Ça y est, le grand jour est arrivé! Paul Philipp a beau être heureux du premier match officiel à Kockelscheuer, il lui reste un arrière-goût amer dans la bouche. La fête n’est pas complète…
Entre les nombreux retards et la pandémie, il n’y aura finalement pas d’inauguration officielle du stade de Luxembourg. Même si cela fait un bout de temps qu’on peut s’en douter, êtes-vous déçu?
Paul Philipp : Bon, on a parlé d’un match de gala contre la France ou le Brésil… Mais bon, tout le monde sait bien que le match contre l’Azerbaïdjan est bien le plus important et qu’il est à notre portée. On est sur un pied d’égalité avec eux. Maintenant, ce que tout le monde regrette, c’est cette jauge à 2 000 spectateurs. Vous imaginez, si on avait eu un match inaugural contre la Belgique à 2 000 spectateurs?
Mais quand l’opportunité se présentera, ferez-vous, à rebours, un match d’inauguration?
Oui, on va essayer. Mais ça va durer encore un peu, car il faut des dates fixes de matches amicaux pour ça et cela devient rare. En fait, les prochaines, ce sera au printemps. Là on essaiera d’avoir un amical intéressant avec l’argument de l’inauguration. C’était impossible avant. Quand je parlais avec la Belgique, on me répondait « oui, d’accord pour un amical, mais ce serait quand? ». Or on ne savait pas. Vous imaginez si on avait calé un match inaugural et qu’il avait fallu l’annuler, ce que cela nous aurait coûté? Pour une nation comme la Belgique, on doit parler de 20 millions d’euros!
On va essayer d’avoir un match inaugural au printemps
Dans votre esprit, au printemps, il s’agira d’un amical tout simple ou d’une vraie fête, comme en 2008, quand la fédération avait fêté son centenaire en grande pompe (NDLR : face à la Belgique justement)?
On verra en fonction de la situation sanitaire. On parlait aussi récemment d’une journée portes ouvertes pour que les gens puissent visiter les endroits du stade qu’ils ne verront jamais comme les vestiaires, la salle de presse… Qu’ils puissent se promener quoi. On pourrait coupler les deux.
En attendant ce grand jour, il faudra donc se contenter de 2 000 personnes et l’on sent bien que ça vous agace un peu.
Ce chiffre ne tient pas compte de la capacité du lieu mais voilà, c’est la loi. Il est écrit 2 000 personnes et pas un pourcentage de capacité. Ailleurs, c’est… je ne sais pas moi, 40, 50 ou 60 % de la capacité totale. Pas chez nous. Pour moi, ce n’est pas logique : on est limités à 2 000 personnes, mais on pourrait les mettre où on veut, quitte à ce qu’il n’y ait pas d’espaces entre eux. En fait, contre l’Azerbaïdjan, on pourrait mettre nos 2000 spectateurs derrière un but et fermer tout le reste du stade. Samedi, à Belgrade, les Serbes pourront jouer devant un stade plein, eux. Et à Paris, vous croyez qu’il sera comment, le Parc des Princes pour le premier match de Messi? Donc on a formulé une nouvelle demande auprès du ministre des Sports pour que cet aspect soit changé après le 15 septembre, quand les députés – puisqu’ils sont les seuls à pouvoir changer ça – réexamineront la loi. Parce qu’en octobre, il y a de nouveaux matches très importants, les dames qui reçoivent l’Angleterre par exemple… Je pense qu’au moins 50 % de la jauge, ce serait déjà pas mal.
On a vite compris qu’on était sur les bases d’un match à guichets fermés, genre Portugal. Mais c’est l’Azerbaïdjan…
Combien de billets auriez-vous pu vendre pour la rencontre de ce soir?
Je pense qu’on aurait rempli le stade. Il y a un effet de curiosité autour de ce nouveau stade et c’est normal : on ne vit ça qu’une fois. Mais quand on a vu des demandes commençant à affluer près d’un mois avant le match, on a compris qu’on était sur les bases d’un match à guichets fermés au stade Josy-Barthel. Un peu comme quand un Portugal vient. Alors que c’est l’Azerbaïdjan… En même temps, ce stade, ça fait quand même 15 ans qu’on attend ça!
Vous êtes stressé?
Un peu oui. Après tout, il faut que toutes les portes soient ouvertes et on va forcément découvrir des petits trucs à régler pendant la soirée. La seule chose qu’on a pu voir lors de la soirée test (NDLR : le 14 juillet, des jeunes de Mondercange ont disputé un match pour vérifier les fonctionnalités du stade en conditions réelles), alors que les inondations s’abattaient un peu partout, et qu’il n’en finissait plus de pleuvoir c’est qu’au moins, dans ce stade, on est restés au sec. Et aussi, ça, c’était l’enseignement de la soirée, que la pelouse restait bonne! On avait presque peur de ne pas pouvoir jouer et finalement, au bout d’une heure de jeu, elle était restée de très bonne qualité. C’était très concluant.
Et vous concernant? Savez-vous déjà où se trouve votre siège? Comment appréciez-vous les fonctionnalités?
Oh moi, au Barthel, j’appelais ça la cage. D’ailleurs, je crois que la contenance reste la même, 26 personnes. C’est l’endroit où on peut mettre quelques personnes mais je ne sais pas si j’y tiendrai longtemps, là-dedans. C’est un espace réduit pour les délégations. La différence, maintenant, c’est qu’il y a un salon de réception derrière, avec l’espace VIP.
Parlons-en, des VIP. Avez-vous pu commencer la commercialisation de ces espaces?
Alors c’est un espace qui peut accueillir 500 personnes où on va enfin essayer de faire un peu comme les autres, à l’étranger. Les gens pourront venir deux heures avant le match, aller au buffet… Bon, demain (NDLR : aujourd’hui), on sera limités à 100 parce qu’on voulait pouvoir garder des billets pour les gens qui veulent aussi s’asseoir en tribunes. Moi, j’aime le foot, je ne voulais pas 500 VIP et aucun spectateur en tribunes. Mais de toute façon, non, on ne pouvait pas commencer à vendre des packages puisque la campagne a commencé et qu’avec la pandémie, on ne sait pas encore où on va. C’est pour la prochaine campagne que l’on commencera à vendre sous forme d’abonnements ces espaces aux entreprises pour qu’elles puissent inviter leurs clients.
Avec la jauge, on perd 250 000 à 300 000 euros sur un tel match
Cela sous-entend beaucoup plus de gens travaillant autour de l’événement…
Beaucoup plus de gens effectivement : le nombre de personnes a doublé et c’est difficile à trouver car l’UEFA et le ministère doivent vérifier de la fiabilité du système et que certaines personnes seront là, mais ne verront même pas le match. Quant aux agents de sécurité, je crois que c’est +50 %. Donc c’est aussi beaucoup plus de frais. Même si, en vendant plus de billets, nous avons aussi bien plus de rentrées théoriques. À nous de les créer. Mais là, par exemple, sur l’Azerbaïdjan, la jauge a des conséquences qu’on espère ne pas voir durer en octobre parce qu’on perd au bas mot entre 250 000 et 300 000 euros sur un tel match.
Êtes-vous déçu que ce stade ne porte pas le nom d’un footballeur?
Au départ, il y avait déjà beaucoup de décisions compliquées : les délais, les coûts… Le nom de stade de Luxembourg est neutre et je crois que c’était l’effet recherché. Mais il n’est jamais trop tard pour y remédier… Avec Josy Barthel, le problème ne se posait pas : il avait gagné une médaille d’or aux Jeux olympiques. Qui aurait été contre?
Qui sera le premier buteur de l’histoire de ce stade?
Un Luxembourgeois, déjà, j’espère! Et si possible dans le but adverse! Mais le connaissant, j’imagine que ça pourrait bien être notre ami de Kiev (NDLR : Gerson Rodrigues)!
Entretien réalisé par Julien Mollereau