Il n’y a pas une mais plusieurs manières de collecter les déchets et elles sont complémentaires pour arriver à l’objectif zéro déchet qu’impose le principe de l’économie circulaire.
Tous les citoyens ne sont pas égaux face aux possibilités offertes en matière de recyclage. Les habitants de la capitale, par exemple, bénéficient tous les jours d’un centre de collecte ouvert route d’Arlon, d’autres ont les mêmes avantages grâce à des syndicats intercommunaux ou des contrats passés avec des entreprises privées. Mais beaucoup doivent guetter le calendrier pour profiter des rares heures d’ouverture des déchetteries communales, du genre premier et dernier samedis du mois.
Le gouvernement, qui a présenté un important paquet de réformes l’été dernier dans le domaine de la gestion des déchets, s’est attelé à la révision de cinq textes législatifs et de trois règlements. Le tout s’inscrit dans la stratégie «zéro déchet» («Null Offall») au bénéfice de l’économie circulaire. «Nous voulons restés pionniers en matière d’économie circulaire et la gestion des déchets est une partie de la solution», souligne Carole Dieschbourg, qui s’est rendue mercredi matin en commission de l’Environnement où l’attendait surtout le CSV avec un lot de questions relatives à la SuperDrécksKëscht (SDK) dont le monopole avait été critiqué par des concurrents mécontents. Ces derniers évoquaient une loi faite sur mesure pour la SDK qui lui permettrait de régner sur le business du recyclage dans le pays.
Le ministère de l’Environnement a chargé le cabinet d’audit «Muller et Associés» d’examiner les relations d’affaires et les transactions entre SDK, Oeko-Service Luxembourg (OSL) et l’administration de l’Environnement pour lever tous les doutes sur les soupçons de favoritisme qui planent sur le contrat passé par SDK. Il s’agit d’une triple évaluation portant sur la conformité par rapport au cadre légal, la structure financière et enfin l’exécution de l’action SuperDrecksKëscht.
Plus de points de collecte
Ce qui intéresse particulièrement les citoyens, en attendant que l’audit concernant la SDK soit rendu à la fin de l’été, ce sont les possibilités qui leur sont offertes pour se débarrasser des déchets. C’est aussi ce qui ressort des groupes de travail mis en place pour la préparation de cette réforme.
Les citoyens en veulent plus. Le gouvernement «veut donc rendre possible l’augmentation ciblée des taux de recyclage par une combinaison de systèmes de collecte répondant aux différentes habitudes et demandes des citoyens», selon le ministère. Pour la ministre Carole Dieschbourg, le zéro déchet sera le résultat de complémentarités en matière de recyclage. Si toute cette démarche répond à une directive européenne, les pays ont le libre choix des armes.
En comparaison internationale, le Luxembourg n’est pas seul avec son projet de réforme, comme le rappelle Carole Dieschbourg. Elle cite des initiatives comme celle de nos voisins français qui responsabilise les supermarchés et les centres commerciaux obligés d’offrir des points de collecte obligatoires dans les supermarchés de 400 m2 ou plus.
La ministre prend exemple et annonce qu’il est prévu qu’un centre de recyclage de type «drive-in» soit installé pour toute surface commerciale de plus de 1 500 mètres carrés.
Un projet pilote de ce type est mené depuis une dizaine d’années au Howald en collaboration avec la commune de Hesperange et pourrait donc se généraliser. Le but est de multiplier les points de collecte.
Certes, il y a bien eu cette étude commandée par Valorlux, qui estime que les drive-in installés sur le site de certains supermarchés ne sont pas une alternative au ramassage à domicile, les fameux sacs bleus sur les trottoirs. Carole Dischbourg ne partage pas les conclusions de l’étude, qui n’implique qu’un seul acteur. «La méthodologie appliquée à l’étude n’est pas très correcte à nos yeux», a expliqué la ministre de l’Environnement, précisant en substance que l’on a comparé des poires avec des pommes. Selon elle, il aurait été plus judicieux d’associer tous les acteurs à cette étude.
Pour l’heure, il manquerait une vingtaine de centres de recyclage dans le pays pour satisfaire la population. Le Luxembourg en compte 26 jusqu’à présent.
Geneviève Montaigu