Retour à Dudelange pour cette locomotive de 90 ans

La locomotive ADU n° 6 a retrouvé lundi son sol natal, celui de la Forge du Sud, après un périple extraordinaire depuis le Fond-de Gras où la nonagénaire a passé ces 30 dernières années.

Home sweet home!» C’est avec ces mots que le bourgmestre de Dudelange, Dan Biancalana, a accueilli la locomotive à sa descente de camion ce lundi. «Cette locomotive est une partie du patrimoine industriel de Dudelange. La voir revenir ici est tout un symbole. Elle a peut être été construite ici dans les années 1930 et a été opérationnelle sur le site pendant de nombreuses années à l’aciérie de l’ARBED», raconte Dan Biancalana.

La locomotive ADU n° 6 va être restaurée et disposée dans un des deux bâtiments qui vont être réhabilités sur le site des anciennes friches : les vestiaires et l’ancien atelier des locomotives. «Cette locomotive va être placée dans ou devant l’ancien atelier», précise le bourgmestre pendant que la vieille dame un peu rouillée après 30 ans remisée sur une voie de garage au Fond-de-Gras, est glissée en bas du camion qui a assuré son transport jusqu’au hall Fondouq. La commune de Dudelange a racheté l’engin pour l’euro symbolique à l’État.

Ne reste plus qu’à voter un budget pour les restaurations au conseil communal de Dudelange. Les travaux de rénovation devraient prendre une année, estiment le bourgmestre et le chef de l’atelier serrurerie qui dirigera le projet, Arsène Lallemang. Le budget devrait avoisiner les 200 000 euros. Dan Biancalana est particulièrement fier que ce soient ses services qui se chargent de la restauration de la nonagénaire.

En 45 ans de service auprès de la commune de Dudelange, Arsène Lallemang n’a jamais été confronté à un pareil projet. «J’ai déjà travaillé sur des locomotives, mais je n’en ai jamais rénové une entièrement, indique-t il. Nous allons répertorier et photographier toutes les pièces avant de procéder au démontage de l’ensemble et à la restauration en tant que telle. Les pièces les plus endommagées devront être remplacées.» Difficile pour lui d’estimer la somme de travail que représente la restauration de la vieille dame «encore en très bon état» compte tenu des conditions de conservation. «Ce n’est pas une épave», concède Arsène Lallemang. «Après 30 ans passés à l’extérieur sur le site du Fond-de-Gras ou dans des hangars, elle est encore belle.»

Ne reste plus à Arsène qu’à constituer son équipe. Il pourra puiser dans son équipe, mais également dans les nombreuses candidatures parvenues à la commune à la suite d’un appel pour recruter des artisans. «Nous allons commencer les travaux à la fin de l’année et nous planifions de les terminer au cours de l’année prochaine. Il nous faudra des carrossiers, des forgerons, un électricien… Nous verrons au fur et à mesure ce dont nous avons besoin. Il faudra peut-être recréer des éléments et des pièces», explique le chef d’atelier. Jason, 19 ans, le dernier arrivé dans le service, a les yeux qui brillent à l’évocation du projet. Il se verrait bien y participer.

Lundi matin, à 9 h, ADU n° 6 a été chargée sur un camion de l’entreprise Dick Frères, spécialisée dans ce type de transports extraordinaires, à l’aide d’une grue et transportée vers Dudelange et le hall Fondouq où elle a été déchargée sur des rails. Le convoi a quitté le Fond-de-Gras à 11 h et est arrivé à destination un peu avant 13 h. Ce rapatriement de la nonagénaire à sa terre natale est dû, outre la volonté de la commune de rassembler son patrimoine industriel et ferroviaire, à la tenue de l’année culturelle Esch 2022.

Sophie Kieffer