien, qui a des doutes, pose des questions. C’est pourquoi le DP a toujours eu tous les renseignements qu’ils souhaitaient auprès des fonctionnaires communaux. Ainsi, le budget 2014 de la culture avec tous les explicatifs, leur a été envoyé mardi après-midi entre 14 h et 15 h par courriel. On leur a donné tout ce qu’ils demandaient.
Ils ont implosé il y a trois ans et demi, c’est pour cela qu’ils en sont là (NDLR : dans l’opposition). Je vois que la tête n’est plus là, Claude Meisch n’est plus là : ils tirent à gauche et à droite en risquant de se tirer dans le pied. Chacun pensait que le dynamisme, avec le départ de Claude, ne serait plus, mais les gens voient bien que l’on reste très dynamique, même plus qu’il y a quelques années.
Personnellement, cette histoire m’a touché énormément… (ému) . Il faut aussi penser que les politiciens ont une vie privée, ils ont des enfants. Ce matin (lire mercredi matin) pour mes enfants à l’école ce n’était pas… (silence) En politique, on peut tellement casser de choses avant les élections qu’on ne peut plus les réparer après.
Laurent Duraisin