Une cinquantaine de dégustateurs se sont réunis lundi pour sélectionner, à l’aveugle, les vins luxembourgeois qui auront l’honneur du Guide Hachette des vins.
Tous les ans depuis 1999, le Guide Hachette pose ses valises au Grand-Duché le temps d’une dégustation qui permettra de sélectionner les vins qui figureront dans le fameux guide des vins. Le rendez-vous était fixé hier matin dans les locaux de l’Institut viti-vinicole de Remich, l’organisation étant menée par la Commission de promotion des vins et crémants.
Pour les vignerons, l’enjeu est important. Stéphane Rosa, le directeur du guide, rappelait : «L’an passé, le guide a été imprimé à 85 000 exemplaires, ce qui est considérable lorsque l’on sait que le tirage moyen d’un livre, en France, se situe entre 3 000 et 5 000 exemplaires.» Si les ventes sont en baisse (120 000 en 2014), c’est que la consultation du site web explose : «Nous recensons entre 500 et 800 000 visiteurs par mois.»
L’ouvrage est essentiellement lu en France, mais part également à l’étranger et notamment en Belgique («de 5 000 à 7 000 guides y sont vendus»). Et le Luxembourg? «Nous en vendons peu, reconnaît Stéphane Rosa. Peut-être faudrait-il que nous en éditions un qui ne rassemblerait que les vins luxembourgeois!» Quoi qu’il en soit, l’intérêt pour les vignerons du cru est que – justement – les commentaires et les notes de dégustation de leurs meilleurs flacons soient accessibles à des amateurs étrangers qui ne connaissent pas encore les vins produits dans ce versant-ci de la Moselle. Le guide constitue une formidable vitrine pour une région viticole encore trop méconnue.
La quête du «coup de cœur»
Les vins qui y figurent sont déterminés en toute indépendance. Chaque bouteille a été anonymisée par l’Institut viti-vinicole et les jurys (environ une demi-douzaine de dégustateurs par table) n’ont aucune idée de l’identité des domaines servis. Seul le cépage et le millésime sont connus.
La grande majorité des vins présentés hier sont issus de la récolte 2016. Un choix qui peut surprendre parce que ces vins sont encore verts, il faut du temps pour qu’un bon vin se fasse… Certainement qu’une dégustation de vins provenant du millésime précédent aurait été plus flatteuse. Il s’avère toutefois que les mieux construits sortent de toute façon du lot. «Un vin qui n’a pas de longueur en bouche aujourd’hui n’en aura pas non plus dans deux ou trois ans», soulignait à juste titre Antoine Clasen, directeur général de Bernard Massard.
En plus de noter les vins, chaque table a le devoir de sélectionner un ou deux «coups de cœur» potentiels. Pour ce faire, le jury doit être unanimement convaincu que cet échantillon mérite une exposition supplémentaire, le «coup de cœur» étant la cerise sur le gâteau. Ces propositions sont une nouvelle fois dégustées par le collège des chefs de table qui taille encore dans la sélection. En général, il n’en décerne que trois ou quatre. Désormais, pour les vignerons comme pour les consommateurs, il ne reste qu’à patienter. Les résultats ne seront connus que lors de la publication du guide, au mois de septembre.
Erwan Nonet