De graves intempéries ont frappé le pays depuis mercredi. Tour d’horizon dans toutes les régions du pays.
Mercredi et jeudi, des pluies diluviennes ont provoqué des inondations sans précédent dans le pays. La région d’Echternach a particulièrement été touchée, de même que le Nord (dont la ville d’Ettelbruck). Le Centre et le Sud ont été davantage épargnés.
À LUXEMBOURG : «LA PUISSANCE IMPRESSIONNANTE DE L’ALZETTE»
Dans la capitale, la bourgmestre Lydie Polfer, contactée par Le Quotidien jeudi peu avant 14 h, explique avoir été sur le front dès mercredi soir : «Nous nous attendions à ces intempéries d’après les prévisions météo. On m’a appelée vers 23 h mercredi soir, lorsque des problèmes d’inondation ont vraiment commencé à se poser, et notamment à des endroits où nous n’avions jamais eu de soucis jusque-là. À Merl, par exemple, dans la rue des Celtes, où le Merl, un ruisseau qui passe sous l’urbanisation, s’est invité dans les caves des maisons environnantes. Et même jusqu’à hauteur de 30 cm pour certains rez-de-chaussée. C’est du jamais vu !», indiquait jeudi la députée-maire de Luxembourg, peu avant 14 h.
L’expérimentée Lydie Polfer n’ignore bien sûr pas que les quartiers les plus en danger en cas de forte montée des eaux sont ceux des faubourgs de la capitale : le Grund, le Pfaffenthal ou encore Eich et sa fameuse place Dargent, systématiquement inondée dans ces cas-là. «C’est malheureusement connu… surtout au Grund, car là la Pétrusse rejoint l’Alzette, et c’est toujours un endroit sous haute tension. Je me suis d’ailleurs rendue jeudi dans la rue Saint-Ulric et j’ai vu une puissance du flux d’eau qui était extrêmement impressionnante, et ce, même si l’on sait que c’est un endroit qui est placé en permanente vigilance. Mais j’ai rarement vu cela.»
La bourgmestre explique qu’une ligne de contact a été installée jeudi matin. Elle estime que «la priorité maintenant est d’aider les gens à évacuer l’eau et de les aider à nettoyer». Les équipes de la Ville sont mobilisées depuis mercredi soir pour ce faire. «J’étais ce matin (jeudi) avec le collège échevinal au Grund, notamment. Il faut que les gens sinistrés fassent des photos des dégâts en vue de faire jouer les assurances», insiste la bourgmestre. Elle assure que le centre d’intervention du CGDIS est en action permanente. «Je me suis entretenue avec le directeur général du CGDIS, qui m’a dit que certaines parties du pays, dont la région d’Echternach, où il y a beaucoup de rivières venant d’Allemagne et qui rejoignent la Sûre, étaient très en difficulté. Et quand on voit ce qu’il y a eu en Belgique et en Allemagne, on peut dire qu’on s’en sort relativement bien au niveau des dégâts», est d’avis la députée-maire de la capitale.
À ESCH-SUR-ALZETTE : «ON L’A ÉCHAPPÉ BELLE»
De son côté, le député-maire d’Esch, Georges Mischo, est davantage apaisé : «On l’a échappé belle et le sud du pays également. Certes, on a dû fermer provisoirement le centre de dépistage au rond-point Raemerich, car c’est un endroit propice aux inondations (NDLR : Il a rouvert entretemps). On a eu plus d’une vingtaine d’interventions, surtout dans des caves. Les rues de l’Eau et du Commerce ont été particulièrement touchées. L’école forestière de l’Ellergronn a été très endommagée. En tout cas, la commune d’Esch est prête à aider les plus petites communes aux alentours. Il faut se serrer les coudes.»
À ECHTERNACH : «LES ROUTES SONT COUPÉES»
À Echternach, ce n’est pas tout à fait la même chanson. L’ancien député-maire de la ville Jos Scheuer dresse d’ailleurs un tableau catastrophique de la situation : «Les routes vers l’Allemagne et vers Diekirch sont coupées, tout comme l’ancien pont. Les routes sont fermées. Le centre-ville est bloqué en partie, car le mur de protection construit le long de la Sûre s’est avéré trop bas. Pratiquement toutes les caves des habitations sont affectées et il y a une odeur de mazout ou de carburant qui plane sur une partie de la ville.»
Au moins, relève l’ancien édile, «la gestion de la catastrophe est, grâce au CGDIS, plus professionnelle que lors des précédents de 1993 et 2002. Je viens à peine de discuter avec Carole Dieschbourg (NDLR : la ministre de l’Environnement), qui m’a dit qu’un service spécial entra en action pour éliminer les eaux polluées des caves.» Jos Scheuer poursuit : «Certains commerces de la zone piétonne ont beaucoup de problèmes. Il faut absolument créer un fonds d’aide national!»
À ETTELBRUCK : «ON A UN LAC AU NIVEAU DU BARRAGE»
Du côté d’Ettelbruck, le député-maire, Jean-Paul Schaaf, l’indique d’emblée : «On n’avait jamais vu ça!» «Le niveau de l’Alzette est le plus élevé que je constate depuis 32 ans que je travaille à Ettelbruck. Par rapport au deuxième cours d’eau qui traverse Ettelbruck, la Wark, un barrage avait été construit après les grandes inondations de 1993 sur la commune voisine, à Bourscheid, lequel protège la localité de Welscheid. Le ruisseau, qui vient de Feulen, traverse Welscheid, Warken et Ettelbruck avant de rejoindre l’Alzette. Ce barrage a permis que le ruisseau reste dans son lit. Mais au niveau du barrage, nous avons maintenant un lac… C’est énorme, mais on voit maintenant l’importance de cet ouvrage, ce qui fait que la grande partie résidentielle de la ville n’est pas touchée. Cela dit, l’Alzette menace plusieurs habitations et notre école fondamentale, où on risque des inondations. Il y a des dégâts partout, mais rien d’exceptionnel. Et le centre de vaccination est resté ouvert.»
Jean-Paul Schaaf relève une satisfaction : «Les systèmes sont actuellement très bien au point. On s’est basé là-dessus déjà hier soir (mercredi) et aujourd’hui, et cela colle avec la réalité. Mercredi, on a tout de suite fermé le parking Deich alors que les forains étaient sur le point de monter la kermesse… Elle n’a pas été annulée, mais reportée.»
Jetant un regard plus général sur la situation dans le pays, Jean-Paul Schaaf note : «Des situations un peu dramatiques se présentent partout, mais il paraît qu’à la Moselle, c’est moins touché. Cela dit, n’oublions pas que l’Alzette se reverse dans la Moselle tôt ou tard, de même que la Sûre.»
Claude Damiani
À Clervaux, des inquiétudes
par rapport à la maison de retraite
Si la situation est «très différente d’une localité à l’autre», selon le bourgmestre d’Ettelbruck, Jean-Paul Schaaf, son collègue Émile Eicher, le député-maire de Clervaux, localité plus au nord, a lui exprimé «un grand souci relatif à la maison de retraite, où l’on risque des inondations des caves». L’élu craignait des pannes d’électricité et de chauffage.