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Patrimoine ferroviaire : le difficile choix entre modernité et passé


Le Luxembourg change vite. L’inquiétude de voir le patrimoine architectural luxembourgeois disparaître monte. 

Le patrimoine ferroviaire du pays doit s’adapter aux nouvelles réalités. Les ministres des Travaux publics et de la Culture ont évoqué le sort des bâtiments «historiques» des CFL.

Le ministre de la Mobilité et des Travaux publics, François Bausch, et Sam Tanson, la ministre de la Culture, ont présenté hier leurs positions au sujet de la préservation des bâtiments ferroviaires appartenant à l’État et gérés par la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois (CFL).

Le sujet fait débat et l’association Luxemburg under destruction s’est emparée du dossier en pointant du doigt la perte historique que représente le démantèlement de certains bâtiments. L’association s’élève notamment contre la destruction de la gare d’Ettelbruck et du pont Patton, mais aussi contre la destruction des gares de Berchem et Capellen.

Les membres de l’association ont trouvé portes closes devant les ministères, mais ont pu échanger avec des responsables des CFL concernant ces grands plans d’aménagement.

L’inquiétude est de mise, car selon les membres de Luxemburg under destruction, des bâtiments historiques vont être gommés du paysage et remplacés par des blocs de béton sans âme et aseptisés. La perte architecturale sera immense.

Un appel à un moratoire est lancé avant que ces trésors ne soient abattus alors que les «mises en conformité» scellent bien souvent le destin de ces monuments qui font le charme de nos communes.

Hier, les deux ministres ont rappelé que le réseau ferré appartenant à l’État et exploité par la CFL comprend 68 gares et points d’arrêt, dont deux sur le territoire français, à savoir Audun-le-Tiche et Volmerange-les-Mines. Sur les 66 gares et points d’arrêt répartis sur le territoire luxembourgeois, 38 disposent d’un bâtiment voyageurs (BV).

Le ministère de la Mobilité et des Travaux publics et le ministère de la Culture, en collaboration avec le Service des sites et monuments nationaux (SSMN) et les CFL, ont pris la décision de déclarer dans une première phase 12 bâtiments voyageurs dignes de protection se situant à Walferdange, Lorentzweiler, Diekirch, Clervaux, Roodt-sur-Syre, Wecker, Mamer, Leudelange, Pétange, Bettembourg, Rodange et Tétange. À l’heure actuelle, sur les 38 bâtiments voyageurs, trois, à Luxembourg, Mersch et Cruchten, sont déjà classés.

Les CFL continueront de travailler sur de futurs projets de mise en conformité de gares et points d’arrêt du pays en y intégrant le restant des 20 bâtiments voyageurs existants, ont souligné les ministres. En effet, si le développement du réseau ferré n’est pas entravé, les bâtiments seront intégrés dans les projets à venir et seront assainis en fonction de leur utilité future.

En fonction des projets retenus en concertation entre les CFL et le SSMN, certains de ces bâtiments voyageurs également dignes de sauvegarde pourront également faire l’objet d’une protection nationale.

Une deuxième décision a été prise afin de déclarer dignes de protection 10 bâtiments ferroviaires connexes supplémentaires alors que deux bâtiments connexes sont déjà classés. Il s’agit du puits et de l’ancien poste directeur de la gare de Mersch.

Des bâtiments voyageurs démolis

Compte tenu de l’ensemble des projets planifiés par les CFL pour le compte de l’État, le bâtiment voyageurs situé à Berchem sera démoli, ont précisé les ministres en raison d’une mise en conformité de l’arrêt avec des nouvelles infrastructures de liaison pour la mobilité active entre les quartiers.

Il s’y ajoute que le bâtiment voyageurs à Capellen sera également démoli pour une mise en conformité de l’arrêt et permettre la suppression du passage à niveau n° 81b.

Dans le cadre du projet de pôle multimodal, le bâtiment voyageurs d’Ettelbruck sera prochainement démoli. Les différents éléments du projet planifié sont les suivants. Un arrangement a été conclu afin que l’administration communale d’Ettelbruck récupère les pierres de taille du bâtiment et la structure de la marquise sera transférée vers Pétange pour une réutilisation sur le quai du Train 1900.

Prenant exemple sur quatre cas de bâtiments voyageurs à classer concernant les gares de Walferdange, Roodt-sur-Syre, Pétange et Wecker, la ministre de la Culture a évoqué les critères ayant mené à la décision de classement et a détaillé les spécificités de ces bâtiments.

Il s’agit entre autres des critères d’authenticité, de genre ou encore de rareté. Ces bâtiments sont des témoins reflétant des pans importants de l’histoire industrielle et locale de leur lieu d’implantation.

Deux nouvelles procédures de classement seront mises en place sous peu après le vote de la loi relative au patrimoine culturel, ont précisé les ministres. Les objets dignes de protection nationale de toute une commune seront relevés sur l’inventaire du patrimoine architectural.

Cet inventaire sera élaboré et classé commune par commune par règlement grand-ducal, après une enquête publique impliquant la commune et les propriétaires. En tant que mesure transitoire, le classement isolé de bâtisses et autres biens immeubles par arrêté du ministre de la Culture sera fait après la consultation des propriétaires et de la commune concernée.

Les effets du classement s’opèrent directement avec la notification par le ministre de son intention de classer et restent en vigueur pendant neuf mois. Le classement doit intervenir, après consultation, au cours de ce délai. En découleront une prévisibilité et une sécurité juridique accrues pour les propriétaires des immeubles concernés.

Pas sûr que toutes ces initiatives suffisent à rassurer les amoureux du patrimoine architectural luxembourgeois.

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