L’ASBL natur&ëmwelt a lancé un appel aux résidents à participer à la consultation européenne sur la directive-cadre sur l’eau (DCE), qu’elle estime être un bon outil pour la mise en œuvre de mesures pour la protection de l’eau en Europe et au Grand-Duché.
« La législation la plus importante pour la protection des eaux sur le plan européen pourrait être en danger si les objectifs des États membres sont revus à la baisse. » Adoptée en 2000, « cette directive est l’instrument central pour la protection des eaux au niveau européen. Son but était d’atteindre un état écologique et chimique acceptable des eaux en 2015, rappelle l’ASBL natur&ëmwelt. Cependant cet objectif n’a pas été réalisé. Et 2027 sera l’année d’expiration de cette directive qui sert de cadre pour la protection durable des rivières, des cours d’eau, des zones humides avec leur diversité en faune et flore.»
«Les consultations de la Commission européenne, appelées ‘Fitness Check’, ont pour objectif de vérifier si les législations ont toujours leur raison d’être ou au contraire sont devenues superflues, précise Laure Cales, en charge des projets et campagnes politiques de natur&ëmwelt. Si cette directive ne correspond plus à son objectif initial, elle doit éventuellement être ajustée. Si tel est le cas pour la DCE, le choix se fera entre deux possibilités : soit le délai pour les objectifs est prolongé ou bien leur envergure sera révisée. La première solution serait la meilleure.»
3% de nos eaux « en bon état »
En effet, de nombreux États membres sont encore loin d’avoir atteint les objectifs fixés par la directive-cadre sur l’eau et il est très peu probable qu’ils y soient parvenus en 2027. C’est le cas notamment du Luxembourg, où la note moyenne des rivières et cours d’eau est «moyen-médiocre» par rapport aux critères de la DCE, qui a été transposée en droit national en 2008.
«La situation au Luxembourg est critique, assez grave même à cause de la pollution industrielle ou encore de l’agriculture intensive, complète Laure Cales. Seulement 3% de nos eaux sont en bon état. La mise en œuvre des mesures s’avère difficile entre les différents acteurs (propriétaires de terrain, agriculteurs, communes…) et il faut également de nombreuses autorisations. Cela prend du temps.»
Mais depuis quelques années, les choses se mettent en place. «Avant 2013, nous n’avions qu’une zone de protection d’eau potable, aujourd’hui il y en a 22 en procédure et 8 autres devraient entrer en procédure au printemps, indique la chargée de projets et de campagnes politiques de natur&ëmwelt. Plusieurs projets de renaturation ont été réalisés comme l’Ernz Blanche près de Larochette, l’Alzette près de Schifflange et la Syre à Mensdorf. D’autres sont planifiés. Des stations d’épuration ont été modernisées, d’autres vont l’être. Une nouvelle loi sur l’eau a été adoptée en 2017, des subventions ont été versées par le Fonds de l’eau aux agriculteurs… Nous sommes sur le bon chemin, mais il est encore long.»
Guillaume Chassaing