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Plongée dans les entrailles du pont rouge


En chantier depuis le mois d'octobre 2015, le pont rouge vise à être consolidé. (photos Fabrizio Pizzolante)

Le mythique pont Grande-Duchesse-Charlotte – ou «pont rouge» – relie le quartier du Kirchberg au champ du Glacis, à Luxembourg, entre le quartier du Limpertsberg et le centre-ville de la capitale. Emblématique, connu de tous, il fascine et intrigue parfois. Inaccessible au grand public, le pont rouge s’est dévoilé, jeudi, le temps d’une visite exceptionnelle.

En chantier depuis le mois d’octobre 2015, le pont rouge vise à être consolidé. «Les travaux ont débuté en octobre 2015 et ils sont toujours en cours. Ce sont en moyenne 40 ouvriers qui sont à pied d’œuvre, mais ce nombre peut varier», explique d’emblée le responsable du chantier pour l’administration des Ponts et Chaussées, qui est également chargé d’études au sein de la division des ouvrages d’art de ladite administration, Gilberto Fernandes.

Entrée dans un ouvrage d’art historique

Ce guide d’un jour enjoint alors le groupe de visiteurs (privilégiés), membres de la presse nationale, à se rendre derrière le Grand Théâtre de la Ville de Luxembourg, où le voyage dans les entrailles du pont rouge débute. Après avoir passé une première porte, de type classique, les visiteurs se voient alors effectuer une plongée dans l’inconnu, en devant traverser un genre de hublot de diamètre relativement restreint. Il s’agit là de la porte d’accès au premier caisson qui constitue le pont (le pont rouge est fait de deux caissons, dénommés «caisson nord» et «caisson sud»).

Vue intérieure du caisson nord (côté Glacis), où sont effectués les travaux de renforcement.

Digne d’un film de science-fiction

L’atmosphère ambiante se veut d’emblée quelque peu apocalyptique: quelques tubes en néon éclairent ce long –très long– couloir obscur qui s’apparente, à première vue, à une galerie minière. L’ambiance générale rappelle inévitablement le fameux Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, à la différence près (et elle n’est pas des moindres) que l’on se retrouve à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du quartier du Pfaffenthal et non au fin fond de la croûte terrestre, voire acteur principal dans un film de science-fiction qui a la fin du monde pour thème principal.

Fortes vibrations au passage du tram

D’ailleurs, si l’on ne retombe pas les pieds sur terre, au sens propre, une prise de conscience immédiate se fait au sens figuré: le bruit des véhicules circulant quelques mètres plus haut permet relativement aisément de raviver en soi toute notion spatiotemporelle.

De surcroît, lorsque le pont se met subitement à vibrer dans un vacarme assourdissant: «Ah! Un tram vient de passer au-dessus!», tente de rassurer un visiteur apparemment craintif. «Tous les ponts de la planète vibrent et bougent», complète un autre visiteur, visiblement plus aguerri à ce genre d’excursion. Avant, pour le responsable du chantier, de spécifier: «Les travaux de renforcement n’ont pas été exclusivement lancés à cause de la ligne de tram: ils sont dus à un phénomène spécifique statique local du pont. Il avait une petite défaillance locale. Et ce phénomène n’était pas encore connu lors de sa construction. Ces travaux sont réalisés pour renforcer à nouveau l’ensemble de l’ouvrage, mais aussi pour prendre en compte la situation du tram. Cela étant, ce chantier n’a pas uniquement été lancé pour le tram!» Voilà qui a le mérite d’être clair, une clarté qui fait d’ailleurs le plus grand bien avant de poursuivre l’aventure dans le ventre du pont, au sein du caisson nord et sur quelques dizaines de mètres, où certains travaux de renforcement sont encore en cours. Des explications complémentaires de Gilberto Fernandes ne se font pas attendre: «Nous pouvons apercevoir les différentes poutres qui ont été ajoutées, de manière complémentaire, là où des renforcements étaient nécessaires. On profite également du chantier pour mettre des profilés et renforcer ces zones locales. Après la mise en place des profilés, le chantier s’est poursuivi par des travaux de peinture, à gauche et à droite», souligne-t-il encore.

Vertige interdit dans les pieds du pont

Une fois une certaine distance accomplie au sein du caisson nord, un retour en arrière s’impose: à l’endroit même où se trouve une sorte de trappe au sol, laquelle permettant d’emprunter une échelle et de se retrouver comme par enchantement au sommet de l’un des pieds de l’ouvrage d’art. La raideur de la descente et l’agencement des parois donnent d’emblée une sensation d’ivresse des profondeurs. Cela dit, la vue est impressionnante et ne fait qu’enjoliver encore davantage cette visite exceptionnelle. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, la visite file doucement vers son terme.

Cette échelle permet de descendre dans l’un des pieds. Vertige interdit!

Des contrôles généraux réguliers

En ce qui concerne la maintenance du pont Grande-Duchesse-Charlotte, rien n’est fait au hasard. Le renforcement de la surface du pont a déjà été réalisé et le pont rouge, tout comme les autres ouvrages, sont régulièrement contrôlés tous les trois ans, rappelle Gilberto Fernandes. «Évidemment, si des choses sont décelées, il y a des travaux d’entretien et de maintenance qui suivent», rassure-t-il encore.

Quant au chantier en question, et entamé, pour rappel, en 2015, il est encore en cours. «Nous sommes en train de réaliser des travaux de finition», souligne encore l’employé des Ponts et Chaussées.

Et pour ce qui relève du prestige du pont, Gilberto Fernandes se montre catégorique: «Il s’agissait, à l’époque de sa construction, d’une véritable prouesse technique! Lorsqu’il a été inauguré par la Grande-Duchesse Charlotte, en 1966, ce pont était considéré comme très prestigieux, notamment de par son immense envergure.» On le croit sur parole et l’on aurait même tendance à dire qu’il reste l’un des principaux symboles du pays, tout en faisant partie intégrante de son patrimoine historique. Un véritable chef-d’œuvre de l’architecte Egon Jux!

Claude Damiani

01082019, Luxembourg-Kirchberg, Station tram "Pafendall-Rout Bréck" devant le funiculaire, Visite de l'intérieur du Pont Grande-Duchesse Charlotte, © Editpress/Fabrizio Pizzolante

01082019, Luxembourg-Kirchberg, Station tram "Pafendall-Rout Bréck" devant le funiculaire, Visite de l'intérieur du Pont Grande-Duchesse Charlotte, © Editpress/Fabrizio Pizzolante

01082019, Luxembourg-Kirchberg, Station tram "Pafendall-Rout Bréck" devant le funiculaire, Visite de l'intérieur du Pont Grande-Duchesse Charlotte, © Editpress/Fabrizio Pizzolante

01082019, Luxembourg-Kirchberg, Station tram "Pafendall-Rout Bréck" devant le funiculaire, Visite de l'intérieur du Pont Grande-Duchesse Charlotte, © Editpress/Fabrizio Pizzolante