L’Initiative citoyenne de Sanem BIGS, le Mouvement écologique Régionale Sud et natur&ëmwelt revendiquent un moratoire au sujet du projet de contournement de Bascharage. Le point.
Francis Hengen est président du Mouvement écologique Régionale Sud et de l’initiative citoyenne de Sanem, dite BIGS . Pour les lecteurs du Quotidien, il a accepté de détailler les doléances des trois associations, qui ont pris la résolution de faire front commun contre un (avant-)projet qui leur donne des allergies, à savoir un projet de contournement qu’ils rejettent en bloc et de manière catégorique. État des lieux et point de la situation en sa compagnie, sur un projet qui semble s’éterniser.
Votre principale doléance, contre le projet d’une route faisant office de contournement pour Bascharage est la tenue d’un moratoire. Rappelez-nous pour quelle raison exactement ?
Francis Hengen : Effectivement, nous souhaitons l’arrêt de tous les travaux, ainsi que des études relatives à l’avant-projet du contournement de Bascharage. Pour la simple raison que tout cet avant-projet est basé sur de faux chiffres, lesquels ont abouti au vote d’une loi… j’insiste sur le fait que ces chiffres (relatifs à la pollution au NO2/dioxyde d’azote) sont carrément faux et nous pouvons le démontrer.
Ce projet du gouvernement est basé sur de faux chiffres
Alors justement, comment démontrer ce que vous affirmez ?
Nous avons tout simplement inversé les valeurs atmosphériques journalières, avec des valeurs annuelles… et le résultat s’avère grave! En effet, les valeurs annuelles sont beaucoup moins élevées que les valeurs journalières sur la pollution de l’air. De plus, nous avons démontré, qu’au cours des dernières années, les valeurs en dioxyde d’azote ont bien diminué à Bascharage.
Les prévisions sont donc bien meilleures que cette fameuse étude de 2016 qui avait été mise en avant. Nous nous trouvons donc dans une situation où la pollution, dans l’avenue de Luxembourg à Bascharage, est beaucoup moins élevée qu’annoncée, et même en dessous des valeurs dites « limites ».
Pour rappel, depuis combien de temps traîne ce projet de contournement ?
Cela dure depuis environ 20 ans. Alors, afin de sensibiliser contre cette route de contournement, nous avons lancé entre autres à Sanem, la BIGS (les ASBL Biergerinitiativ Gemeng Suessem/Initiative citoyenne de Sanem), constituée uniquement pour faire opposition à ce projet. Les gens qui sont sur la même ligne que nous ne veulent pas que leurs bois, qui est pour eux une zone de récréation, soit détérioré par un axe routier de quelque deux kilomètres, lequel n’apporte rien du tout de positif. De plus, il est censé pourrir une zone protégée « Natura 2000 ». Et cela est grave!
Avez-vous obtenu beaucoup de soutiens depuis le départ de cette affaire ?
Cela fait depuis plus d’une quinzaine d’années que les gens du coin se sont rassemblés pour dénoncer ce scandale. Et je tiens à répéter qu’il s’agit d’un véritable scandale, selon nous.
Comment a évolué ce projet sur le plan politique ?
Pendant un certain temps, le projet était, disons, plus tranquille, c’est-à-dire qu’on s’en occupait moins. Mais depuis les huit dernières années, il y eu la présentation de trois variantes routières. Et en 2016, la deuxième variante a été choisie par le gouvernement comme étant la meilleure à ses yeux. Donc, à partir de 2016, les choses se sont concrétisées, et elles allaient dans le sens d’une route qui traverse une réserve naturelle.
De là, le Mouvement écologique, et d’autres associations, dont l’initiative BIGS, se sont manifestés de manière davantage concrète, et selon un agenda plus régulier, afin que ce projet n’aboutisse pas.
Outre la demande d’un moratoire relatif à ce projet, quelles sont vos autres doléances ?
Au lieu de construire cette route, nous avons évoqué et mis sur la table toute une série d’exceptions, qui n’ont toujours pas été considérées et encore moins mises en œuvre. Il s’agit de mesures que le gouvernement de madame la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, pourrait lancer. La commune pourrait également le faire… bref, toute cette panoplie de propositions n’a encore nullement été attaquée. Je parle par exemple de l’installation de feux intelligents au carrefour où se situe la brasserie Bofferding, mais également des autres feux de circulation de l’avenue de Luxembourg à Bascharage.
Pourquoi cette idée de mettre des feux intelligents en place ?
Il est notoirement connu que ce genre de dispositif est efficace. Cela fait quatre ans que l’on revendique cela, ainsi que la mise en place d’un couloir de bus. Mais cela n’a jamais été fait, tout comme nos doléances par rapport aux pistes cyclables. Et je n’oublie pas notre volonté d’avoir un Park&Ride à la gare de Bascharage…
En définitive, toutes ces mesures contribueraient à baisser les taux de dioxyde d’azote. Avec la douzaine de mesures que nous proposons, la situation s’améliorerait significativement d’un point de vue santé publique et donc pour nos riverains.
Nous nous battrons jusqu’au bout contre ce projet complètement inutile !
Et quelle est au juste la position du député-maire de Käerjeng, Michel Wolter, dans toute cette histoire ?
Monsieur Wolter est persuadé que cette route de contournement de Käerjeng est encore et toujours nécessaire, afin de désengorger l’avenue de Luxembourg, parce que le trafic routier y est important. Cela dit, de notre côté, nous estimons, par le biais de toutes les mesures que nous préconisons, que le trafic motorisé individuel – car ce sont surtout les frontaliers se déplaçant en véhicule individuel qui posent « problème » sur cette avenue – diminuera de manière substantielle. Aujourd’hui, en 2020, on ne planifie plus la mobilité de la même manière qu’en 1990!
Comment voyez-vous le futur plus ou moins proche ? Êtes-vous optimiste, sur le fait que les choses puissent bouger à court ou moyen terme ?
L’avant-projet détaillé du gouvernement est censé être présenté, car nous parlons d’une procédure publique. Si le moratoire que nous demandons n’est pas respecté, le gouvernement présentera effectivement cet avant-projet. Nous allons dès lors essayer de faire un recours contre cet avant-projet, pour la simple raison, et nous l’avons bien démontré, que les chiffres avancés ne correspondent pas à la réalité et donc à la vérité. Nous espérons, par le biais d’un soutien juridique, pouvoir faire dérailler ce projet.
Vous n’allez donc rien lâcher dans cette affaire ?
Effectivement, nous irons jusqu’à la dernière instance possible, afin que ce projet, complètement inutile, ne soit jamais concrétisé. Nous nous battrons jusqu’au bout!
Entretien avec Claude Damiani