L’association du Train 1900 a présenté le résultat de près d’un demi-siècle d’engagement, dimanche sur le site du Fond de Gras, à l’occasion de ses portes ouvertes.
Les locomotives ont été sorties des hangars dimanche, à l’occasion des portes ouvertes. L’association du Train 1900 en a neuf : Michelines ou locomotives à vapeur, ces vieilles dames passées entre les mains d’habiles chirurgiens, ont un charme fou.
(Photos : Julien Garroy)
Centenaires pour la plupart, elles ont été collectées au fil des ans par une bande de grands enfants lassés de jouer avec des trains miniatures. «Nous étions inconscients. Si nous avions su à l’époque où notre idée nous mènerait, nous n’aurions jamais commencé, raconte Albert Wolter, président d’honneur et président de l’association pendant 40 ans. Nous ne nous doutions pas de l’envergure que notre projet allait prendre.» Cette dizaine de camarades de classe passionnés de modélisme se lance en 1970. Les CFL leur octroient le site, jadis un des plus anciens et plus importants centres d’exploitation minière quasiment à l’abandon depuis 1964, pensant que leur projet échouerait. Près de 50 ans plus tard et grâce à l’attraction de leur Train 1900, le Fond-de-Gras est devenu une attraction touristique faisant partie intégrante du concept du Minett Park, parc industriel, naturel et ferroviaire. Le premier train a sifflé en 1973.
Une affaire qui roule
Si le site s’est étoffé au fil des décennies, l’ambiance, elle, n’a pas changé. De grands enfants amusent les plus petits venus en famille. Plusieurs générations arpentent les chemins sablonneux, visitent les hangars et grimpent à bord des locomotives. Les grands-parents n’ont peut-être plus circulés eux-mêmes grâce à de telles machines, mais ils transmettent les récits de leurs parents ou de leurs propres grands-parents. Ils racontent les trois classes, expliquent les aiguillages, pointent du doigt une époque où la locomotive à vapeur était révolutionnaire.
Qu’elles aient roulé pour les chemins de fer français, pour des entreprises allemandes ou été trouvées en sale état dans les usines de Differdange, Schifflange ou Belval, «toutes ont un lien avec le Luxembourg et son passé sidérurgique» et tous les machinistes de l’association sont habilités à les conduire. Ces dames ont du caractère. En surchauffe ou la chaudière en bout de course, elles peuvent exploser. Elles sont donc régulièrement minutieusement contrôlées pour éviter tout risque d’accident. Un des machinistes se souvient d’un passage aux urgences après un accident de valve : «La vapeur m’a brûlé le ventre!»
S’ils donnent l’air de faire joujou, l’affaire est sérieuse. Depuis 2000, une équipe de l’ASBL ProActif travaille sur le site au quotidien, assure l’entretien, la maintenance et la restauration des machines. Ils créent également sur place les pièces de remplacement servant à réparer les vieilles dames. Bientôt, ils devraient s’attaquer à la restauration d’une aïeule de 1911 récupérée à Belval il y a 20 ans, explique Albert Wolter. Une locomotive toute ridée et rouillée qui rend nostalgique.
Sophie Kieffer