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Nouveau-nés : une boîte qui peut tout changer


L'AlupseBebeBox présentée jeudi chez KPMG Kirchberg n'est pour l'instant qu'un prototype qui sera distribué en février-mars. (photo Tania Feller)

L’ASBL Alupse, afin d’aider ceux qu’elle soutient, lance une boîte qui se transforme en lit bébé et contient les indispensables pour un nouveau-né. Ce concept permet d’aider les parents dans leurs premiers pas avec l’enfant, mais aussi de protéger le bébé de certains risques.

C’est un peu comme la valise de Mary Poppins : on ouvre cette boîte et l’on peut en sortir encore et encore des bodies, serviettes de bain pour nouveau-né, pyjamas, sac de couchage, savon…

Ce paquet appelé AlupseBebeBox a été imaginé par Katja Battin, une sage-femme, et Danielle Wealer, une psychologue. Elles ont élaboré ce kit comme un outil supplémentaire et essentiel pour que l’ASBL Alupse puisse assurer sa mission de renforcement du lien parents-enfant.

«Les profils de nos bénéficiaires sont très vastes, indique Katja Battin. On trouve notamment des femmes dans des centres de réfugiés, qui sont tombées enceintes durant leur fuite ou juste avant leur départ, avec souvent de lourds traumatismes dans leurs bagages.Nous accompagnons aussi de jeunes adolescentes ou au contraire des personnes qui ont eu des bébés tardivement et qui se sentent débordées entre leur carrière et leur rôle de parents, etc.»

Une ASBL de pédiatrie sociale

La sage-femme explique ensuite le rôle de l’ASBL, créée en 1984 à l’initiative du Dr Seligmann et de l’Unicef pour réfléchir et agir sur les problèmes de maltraitance d’enfants au Grand-Duché : «Nous sommes spécialisées dans le lien parents-enfant et nous prenons en charge une famille dès que nous sentons qu’il y a un danger pour ce lien. Par exemple, un lourd passé peut être un facteur de risque, car souvent quand l’on attend un enfant ou même après sa naissance, notre histoire remonte. Devenir parent, c’est dur pour tout le monde, mais quand on se trouve dans une situation compliquée, que d’autres problèmes s’ajoutent, cela peut avoir des conséquences.»

Dans l’AlupseBebeBox , on trouve aussi des informations sur le syndrome du bébé secoué (lire plus bas). Ici, le Dr Perez montre la violence que subit un bébé quand il est secoué. (photo Tania Feller)

Les parents ou futurs parents viennent soit spontanément voir les membres de l’association, soit sont envoyés par un médecin généraliste, le personnel hospitalier ou encore un pédiatre…

Au-delà du côté pratique, l’AlupseBebeBox a un aspect «thérapeutique», poursuit Katja Battin. «Les femmes réfugiées n’ont absolument rien pour leur bébé, ce kit peut vraiment leur faciliter leur maternité. C’est un point de départ qui leur permet d’avoir tout le nécessaire, pour les habits. La boîte en elle-même est un petit lit qui comporte un matelas fait sur mesure et dur. Le lit est particulièrement petit pour éviter d’y ajouter tout doudou ou autre objet qui pourrait mettre en danger le bébé. Toutes ces précautions et le fait de le coucher sur le dos diminuent les risques de mort subite du nourrisson.»

Des produits d’hygiène composent également ce kit, ce qui permet au personnel de l’ASBL, qui se déplace systématiquement dans les familles afin de leur montrer par exemple comment laver le siège d’un bébé avec les produits qu’ils utilisent.

Ce n’est qu’un début

Les membres d’Alupse ont fait le choix de n’intégrer que des articles produits au Luxembourg, par les ateliers de couture de l’ASBL ATP de Kehlen (atelier protégé pour les personnes vivant avec une maladie psychique), l’atelier du lycée Ermesinde (qui confectionne notamment les bonnets et les bavoirs) et l’atelier couture Autisme Luxembourg.

Grâce aux dons de KPMG, 30 boîtes seront confectionnées et distribuées en février-mars. «Chaque année, nous sélectionnons des projets, explique Anne-Sophie Minaldo, la présidente de la Fondation KPMG. Et ceux d’Alupse nous séduisent particulièrement car ils sont systématiquement ancrés localement. Nous avons 1 800 employés, donc c’est aussi notre mission de nous occuper de notre communauté.»

L’association espère qu’il ne s’agit que du début et que le projet évoluera par la suite. Elle rappelle que ce concept existe déjà dans de nombreux pays, dont la Finlande : depuis 1938, la boîte y est distribuée à chaque maman pendant sa grossesse.

Audrey Libiez

Bébé secoué : la prévention sauve des vies

L’AlupseBebeBox contient également des informations sur le syndrome du bébé secoué. Le nombre d’enfants concernés a fortement chuté ces dernières années, probablement grâce à la prévention qui est désormais faite sur le sujet. «Jusqu’à 2015, nous avions cinq à dix cas par an. Depuis 2016, aucun», indique le Dr Idoya Perez, pédiatre et chargée de direction pour l’ASBL Alupse.

Or 2014, c’est l’année à partir de laquelle la pédiatrie sociale a débuté et «que nous avons pu travailler dans les hôpitaux pour faire de la sensibilisation. Mais c’est un petit pays, il faudra plusieurs années avant de voir s’il y a un lien de cause à effet», nuance la pédiatre. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas relâcher la vigilance. Un pédiatre peut repérer un bébé dont l’évolution s’arrête «si le bébé ne sourit pas, n’apprend pas à s’asseoir… Cette théorie sera vérifiée quand toutes les autres pistes auront été écartées, comme un virus ou de l’autisme. Un bébé secoué peut aussi arriver aux urgences. Ses parents prétextent une chute, mais avec les analyses, surtout l’IRM, on peut détecter du sang dans le cerveau ou des côtes cassées. Car quand on fait ce geste, on prend le bébé très fermement et la tête fait violemment des mouvements de va-et-vient sans aucun frein. Il faut continuer de mieux informer. Nous sommes présents dans les quatre maternités du Luxembourg, c’est un gigantesque travail à mener.»

A. L.