Le chef d’une pizzeria de Perlé, dans le nord-ouest du Luxembourg, cumule les victoires culinaires internationales depuis une dizaine d’années. La dernière en date : le titre de champion du monde de la calzone. Rencontre.
La meilleure calzone du monde est luxembourgeoise. Ce n’est pas notre appréciation personnelle, mais bien le résultat d’un concours culinaire ayant eu lieu début octobre à Rome. Et c’est à Nizar El Hajjaoui que nous devons cette récompense internationale.
Ce chef pizzaïolo possède un restaurant à Perlé, dans le nord-ouest du Luxembourg, tout près de la frontière belge. Depuis dix ans, il s’est illustré à de nombreuses reprises pour ses prouesses culinaires à travers le monde.
Un déclic au décès de son père
Pourtant, rien ne destinait ce Belgo-marocain à devenir un jour pizzaïolo. Au contraire. C’est dans des études de gestion qu’il se lance dans sa vingtaine, avant de craquer, à la mort de son père et alors qu’il subissait une grosse pression au travail.
“Je n’avais plus envie de travailler dans la banque. Pas dans ces conditions. J’ai eu un déclic quand mon père est parti et j’ai décidé de tout arrêter”, nous confie-t-il.
À 23 ans, il décide donc de se lancer dans des formations de cuisine. Cours du soir, plonge, service, il se donne à corps perdu pour réussir. “Au bout de six mois à travailler 7 jours sur 7, sans compter mes heures, je me suis rendu compte que je dormais mieux, que j’étais content. C’était ça qu’il me fallait”.
C’est en 2012 qu’il participe à son premier concours culinaire, un peu par hasard… “C’est l’un de mes fournisseurs qui m’a inscrit, je n’étais même pas au courant ! Je n’y croyais pas du tout au début et puis finalement, on y prend goût », se remémore-t-il.
Très vite, Nizar enchaîne les compétitions et cumule un certain nombre de prix : vice-champion du monde, champion d’Europe, du Benelux… À 44 ans, les trophées s’accumulent sur les étagères de son restaurant. Pour son plus grand plaisir.
“C’est stimulant, c’était même devenu une drogue à un moment. Je voulais aller le plus loin possible dans ce domaine. On en apprend tous les jours et c’est ça qui me plaît. Faire ces concours me permet de voyager, de rencontrer des chefs incroyables et… de visiter l’Italie !”, glisse-t-il en riant.
– 2 fois champion de Luxembourg 2012 / 2013
– 2 fois vice-champion du monde 2014 / 2016
– Champion du monde 2015
– 2 fois champion des champions MASTER CUP Napoli / Suisse 2014 / 2016
– 1 fois champion des champions pour les spaghettis MASTER CUP Napoli 2015
– 1 champion d’Europe à Bari 2016
– Vice-champion “Munteanu Silviu”, un prix qui encourage l’innovation en 2017
– Champion du monde dans la catégorie “Calzone” en 2017
– Champion du monde dans la catégorie “Saveurs du sud” en 2019
– Champion du monde dans la catégorie « Calzone » en 2021
Des voyages qui lui permettent aussi de parfaire ses compétences et de proposer… la meilleure calzone du monde pour cette année 2021, tout simplement. Un titre qu’il avait déjà remporté en 2017. Mais quel est donc son secret ?
“Je m’inspire d’entrées, de plats ou de desserts du quotidien et je les revisite pour mes pizzas. Je teste beaucoup de choses, que je fais goûter à ma femme, mais aussi aux clients de mon restaurant. Si cela leur plaît, c’est que j’ai réussi mon travail”, explique-t-il.
Se faire plaisir avant tout
Une envie de partager son savoir qui l’inspire pour la suite de ses aventures. Le pizzaiolo aimerait ainsi créer des ateliers, pour apprendre à des amateurs et professionnels à réaliser des pizzas. Il songe également à lancer un concept de dégustation “à l’aveugle”, sans menu précis et uniquement avec les produits du jour.
“Il faut savoir faire des choses différentes, ne pas rester dans du classique. Se faire plaisir avant tout !”, s’amuse Nazir en nous servant sa calzone, qui, on doit l’avouer, mérite amplement son prix.
Nizar El Hajjaoui s’est inspiré d’un plateau de fromages pour proposer une calzone riche en goûts et aux couleurs de l’automne à ce championnat du monde.
– Base mascarpone, fromage blanc et huile de truffe blanche
– Roulade de reblochon (ou fromage à pâte molle selon vos goûts) avec du jambon d’Ardenne
– Miel artisanal à la truffe
– Noix et figues, pour « équilibrer le goût du fromage à l’intérieur »
Sophie Wiessler