Les habitants de la petite localité de la commune de Rosport-Mompach se remettent tant bien que mal des terribles inondations. La Sûre, montée à plus de 9 mètres, a tout emporté sur son passage.
Le soleil brille dans un ciel bleu azur. La température approche les 25 degrés. La vue donne sur une forêt. Idyllique comme cadre ? Non. L’eau est toute brune. L’odeur est bizarre. Le débit est important. La boue est partout. Des poteaux d’éclairage sont pliés, plusieurs arbres aussi. Une botte de foin est visible sur un toit. Des petits chalets près de l’eau sont détruits. Un restaurant est dévasté. Une épave de roulotte est écrasée contre une aire de jeux.
Le contraste n’aurait pas pu être plus grand, dimanche en fin de matinée, au camping de Born. Trois jours après les terribles inondations, le décor est toujours aussi irréel. La seule bonne nouvelle est que la Sûre a reculé, même si elle n’a pas encore complètement regagné les limites de son lit.
Les précédents de 2003 et… 1880
Des inondations, les habitants de Born, Moersdorf, Steinheim ou Rosport en ont déjà vécu. La dernière crue importante à avoir touché la commune, c’était en 2003. «Dès mercredi, les pompiers ont fait le tour des différents villages pour mettre en garde les habitants. Nous avons communiqué par SMS et sur les réseaux sociaux. Dans les ménages, des objets de valeur ont été placés en hauteur. Mais tout cela n’a pas été suffisant. Personne ne s’attendait à une telle envergure», affirme Stéphanie Weydert, première échevine de la commune. À Rosport, la Sûre a atteint une crue historique de 9,66 mètres. En 2003, un niveau maximal de l’eau de 8,25 mètres avait été enregistré.
À Born, les dégâts les plus importants sont situés aux abords immédiats de la rivière. Mais pas seulement. L’eau est montée sur le coteau en direction du cœur du village. Dans les ruelles, les habitants s’activent. L’heure est au nettoyage et au déblayage. «Je suis là pour aider ma sœur. Par le passé, seule la cave avait été inondée. Cette fois, l’eau a gagné le rez-de-chaussée. C’est terrible», témoigne un quadragénaire rencontré dans la Schlassstrooss. «Ce qui fait du bien, c’est de voir toute cette aide arriver d’un peu partout. On a vu les ouvriers des communes d’Esch-sur-Alzette, Pétange, Sanem ou Junglinster. Et aussi des dizaines d’agriculteurs avec des tracteurs», reprend notre interlocuteur. Même des jeunes du centre pénitentiaire semi-ouvert de Givenich sont venus prêter main-forte.
Colère contre les assureurs
La Sauergaass, une ruelle qui mène vers la Sûre, a aussi été durement touchée. Sur une façade se trouve une plaquette indiquant le niveau atteint par l’eau lors d’une inondation survenue le 21 décembre 1880. «Cette fois, l’eau est montée au moins deux mètres plus haut», constate un riverain. En face se tient une maison complètement rénovée. De l’extérieur, peu de dégâts sont visibles. À l’intérieur, par contre, tout est détruit. «À 3 h, dans la nuit de mercredi à jeudi, il n’y avait encore rien. Une demi-heure plus tard, l’eau avait monté d’un mètre. C’est l’horreur. En deux heures, nous avons tout perdu», relate ce père de famille. Un bateau du CGDIS a dû évacuer les occupants de la maison depuis le balcon situé au premier étage.
Plusieurs riverains rencontrés hier font état de leur désarroi. «L’assurance nous a déjà annoncé que l’on allait toucher 20 000 euros. C’est rien. On place de grands espoirs dans le gouvernement», indique ce riverain. Cette somme de 20 000 euros est revenue à plusieurs reprises dans les témoignages récoltés.
L’eau a reculé, le soleil brille à nouveau, mais les sinistrés de Born et de toutes les autres localités et communes ravagées par les inondations sont très loin d’être au bout de leurs peines…
David Marques
L’alerte est levée,
l’électricité revient
MeteoLux a maintenu son alerte jaune pour le sud du pays jusqu’à 17 h samedi. La mise en garde contre des crues a été levée dans la foulée. Le service de prévision des crues de l’administration de la Gestion de l’eau avait levé l’alerte de crue pour la Sûre, l’Alzette, la Chiers et la Syre samedi matin à 10 h. La Moselle reste sous surveillance, mais l’eau reflue déjà.
Creos a rappelé samedi aux victimes des inondations qui souhaitent remettre sous tension leur installation électrique la nécessité de contacter d’abord leur électricien afin qu’il effectue un contrôle. Un grand nombre de tableaux de distribution électrique ont subi des dégâts majeurs. Le fournisseur d’électricité s’engage à rétablir l’alimentation jusqu’au coffret de raccordement. La remise sous tension du ménage est de la compétence des électriciens agréés.