Intégrer des nationalistes à une commission consultative sur l’intégration, Pétange l’a (re)fait. Ce choix ne passe pas auprès du Parti pirate qui ne peut que s’offusquer.
Faut-il exclure les représentants d’un parti politique d’une commission consultative communale au prétexte que son idéologie n’est pas politiquement correcte? C’est la question que pose à nouveau le Parti pirate à Pétange après l’élection à la commission consultative d’intégration d’un deuxième représentant de déi Konservativ, parti politique conservateur et patriote, emmené par Joe Thein depuis son exclusion de l’ADR en 2017. La pilule a du mal à passer du côté des pirates qui n’hésitent pas à accuser les chrétiens-sociaux à la tête de la commune, d’être responsables de cet état de fait.
Après Joe Thein, ils ont «à nouveau élu une personne du parti déi Konservativ pour siéger dans la commission consultative d’intégration, ceci malgré les avertissements répétés des pirates dans le passé et à présent», indiquent ces derniers dans un communiqué de presse. «Ces gens peuvent maintenant continuer à propager leurs visions nationalistes en matière d’intégration à Pétange.» Le 30 mai dernier, le conseil communal a entériné la candidature de Sandra Schwachtgen, jusqu’alors suppléante.
Pour les pirates, de telles décisions sont inadmissibles. Ils y voient un virage à droite de la part des autorités communales. «L’histoire a montré qu’il faut clairement bloquer la route aux tendances d’extrême droite, et cela dès le début et également sur le plan local», estime le parti. Et la démocratie dans tout cela? C’est presque un sujet du bac de philosophie que soulèvent les pirates.
«Le conseil communal s’était déjà montré borgne de l’œil droit en intégrant Joe Thein à la commission», a indiqué le conseiller pirate Marc Goergen à l’issue du vote. «Déjà à l’époque, nous n’avions pas compris cette manœuvre (…) Et nous ne comprenons pas comment un conseil communal peut procéder de la sorte (…) alors que les citoyens de la commune n’ont pas donné de suffrages à ce parti lors des dernières élections législatives.»
Une polémique similaire avait déjà émergé il y a quatre ans avec l’entrée de Joe Thein dans cette même commission. À l’époque, le bourgmestre Pierre Mellina avait, tout comme le principal intéressé, indiqué que la couleur politique des personnes élues dans la commission consultative n’avait aucun rôle à jouer dans l’issue du vote : on élit des citoyens, pas des politiciens. Son opinion n’a pas changé.
«Un parti à ne pas prendre à la légère»
«Ce n’est pas démocratique», s’insurge Marc Goergen. «Pour que ce soit démocratique, il aurait fallu que Joe Thein intègre la commission en tant qu’élu et pas parce qu’un petit club issu du CSV a décidé de l’y faire entrer. Les citoyens ne veulent pas des populistes de droite.» Le conseiller communal et député du Parti pirate fait la distinction entre les idées politiques et l’essaimage d’idéologies populistes.
«Dire qu’on nomme des citoyens et pas des politiques n’est pas un argument valable», oppose-t-il. «Le bourgmestre doit reconnaître qu’il soutient Joe Thein et accepter de mener un vrai débat politique. Ce serait vraiment démocratique.» Déi Konservativ sont, selon lui, dangereux et à ne pas prendre à la légère. «Notre mission en tant que politiciens est de faire barrage à leur idéologie. La normaliser par ce genre d’actions engendre un risque que de plus en plus de personnes y adhèrent», poursuit-il. «Il faut prévenir et contrer les ressentiments contre les étrangers engendrés par les crises économiques.»
S’appuyant sur les leçons de l’histoire et des exemples de pays voisins, il appelle les partis politiques à s’élever contre ce type de formations politiques. «Si Joe Thein et Sandra Schwachtgen n’avaient pas bénéficié de sympathies et de votes à la majorité, ils n’auraient pas intégré la commission», souligne une dernière fois Marc Goergen qui espère que les prochaines élections législatives changeront la donne et amèneront un peu de vent frais à l’hôtel de ville.