Depuis minuit dans la nuit de samedi à dimanche, l’Horesca et ses clients disposent d’un peu plus de liberté. Il est possible de s’attabler à quatre en salle sans test. Nous sommes allé prendre la température.
Alors, content?» – «Quelle question!», répond Chico, patron du restaurant Osada au Pfaffenthal duquel proviennent des voix joyeuses et des cliquetis de couverts. Des bruits familiers et pourtant rares ces derniers mois. «J’ai un groupe de onze à déjeuner. Je l’ai réparti sur trois tables de quatre personnes, notait le restaurateur hier. Je crois que je vais conserver ce principe de quatre personnes à table maximum pour éviter les tests et au moins comme ça, il n’y a pas d’exception et de malentendus. Pour le moment, on bricole. On adaptera au fur et à mesure en fonction de la demande.»
Face au restaurant polonais, un établissement proposant de la cuisine de Madère. Fermé depuis la fin de l’été dernier, il a ouvert sa terrasse et sa salle avec l’arrivée des beaux jours. «Je vois clairement la différence. Cela repart», annonce Armando, le patron. «Les clients commencent à avoir moins peur d’aller au restaurant. Le fait de ne plus devoir faire le test est un confort supplémentaire.» Hier à midi, le restaurant était plein, même si l’établissement compte moins de tables qu’en temps normal. «Je ne vois que du positif», se réjouit-il assis au soleil après le service de midi.
« Hier après-midi, le service en salle n’avait clairement pas la cote. »
Trop beau pour rester à l’intérieur
[/crosshead]À part sur la place d’Armes, beaucoup de restaurants du centre-ville de Luxembourg, du Grund et de Clausen étaient fermés hier à midi. Dans ceux ouverts, dont les tables en terrasse et en salle sont occupées, on s’affaire. «Je ne peux pas vous répondre, je n’ai pas le temps», lance un restaurateur italien. Un dimanche de fête des Mères en plus! Non, non… C’est la course», répond-il avant de repartir aussi sec les bras chargés en direction des cuisines de son établissement traditionnel à la clientèle bourgeoise.
Ailleurs, les clients se disputent les places en terrasse. «Il fait un temps magnifique. Les clients ne demandent pas à s’installer à l’intérieur et nos capacités en terrasse sont suffisamment grandes pour les accueillir en extérieur», note un serveur.
Beim Lentz, place Clairefontaine, est l’un de ceux-là. En salle, un couple âgé déjeune avec ses deux petites-filles, en terrasse, plus une place n’est libre. «Quand il fait bon comme aujourd’hui, les clients s’installent d’office en terrasse. Ils ne rentrent que quand il pleut. Il faut laisser le temps aux clients de s’habituer au Covid Check. Comme ils sont encore un peu frileux, ils sont contents de s’installer en terrasse, explique Nathalie, patronne. Ce qui est intéressant pour nous aujourd’hui est que les clients peuvent à nouveau être plus nombreux à une table. Ils consomment plus quand ils sont en groupe.» Pour l’établissement, l’autorisation de pouvoir s’installer à dix personnes autour d’une table est une grande première. Le café devait ouvrir ses portes en mars de l’année dernière et n’a, depuis, jamais réellement pu fonctionner normalement.
« On a préféré profiter des propositions insolites et inédites pour le Luxembourg pour siroter une bière et prendr un bain de soleil. »
«Pouvoir faire la fête sans remords»
Et puis, il y a les terrasses tellement charmantes qu’elles éclipsent l’original. Comme celle du «Gudde Wëllen», installée sur un promontoire de la forteresse derrière le bâtiment des Archives nationales depuis l’été dernier. «Pourquoi aller s’enfermer quand existent des endroits pareils avec une telle vue, pointe Rosa, une Espagnole expatriée au Luxembourg. Je n’avais même pas suivi qu’il y avait des assouplissements.»
Fanny, elle, est ravie. «On va enfin pouvoir refaire la fête et se retrouver à plusieurs sans remords ou sans avoir l’impression de faire quelque chose de mal. J’aurais aimé que la loi entre en application dès vendredi pour pouvoir aller en boîte tout de suite, fanfaronne la jeune fille aux nombreux piercings. C’est le premier jour du retour à un peu de normalité. Je me suis laissé dire qu’aux Rives de Clausen des choses étaient en préparation pour la soirée…»
Le premier jour et pas le dernier. Les restaurateurs espèrent que cet assouplissement soit le premier d’une longue série. Cependant certains, à l’image de Chico, estiment que l’Horesca n’est pas à l’abri d’un retour en arrière à la rentrée. «La logique de quatre personnes par table me permet d’économiser les tests. En septembre-octobre, je pense qu’il y aura à nouveau des restrictions», note le restaurateur, «Les gens sont vaccinés, la rechute sera moins grande que l’année passée au retour de vacances, mais je ne pense pas que nous allons nous en sortir sans nouvelles mesures comme les tests et un couvre-feu.»
En attendant, «les clients peuvent venir regarder les matches de l’Euro de football à condition qu’ils respectent les règles de quatre personnes par table et portent leur masque pour les déplacements. Pour le moment, nous ne servons personne au bar», indique Chico questionné par un riverain dont l’épouse n’aime pas le football.
Sophie Kieffer