C’est une course contre la montre qui s’est engagée depuis trois mois rue de la Libération à Dudelange. Une centaine de bénévoles se sont relayés pour ouvrir la deuxième épicerie biologique sans emballage du pays.
Aux 14 et 16 rue de la Libération à Dudelange, une véritable fourmilière s’affaire pour donner forme au local. Cela fait seulement trois mois que les travaux ont commencé et, déjà, le deuxième magasin OUNI du pays ouvrira ses portes samedi matin.
«Cela fait quelques jours que les produits arrivent au fur et à mesure», lance Joshua Streitz, le nouveau gérant d’OUNI depuis le début de l’année.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore le concept, l’objectif de ce magasin est de fournir tous les produits alimentaires, d’hygiène et d’entretien nécessaires à la vie quotidienne. Il s’agit en fait d’une coopérative, ce qui signifie qu’elle est détenue et gérée par ses membres.
Si les étales sont encore vides, la décoration est très soignée et chaleureuse. Les murs sont recouverts de lattes de bois issues de vieilles palettes. «Il a fallu trois semaines pour retirer tous les clous», sourit le gérant. D’anciens meubles sont peints en noir pour leur donner une touche de modernité tout en gardant leur élégance. Aspirateur, rangement, peinture… Les bénévoles s’activent dans tous les coins. Si le travail semble encore conséquent, eux sont positifs : «Demain (NDLR : ce vendredi soir) tout sera prêt», quitte à finir au bout de la nuit.
Tous sont impatients et fiers de voir le fruit de leur sueur ouvrir ses portes demain. Il faut dire que ce sont les bénévoles et quelques employés (pour le moment deux vendeuses, bientôt trois) qui ont fait l’immense majorité des travaux, «peut-être à hauteur de 95%, explique Joshua. Le gérant poursuit : «Seuls quelques artisans ont été appelés, par exemple, pour le chauffage. Il faut dire que parmi nos plus de 1 400 membres, nous avons à peu près toutes les compétences nécessaires : architectes, hommes qui maîtrisent la menuiserie, le marketing, etc.»
Marie-Rose, la doyenne des bénévoles
Une centaine de bénévoles se sont ainsi relayés depuis des semaines, chacun à hauteur de leurs compétences. Marie-Rose Clemens, qui aura 70 ans en juillet, est certainement la doyenne de la troupe. Elle a apporté de quoi manger, des verres et des sourires aux membres de la coopérative. Marie-Rose n’a jamais mis les pieds dans le magasin OUNI près de la gare à Luxembourg, mais tous les déchets que la société produit et qu’on retrouve ensuite dans la rue l’agacent depuis longtemps. Elle allait auparavant dans une boutique de Filsdorf qui propose des produits durables et équitables, «mais il n’y avait pas assez de choix». Alors quand une amie lui parle du projet en mars dernier et l’encourage à rejoindre le groupe Transition Dudelange qui, avec la commune de Dudelange, a fortement milité pour la création de cette boutique, elle se laisse tenter. À 69 ans, pour la première fois, elle s’implique à fond dans un projet, quitte à bousculer les habitudes de son mari. «Nous étions une trentaine de membres impliqués au début, nous avons fait de notre mieux pour trouver de l’argent. Et quand, entre les fêtes de Noël et de nouvel an, nous avons visité le local, totalement vide et qu’on m’a expliqué qu’il devait ouvrir en mars 2020, je me suis dit : ils rêvent éveillés!», raconte la septuagénaire avec bienveillance. Heureusement, certains avaient une confiance aveugle dans le projet dès le départ et ont insufflé de l’énergie aux autres.
Mais le concept répond définitivement à un besoin, comme le souligne Anne-Claire Delval qui s’occupe bénévolement de la communication des deux premières épiceries biologiques sans emballage du pays. «Il y a trois ans, pour la boutique de Luxembourg, les sept fondatrices avaient réussi à réunir les fonds en 48 heures.»
Soutenus par la population
Quand l’idée a été lancée d’ouvrir un second magasin dans la Forge du Sud, Anne-Claire était sceptique. Pourtant, là aussi, la population a répondu présente et désormais Dudelange et ses alentours comptent environ 200 membres actifs. «Les gens sont en quête de sens. Nous essayons d’avoir des fournisseurs qui sont basés le moins loin possible. Ce sont des produits qui n’ont pas qu’un objectif de rentabilité mais ont été pensés vraiment pour de nouvelles habitudes de consommation.»
En dehors des produits mis en vente, un espace café et un espace enfants permettront, comme à Luxembourg, aux clients de se détendre, de se rencontrer et de faire les courses autrement, sans stress.
D’autres OUNI pourraient voir le jour dans les prochaines année : «Le Luxembourg a encore le potentiel d’accueillir une ou deux boutiques de ce type, mais notre but n’est d’ouvrir 100 magasins de plus», note le gérant. Un service de livraison aux particuliers pourrait voir le jour prochainement.
Audrey Libiez
Carole Dieschbourg, la ministre de l’Environnement, du Climat et du Développement durable, devrait inaugurer la boutique le vendredi 27 mars en fin d’après-midi.
Dès samedi, la boutique OUNI sera ouverte du lundi au mercredi de 11 h à 20 h et du jeudi au samedi de 8 h à 20 h.