Dès ce dimanche, les cafés et restaurants pourront rouvrir leurs salles, à condition de respecter des règles jugées contraignantes qui inquiètent les professionnels.
Après plus de cinq mois de fermeture, hôteliers, restaurateurs et cafetiers voient enfin le bout du tunnel avec de nouvelles mesures votées vendredi à la Chambre des députés : après la réouverture des terrasses le 7 avril, ils sont autorisés à rouvrir les salles de leur établissement dès ce dimanche 16 mai.
Attention, il n’est pas encore question de retrouver une activité sans restriction, puisque, parmi la longue liste de conditions à respecter pour pouvoir accueillir des clients en intérieur figure la présentation systématique d’un test négatif avant d’accéder à une table.
Une contrainte qui, dès son annonce en début de semaine, a fait bondir l’Horesca : «On ne comprend pas pourquoi un nouvel autotest est exigé si on passe d’un établissement à l’autre alors qu’en Allemagne, ils sont valables 24 heures, ce qui est quand même beaucoup plus cohérent et économique», peste Fränz Koepp, le secrétaire général de la fédération.
Car ces autotests, qui sont pratiqués dans les écoles depuis le 19 avril, ont un coût : entre 1,30 et 1,80 euro, a révélé la ministre de la Santé, Paulette Lenert, soit un investissement de 26 millions d’euros pour l’État, qui en a déjà commandé 17 millions à des fabricants chinois. Là-dessus, l’Horesca en a négocié 500 000 pour son secteur. Mais c’est loin d’être suffisant : «Ici, on a reçu huit boîtes de 20 tests, ce qui doit suffire pour un jour ou deux à peine», remarque Carlos Breda, le gérant du restaurant Moustache à Esch-sur-Alzette.
Alors, pour l’instant, ce patron hésite : «J’ai voulu en commander, mais c’est 2 000 euros pour une quantité couvrant deux ou trois semaines. Donc, investir c’est risqué, surtout qu’on ne sait pas comment les mesures vont évoluer. En même temps, ne pas se fournir en autotests, c’est aussi risquer de ne pas pouvoir accueillir des gens», déplore-t-il, en conseillant aux clients de venir avec leur propre autotest à effectuer sur place.
Déjà des plaintes au téléphone
Au-delà du coût, il confie aussi une certaine angoisse de devoir contrôler l’état de santé de ses clients : «Beaucoup de gens ne connaissent pas les conditions à respecter pour l’accès à la salle, donc c’est délicat. On craint la réaction des clients par rapport aux tests. Ça, ça me fait peur.»
À la brasserie Rex à Esch-sur-Alzette, des clients appellent déjà pour se plaindre : «Les gens nous disent que c’est une connerie ces tests et qu’ils refusent de venir dans ces conditions», rapporte le patron Louis Wagner, qui a tout organisé pour recevoir ses clients en salle dès ce dimanche dans le respect des mesures en vigueur. «On est prêts, mais je m’attends à beaucoup de problèmes. J’aurais préféré qu’on reporte encore de quelques semaines, mais qu’on puisse ouvrir de manière plus libre.»
«On peine à recruter»
Autotests mis à part, même si pour les plus petits établissements ouvrir dans ces conditions est difficilement rentable, globalement le secteur accueille favorablement ce nouveau pas vers un retour à la normale : «Le ciel s’éclaircit après cinq mois de fermeture et de grosses pertes financières», note Pino Logrillo, le gérant du Monument’s Café à Belval. Un sentiment partagé par Carlos Breda au Moustache : «C’est positif pour nous qui n’avons que 18 places en terrasse, c’est bien de pouvoir rouvrir la salle en complément.»
Malgré cette embellie, les conséquences de la crise sanitaire sur cette branche à l’arrêt total ou partiel depuis plus d’un an sont bien là, à commencer par les difficultés de recrutement : de nombreux salariés, en chômage partiel depuis de longs mois, ont déserté, préférant se reconvertir.
Ce que confirment les professionnels : «On a besoin de personnel, mais on n’en trouve pas, on peine à recruter», confie Pino Logrillo. «Ce que les candidats demandent, ce sont des contrats à durée indéterminée, or on ne peut plus se le permettre.» Même constat au Moustache : «Pour trouver du personnel, c’est très compliqué.»
Une pénurie dont l’Horesca est bien consciente : «C’est une réalité qui concerne l’ensemble du secteur. Les aides financières de l’État ont permis de garder la tête hors de l’eau, mais maintenant, il va falloir remobiliser et remotiver les troupes», analyse Fränz Koepp. Un challenge qu’il ne faudra pas tarder à relever, puisque les prochaines annonces concernant l’Horesca sont attendues pour le 12 juin.
Christelle Brucker
QUID de l’accès au resto pour les clients vaccinés ?