Le ruisseau a été souillé encore une fois. Indigné, le député François Benoy a posé une question parlementaire à la ministre compétente et fait un état des lieux de la qualité des eaux dans le pays par la même occasion.
Le député et conseiller communal déi gréng de la ville de Luxembourg François Benoy a été très réactif après la nouvelle pollution du Drosbach, qui s’inscrit dans une série noire de pollutions répétées de cours d’eau à travers le pays. «Je viens d’obtenir la réponse ministérielle de Carole Dieschbourg (déi gréng également) à ma question parlementaire, et celle-ci me satisfait, car elle s’avère très exhaustive», indique le député, qui se remémore plusieurs antécédents de pollution concernant le Drosbach.
Face à ce nouvel incident, François Benoy prend position : «Cela illustre le fait que les autorités compétentes doivent davantage faire de la prévention et de la sensibilisation et surtout réagir rapidement en cas d’incident. Dans le cas du Drosbach, on remarque, comme à l’occasion d’autres pollutions, que les maîtres d’ouvrage ou les entreprises ne prennent pas vraiment cette question au sérieux. Outre le travail de sensibilisation à faire, il faut une réaction rapide du CGDIS en cas d’incident. Par ailleurs, il y a un manque flagrant de personnel à combler à l’administration de la Gestion de l’eau et au sein des autres administrations impliquées. Il faut davantage d’agents habilités à effectuer des contrôles, car les moyens manquent.»
Plus de moyens pour plus de contrôles
Dans le cas du Drosbach, le député est d’avis que le maître d’ouvrage ou l’entrepreneur a fait preuve de négligence et surtout de laisser-faire… «Il ne s’est rien passé pendant une semaine. Cela montre bien qu’il y a encore beaucoup de travail à faire en matière de sensibilisation et de contrôles. Plus généralement, concernant les autres incidents récents, dont la pollution de la Chiers provoquée par l’entreprise Kronospan à Differdange, je remarque que pour des raisons économiques, les bassins de rétention n’étaient pas conformes et donc pas étanches. Mais plus spécifiquement, dans le cas du Drosbach, je pense que la pollution est due à un chantier en cours à la Cloche d’or. J’ai l’impression que légiférer ne constituerait pas la question centrale. Par contre, les réglementations doivent être appliquées. Les problématiques environnementales ne sont pas assez prises au sérieux au Luxembourg.»
Cela étant, le député explique qu’il faut moderniser la législation pour que les peines soient revues à la hausse et surtout afin que le pouvoir judiciaire ait plus de moyens d’enquête. «L’eau est source de vie et il faut comprendre que ces accidents répétés sont inacceptables. De manière générale, comme pourrait éventuellement le sous-entendre la ministre Dieschbourg, je ne suis pas d’avis que le Drosbach serait de toute façon sacrifié voire condamné à être pollué vu sa position géographique. Les maîtres d’ouvrage se doivent de tout faire pour que l’écosystème soit préservé, et ceci, dans les règles de l’art. Ils doivent respecter les autorisations et législations en vigueur.»
De manière générale, François Benoy estime que la qualité des cours d’eau de l’ensemble du pays est sensiblement à améliorer : «Il y a beaucoup de nitrates dans nos cours d’eau. La qualité des eaux n’est pas au niveau et il faut continuer à travailler là-dessus, à moderniser les stations d’épuration, à faire des renaturations, à mener une politique agricole qui respecte l’environnement naturel… Il faut revoir toute la gestion des eaux urbaines avec des systèmes de canalisation permettant une gestion durable de l’eau. De surcroît, avec le changement climatique, beaucoup de systèmes de canalisation sont surchargés en cas de fortes pluies et, dès lors, des eaux polluées s’infiltrent dans les cours d’eau. Il s’agit d’un grand défi pour l’avenir, même si beaucoup d’améliorations allant dans ce sens sont déjà faites, mais il faut persévérer. De plus, les communes se doivent de prendre plus de responsabilités.»
Claude Damiani
«Aveu d’impuissance de la ministre Dieschbourg»
Pour Jos Scheuer, ancien député-maire d’Echternach et président de la Fédération luxembourgeoise des pêcheurs sportifs (FLPS), la pollution du Drosbach reflète la constance de la pollution des cours d’eau dans le pays : «Il faut réagir au niveau réglementaire et au niveau des contrôles. La réglementation en vigueur est en effet loin d’être parfaite. Madame Dieschbourg le dit elle-même : il y a un manque flagrant d’agents de contrôle. De plus, il existe des failles dans la réglementation. Sans parler des poursuites judiciaires qui font défaut. Je constate également un manque de coordination au niveau ministériel afin de garantir les facettes préventives et curatives, lesquelles devraient être ancrées dans une loi. La ministre de l’Environnement fait un aveu d’impuissance dans sa réponse ministérielle.»