Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Malgré une météo capricieuse, la première cavalcade de l’année a attiré la foule, dimanche, dans une ambiance de feu qui a fait honneur au 150e anniversaire du cortège de carnaval dans la ville.
Costumes, chars à thème et groupes folkloriques ont rivalisé d’imagination et de créativité pour le plus grand bonheur des participants et des visiteurs venus des quatre coins du pays mais aussi de la Grande Région. L’occasion était trop belle, en effet : il s’agissait de célébrer le 150e anniversaire du premier cortège de carnaval dans la ville du Nord, le premier d’entre eux datant de 1870. Même si cette mythique cavalcade vivait hier en fait sa 41e édition. Pour fêter cette évènement comme il se doit, le comité d’organisation, «D’Eselen aus der Sauerstaad Dikrich», avait même spécialement concocté une chanson, intitulée Mam Esel un der Spëtzt.
Les partenaires commerciaux principaux de l’événement avaient également décidé de mettre la main à la pâte en se chargeant de l’«échauffement» dès 14h, alors que la cavalcade version 2020 s’apprêtait à être lancée dans les rues de Diekirch. La brasserie Diekirch, Eldoradio, Cartrilux, la Boulangerie et Pâtisserie Jos et Jean-Marie et Bernard Massard ont ainsi aallègrement servi et distribué de la bière, du crémant, des sacs de courses, des bonbons et des «Berliner». «Bien qu’il pleuve, tout le monde est au taquet ! La cavalcade de Diekirch est incontournable et les gens ne s’y trompent pas… D’autant plus que l’on célèbre les 150 ans des cortèges de carnaval dans la ville et qu’à Diekirch on reste toujours optimiste quant à la météo !», souriait le vice-président du comité organisateur, Marcel Wagner, quelques minutes avant le début des réjouissances.
Immense fête populaire
Car cette première cavalcade de l’année a, comme à son habitude, ouvert le bal d’une sacrée manière : musique à fond la caisse et à tous les coins de rue, dont celle jouée par le groupe Luma Marching Band, costumes, bières à gogo, danses improvisées, sourires d’enfants par milliers…
Après être parti de la route de Gilsdorf, le cortège, d’une longueur de deux kilomètres environ, est passé par la route de Larochette, avant d’emprunter la rue Alexis-Heck, l’esplanade, la place Guillaume, la rue de Stavelot, pour finalement arriver à la gare. Pas moins de 58 groupes participants, répartis en 14 groupes pédestres, 3 sociétés de musique et 41 chars ont égayé les rues de la ville. Pendant le passage du cortège, environ 6 tonnes de bonbons, chocolats, ânes en peluche et gadgets ont été lancés aux visiteurs, sans oublier les 3 500 «Berliner» qui ont ravi les estomacs les plus capricieux.
En parallèle de ce défilé haut en couleur, les quelque 20 000 visiteurs ayant bravé bourrasques de vent et légères averses de pluie auront pu apprécier les mixages aux platines de DJ Paul (place «Kluuster»), puis de DJ Maji, jusqu’à 22h. La salle Al Seeërei avait elle aussi été réquisitionnée pour festoyer au son des morceaux de DJ ROM, et cela, jusqu’à 3h du matin ! «À Diekirch, on sait faire la fête jusqu’à tard dans la nuit et dans le respect de tout le monde», avait prédit Marcel Wagner en début d’après-midi. Et cela s’est confirmé au fil des heures, car le carnaval à Diekirch, c’est sacré depuis maintenant 150 ans !
Claude Damiani
Carnaval, éternelle satire de la société
Comme le dicte la tradition, les participants à la 41e édition de la cavalcade se sont inspirés de l’actualité sociopolitique qui a marqué l’année écoulée.
Les nombreux visiteurs qui s’étaient déplacés dimanche dans le nord du pays ont pu savourer les messages satiriques envoyés à la classe politique du pays notamment, comme autant de symboles propices à l’esprit festif d’autodérision qui caractérise toute manifestation carnavalesque, de Rio de Janeiro à Cologne et Düsseldorf, en passant par Venise.
En effet, carnaval est décidément l’occasion idéale pour railler certaines personnalités et se payer leur tête. Ont ainsi été thématisés la stratégie gouvernementale de nation branding, l’implantation de Google à Bissen, la légalisation du cannabis récréatif, l’affaire Roberto Traversini, le rapport Waringo, la démission d’Étienne Schneider de son poste de ministre ou encore la fin de mandat de Jean-Claude Juncker en tant que président de la Commission européenne… Pas sûr, cependant, que les principaux concernés aient apprécié… mais c’est une autre histoire !
