Une nouvelle saison débute pour «Repair Cafés». Son président revient sur les succès de cette aventure de bricoleurs et nous parle des projets à venir.
Pouvez-vous nous expliquer le principe des Repair Cafés ?
Marcel Barros, le président de Repair Café Lëtzebuerg : Des bénévoles qui savent réparer les objets offrent leur service gratuitement pour remettre en état toutes sortes de choses qui nécessitent une réparation. Il peut s’agir de vélos, de vêtements, d’appareils électroménagers, de jouets, de meubles… On observe que la plupart des gens nous amènent des téléphones, des ordinateurs, des objets électriques et beaucoup d’électroménagers. L’idée est née à Amsterdam en 2009 et le premier Repair Café est arrivé au Luxembourg en 2013. En 2016, nous sommes devenus une ASBL.
Parvenez-vous à réparer tous les objets ?
En neuf ans d’existence, nous avons réussi à réparer plus de 500 objets. Cela représente environ deux tiers des objets que l’on nous apporte. Pour le dernier tiers, c’est-à-dire ceux que nous ne sommes pas parvenu à réparer, nous estimons qu’ils n’étaient tout simplement plus en état d’être arrangés.
Avez-vous un stock de pièces ?
Nous n’avons pas de stock de pièces pour réparer les différents objets, car cela représenterait une masse immense de pièces. S’il est nécessaire de commander une pièce, nous montrons à la personne comment le faire, puis nous lui expliquons comment procéder pour la réparation. Elle peut également s’aider de YouTube, où l’on trouve des tutoriels pour à peu près tout aujourd’hui.
Pouvez-vous nous parler de la notion sociale portée par le projet ?
Il s’agit également d’un lieu d’échanges. Tout d’abord sur la notion de transfert de savoir, car il n’est pas question de simplement déposer ces objets à nos bénévoles. Nous encourageons les gens à participer à la réparation pour qu’ils apprennent de nouvelles choses et puissent ensuite réparer des choses chez eux. Et les Repair Cafés offrent aussi aux personnes qui ont peu de moyens un lieu de rencontres et de lien social.
Après neuf ans d’existence au Grand-Duché, comment avez-vous évolué ?
Nous sommes de plus en plus connus! En 2016, les membres fondateurs ont créé une ASBL, mais ils ne faisaient alors que deux ou trois Repair Cafés par an avec un système itinérant de commune en commune. Ils étaient, à ce moment, très pris par d’autres activités. Depuis, nous avons augmenté le nombre d’événements à l’année, pour arriver en 2022 à une soixantaine de Repair Cafés en neuf ans. Nous avons également le soutien du Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL) et celui du ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. De plus, nous avons embauché une personne à mi-temps qui nous permet de faire le lien avec les communes.
Le Repair Café ne peut exister que dans les pays où il y a un certain confort de vie
Comment expliquez-vous le succès des Repair Cafés ?
Premièrement, le Repair Café ne peut exister que dans les pays où il y a un certain confort de vie. Au Luxembourg, par exemple, très peu de gens savent réparer eux-mêmes les objets qui ne fonctionnent plus. Dans les pays du tiers monde, le savoir-faire en matière de réparation des objets défectueux ne s’est jamais perdu. Les populations n’ont pas les moyens de racheter un nouvel appareil si l’un d’eux arrête de marcher. Par manque de moyens, en Afrique, en Asie ou même en Europe de l’Est, on sait être créatif pour faire fonctionner les objets défectueux. Deuxièmement, la motivation des gens à venir au Repair Café vient du fait que lorsque l’on a un appareil que l’on utilise tous les jours, on finit par s’y attacher. Il y a parfois aussi une valeur sentimentale que l’on attribue à certaines choses, les objets de famille par exemple. Enfin, les mentalités ont changé et on a de moins en moins le réflexe de jeter.
Quels sont vos projets pour 2022 ?
Nous avons déjà des événements prévus jusqu’au mois d’octobre. Nous souhaitons en outre nous investir davantage auprès des jeunes générations. Nous avons entamé une action avec le lycée de Redange. J’ai déjà eu l’occasion de m’y rendre pour présenter notre projet et pour montrer aux élèves quelques exemples de réparation d’objet. Cela leur a beaucoup plu. Au total, nous sommes intervenus auprès de 1 400 élèves âgés de 12 à 16 ans. Nous allons également communiquer auprès des parents et essayer d’organiser des ateliers pendant les heures de cours. Notre autre ambition pour les années à venir est de créer un réseau de Repair Cafés au niveau cantonal. Nous regardons beaucoup ce qui se fait en Belgique et une personne de Repairtogether.be nous accompagne dans nos projets. Ainsi nous souhaitons créer un réseau de Repair Cafés indépendant dans les communes avec un siège central pour pouvoir chapeauter leur calendrier.
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Et si vous deveniez réparateur ?
En vue de la saison qui reprend un peu partout dans le pays, l’ASBL en profite pour lancer un appel aux bénévoles. Si vous êtes touche-à-tout, avec des doigts de fée ou de l’or entre les mains, que vous souhaitez partager vos connaissances, ou simplement donner un coup de main aux organisateurs, rendez-vous sur leur site internet, www.repaircafe.lu. Vous pouvez également vous rendre à l’un de leurs prochains événements. Par exemple, le samedi 12 février à 14 h au centre polyvalent Kuerzwénkel à Consdorf ou le samedi 12 mars à 9 h au marché local de Schuttrange.