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Projet Rubens : des lycéens s’initient à la démocratie européenne


Entre Bruxelles et Anvers, les lycéens s'interrogent sur l'Europe et ses origines.

Etre citoyen européen, qu’est-ce que ça signifie ? Une quarantaine de jeunes adolescents luxembourgeois ont tenté d’apporter leurs réponses en suivant les traces, d’Anvers à Bruxelles, du grand peintre flamand Rubens, artiste et diplomate du 17e siècle.

Les élèves du Lycée Vauban de Luxembourg ont pris le chemin de la Belgique mi-février dans le cadre du « Projet Rubens », une initiative organisée par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, le Lycée français Jean Monnet de Bruxelles, le Lycée français international d’Anvers et le service culturel de l’Ambassade de France en Belgique. Le nouveau programme, qui propose des séjours « à la carte » de 3 à 5 jours dans les deux villes belges, alterne visites guidées de musées ou des institutions européennes et ateliers de pratique artistique.

Dans une petite maison du centre d’Anvers, les élèves se frottent à l’art du portrait. Ils ont 14 ans, l’âge auquel Rubens s’est initié à la peinture, dont il deviendra l’un des maîtres incontestés. Encadrés par deux artistes belges, Charles, Alice, Julie ou encore Quitterie doivent peindre le camarade qui leur fait face. Certains s’appliquent à réaliser un portrait fidèle tandis que d’autres laissent leur imagination prendre le dessus.

Un des élèves se lance dans un autoportrait coloré sur fond rouge, plus proche de l’art abstrait que du baroque. Né en octobre, le projet Rubens, destiné aux jeunes de 8 à 18 ans, a pour but de « promouvoir la citoyenneté européenne par le biais de la culture », explique la coordinatrice de l’initiative, Sophie Clauwaert, qui accompagne le groupe luxembourgeois pendant une partie de leur périple au Plat Pays.

« Il faut présenter l’Europe aux jeunes comme une chance et une richesse », plaide-t-elle. Le lien avec Rubens ? « C’était un grand peintre humaniste, mais c’était aussi un diplomate qui a voyagé dans de nombreux pays. Il incarnait déjà l’idée de l’Europe bien avant l’émergence des premières institutions européennes », souligne Mme Clauwaert.

« Il faut plus de lien entre les institutions et nous »

Étape suivante: le musée BELvue, dans l’enceinte du Palais royal à Bruxelles, où les élèves participent à un jeu de rôle baptisé « Democracity », au cours duquel ils doivent établir un classement personnel de leurs « priorités politiques » dans 16 domaines. Les échanges fusent: « C’est important les affaires étrangères ? On s’en fiche de la culture et des médias. Le sport et la justice, c’est nul ».

Objectif: parvenir à un classement commun, par groupe de cinq. A partir de là, les élèves forment un parti politique et développent un programme. « C’est plus dur que ce que je ne pensais », reconnaît Charles. Julie juge difficile « de trouver un terrain d’entente pour que tout le monde soit content ».

Au centre des préoccupations, les attentats de Paris et la crise des migrants. Solutions proposées, parmi d’autres: « Installer des caméras de surveillance partout dans la ville », « renforcer l’entraînement des militaires », « accroître les contrôles aux frontières » et « établir un blocus maritime avec un mur de bateaux le long de la Méditerranée ».

Au final, les groupes forment un « parlement » et chaque « parti » défend son programme face aux autres. « Ils sont tous obligés d’avoir un discours sensé. Ils doivent être à l’écoute des autres. Certains élèves, habituellement timides en classe, se révèlent un petit peu grâce à ce genre d’activités », relève leur enseignante d’histoire-géo, Christelle Beye.

« Il faudrait reprendre les bases. A leur âge, l’idée de l’Europe, c’est déjà assez ancien. Ils ne connaissent pas (Robert) Schuman ou (Jean) Monnet », deux des pères fondateurs de l’Europe, déplore Mme Beye. « Eux, ils en sont déjà à l’euro. Les problèmes actuels avec les accords de Schengen, ils connaissent, mais les origines, finalement, ils ne maîtrisent pas du tout. Ce ne fait pas partie des programmes, on ne leur enseigne plus », ajoute-t-elle.

De fait, l’Union européenne reste une notion abstraite pour ces ados. « Il faudrait plus d’interactions entre les institutions et les gens normaux, enfin comme nous », estime Alice, l’une des élèves. Et il faudrait organiser davantage d’activités « comme on a fait aujourd’hui », abonde Quitterie

Le Quotidien/AFP