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Réseau ferré luxembourgeois : le défi de la saturation


Parmi les investissements massifs en faveur du rail, les travaux pour les deux quais supplémentaires à Luxembourg. (photo Hubert Gamelon)

Vu l’engouement, le train a de l’avenir au Grand-Duché, pas de souci ! Reste à savoir comment répondre à cette demande monstre… Les CFL ont résumé le plan de bataille au personnel d’ici à 2025.

De plus en plus d’habitants, de plus en plus de frontaliers… de plus en plus de raisons de prendre le train à cause des bouchons. Le graphique de cette page suffit pour comprendre le défi monstre des CFL… au bord de la saturation ! Rien que sur la période 2005-2015, le rail luxembourgeois a enregistré une augmentation de 60% des voyageurs. Le réseau, malgré quelques améliorations éparses, n’a pas suivi la cadence.

source : CFL/infographie Damien Dillet

source : CFL/infographie Damien Dillet

D’où un plan de bataille d’envergure présenté par la direction. Les chiffres communiqués donnent l’ampleur des changements attendus : «Sur la période 2013-2023, le gouvernement table sur un investissement de 3,8 milliards d’euros, explique François Bausch, le ministre en charge des Transports. C’est presque trois fois plus que pour la période 2003-2013 ! C’est dire si nous avons confiance dans le rôle du train et dans l’avenir de nos CFL.»

Désengorger la capitale, et vite !

Fort de ce butin, le rail luxembourgeois s’attaque à une vingtaine de projets, dont certains sont déjà bien connus. Inutile de tous les reprendre. Mieux vaut comprendre l’esprit général du plan : «Désengorger la Ville, décrypte sans hésiter Marc Wengler, le directeur des CFL. C’est le gros problème de notre réseau : toutes les lignes passent par Luxembourg, qui est un centre névralgique encombré.»

Les deux projets phares qui vont permettre de délester la gare centrale consistent à dévier le flux des travailleurs du secteur tertiaire :

• Construction du pôle multimodale train-bus-tram de Howald (46 millions d’euros), au sud de Luxembourg, pour desservir les bureaux de la Cloche d’or et du Ban de Gasperich. L’ouverture de la première tranche est prévue en décembre.

• Construction du pôle multimodale train-tram-bus du Pfaffenthal (96 millions d’euros), au nord de la Ville, pour desservir le quartier d’affaires du Kirchberg, grâce à une gare intermédiaire que l’on peut rejoindre en quelques minutes par un… funiculaire ! L’ouverture est également prévue en décembre.

Les autres moyens de désengorger la Ville consistent à multiplier les dessertes transversales et les capacités d’accueil des trains longs. C’est ici l’enjeu des deux quais en construction en gare centrale de Luxembourg. Qui dit deux quais dit quatre nouvelles voies ! La première ouvrirait en 2019, les autres d’ici 2022 (145 millions d’euros en tout). La gare comptera alors six quais.

Du nouveau matériel aussi

Ces extensions d’infrastructures appellent forcément une modernisation du parc roulant. Le remplacement des motrices Z2 est déjà en cours. L’achat de nouvelles rames aussi, toutes neuves, celles avec de beaux écrans numériques pour indiquer les retards… Sur la période 2010-2017, 29 automotrices supplémentaires ont été mises en service, pour un parc de 82 rames, offrant 9 000 places assises. Mais ce n’est rien par rapport au matériel que les CFL prévoient d’acheter ces prochaines années. D’ici 2025, 34 nouvelles rames devraient être acquises, pour une offre d’au minimum 16 000 places assises !

Si la gare de Luxembourg apparaît comme le point chaud du plan, d’ici 2024, l’ensemble des gares du réseau vont être adaptées aux nouvelles capacités du trafic. Des petites gares, pour commencer. Comme celle de Kleinbettingen dès 2018. Puis des points névralgiques du réseau : Bettembourg en 2020 ou encore Rodange en 2023. Le but, encore une fois, est d’allonger les quais (250 m !) pour permettre l’accueil des trains longs. Dans le même temps, des parkings relais en périphérie du pays vont ouvrir : Wasserbillig (est), Rodange (sud), Troisvierges (nord), Bascharage (ouest) pour ne citer qu’eux. Des centaines de places, qui visent principalement les frontaliers, invités à préférer le train à la voiture pour aller au travail.

Hubert Gamelon

Ligne des « Sardines », quel remède ?

La ligne 90, Luxembourg-Thionville-Metz, est emblématique des difficultés. Dix mille usagers l’empruntent chaque jour, avec les hashtags #BlackFriday (les retards de fin de semaine) ou #Sardines (les rames bondées au petit matin) sur Twitter.

La révision des horaires annoncée pour décembre devrait régler une partie des problèmes. En clair : on est allé trop loin dans le cadencement et le moindre grain de sable entraîne des retards cumulés. D’ici 2024, le dédoublement des voies entre Bettembourg et Luxembourg permettra aussi de démultiplier les trains. Mais c’est loin, et il faut pour cela refaire les postes d’aiguillage de Bettembourg et Luxembourg…

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