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[Reportage] Réorganisation des bus : dans la jungle du quartier Gare


L'arrivée dans le quartier Gare, depuis Bonnevoie, Hollerich et Gasperich, est une sacrée «aventure» en soi. (photos Claude Damiani)

Commerçants, riverains, et gens de passage se montrent, pour la majorité d’entre eux, exaspérés de la situation chaotique qu’ils vivent depuis lundi à la Gare, suite à la réorganisation des bus.

«Chaos», «catastrophe», «bordel» : les avis des personnes interrogées dans le quartier Gare, vont presque tous dans le même sens. Sans prétendre refléter l’opinion publique, dans son intégralité, ni affirmer que l’unanimité est effective, Le Quotidien est allé à la rencontre de commerçants et de gens croisés au hasard, dans la rue. Petit florilège des avis exprimés :

Des commerçants en colère (doux euphémisme)

Chez le marchand de journaux de l’avenue de la Gare, Kkiosk, l’ambiance est morose; en effet, jeudi à 12h05, la boutique était désespérément vide. «C’est la catastrophe !», confie la responsable de la boutique. Avant d’indiquer que «le nombre de clients a fortement baissé; normalement, entre 12h et 13h, le magasin est plein…et là il y a personne. On est pas content !»

Quelques mètres plus loin, au magasin Foot Locker, l’employé dénommé Stéphane n’est pas non plus satisfait de cette situation : «il y a un manque de passage énorme; les gens n’arrivent plus à se garer, c’est la galère pour tout le monde. De plus, les gens sont de mauvaise humeur et de ce fait, il vont voir ailleurs, c’est-à-dire dans les centres commerciaux périphériques. Foot Locker reste une enseigne qui tourne, mais certains autres commerçants doivent bien souffrir du manque à gagner !»

Et du côté de l’avenue de la Liberté, la situation semble pareille, si ce n’est pire, comme en témoigne une collaboratrice d’un commerce bien connu, situé près de la place de Paris : «Je trouve qu’il y a beaucoup de circulation depuis lundi. Nous avons beaucoup moins de passage et donc moins de clients, exception faite des personnes qui travaillent dans le quartier.»

Pas si sûr...

Pas si évident…

Riverains, conducteurs, passants en majorité irrités

Les trous béants creusés au niveau de l’intersection de l’avenue de la Gare et de la rue du Fort Neipperg agacent également les piétons. À l’image de ces deux joggeurs qui ont dû slalomer entre les passants et les barrières protégeant les trous en question : «on arrive même plus à courir sur le trottoir !», ont-ils déploré. Du côté de la place de Paris, une dame, elle, se plaint de ne pas pouvoir amener son enfant chez le médecin, car elle «ne trouve pas de parking.» Peu après, c’est au tour de l’Irlandais Mike de pousser un coup de gueule, dans la langue et avec l’accent de James Joyce, forcément intraduisible en français : «What the f…!», s’exclame-t-il.

Avant, pour lui, de relater sa matinée de lundi dernier : «Je vis du côté d’Esch-sur-Alzette, et lundi matin, je suis parti, en voiture, à 6h30 du matin pour me rendre place de Paris à Luxembourg-Gare; et bien j’y suis arrivé à 8h. Mais ce n’est pas tout : je suis ensuite allé prendre un café au Coffee Fellows sur la place de Paris et il y avait neuf personnes en tout dans l’établissement, entre 8h et 10h… alors que normalement c’est plein pendant ce créneau horaire.»

Les policiers assurent une surveillance "préventive".

Les policiers assurent une surveillance « préventive ».

Quant à Steve, qui habite chez sa copine, elle-même riveraine du quartier, la coupe est pleine : «Ça n’en finit plus, on en a marre ! On a l’impression que le quartier est en guerre, avec des tranchées creusées, des policiers au coins des rues et un vacarme comparable à un conflit armé ! Et tous nos voisins sont du même avis, si ce n’est qu’eux comparent plutôt le quartier à une jungle. Quant aux bus, ils sont tout le temps en retard.»

Cela dit, les avis recueillis ne sont pas unanimes et certains voient même certains avantages à cette nouvelle phase du chantier du tram : «Je suis une usagère quotidienne des bus de la Ville et je peux affirmer qu’avec le nouveau tracé je n’étais encore jamais arrivée si tôt à la maison, après mon travail. En effet, les bus ne sont plus bloqués par les voitures et je suis très contente de cela, car il s’agit d’une amélioration de la qualité de vie !»

La police postée aux points stratégiques

Posté à l’angle de l’avenue de la Gare et de la rue de Bonnevoie avec sa moto, un agent de police surveille la circulation : «Je m’assure qu’aucun véhicule personnel ne tourne dans l’avenue de la Gare, car seuls les véhicules de livraison et les bus y sont autorisés. Les gens sont un peu stressés quand ils sont dans les embouteillages, c’est compréhensible, mais sinon la situation est gérable; c’est clair qu’il y a plus de trafic aux heures de pointe, mais en début d’après-midi ça va. En fait il y a plus de problèmes, tôt le matin.»

Quand à l’agent de police, posté un peu plus haut, à savoir au croisement des rues Bender et de Bonnevoie, il complète que sa présence, ainsi que celle de son collège, visent un objectif bien précis : «il s’agit d’une phase préventive, nous ne faisons pas de contrôles à deux policiers», souligne-t-il.

Claude Damiani

Goldschmidt : «La fluidité du trafic va s’améliorer»

De son côté, l’échevin en charge de la Mobilité dans la capitale, Patrick Goldschmidt, concède volontiers que «la situation est difficile et on le reconnaît à la Ville de Luxembourg.»

Cela dit, l’échevin tient à délivrer un message d’apaisement aux mécontents : «Je conseille à tout le monde d’éviter ce secteur en voiture si l’on a pas besoin de s’y rendre. La problématique des retards des bus est surtout due au fait que beaucoup de voitures s’engagent là où il ne faut pas. Nous avons fait des efforts au niveau de la signalisation pour que les gens se retrouvent. On essaye aussi d’améliorer la signalétique concernant les feux, de même que les calculs des temps de passage du rouge au vert. Je pense que la fluidité du trafic va s’améliorer dans les prochains jours. Mais ne perdons pas de vue que ce sera difficile pour tous jusqu’à l’automne 2020… je ne peux pas non plus faire de miracles !»