Nico Pundel, le bourgmestre de Strassen, revient sur la création de la Maison ukrainienne et nous explique son fonctionnement.
Le 10 mars, l’«Ukrainescht Haus Stroossen» était inaugurée au 48 rue des Romains à Strassen en présence du ministre des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn. Cette initiative de la commune a pour objectif de fournir un lieu d’échange, d’aide et de rencontre aux réfugiés ukrainiens ayant fui leur pays.
Les portes de la maison sont ouvertes de 13 h 30 à 17 h et, chaque jour, parents et enfants investissent l’endroit pour passer du temps et trouver du réconfort face aux catastrophes qui se produisent chez eux. Nico Pundel, le bourgmestre de Strassen, nous explique la genèse de ce projet et la façon dont il aborde l’avenir des réfugiés.
Comment avez-vous eu cette idée ?
Nico Pundel : Nous avions racheté cette maison pour en faire une Maison des jeunes. Malheureusement, et pour plusieurs raisons, ce projet s’est révélé impossible. Lorsque la guerre en Ukraine a éclaté, de nombreuses personnes ont lancé des initiatives privées pour ramener des réfugiés à Strassen.
Nous avons commencé à devoir placer de plus en plus d’Ukrainiens dans des familles d’accueil. D’abord quinze le dimanche 6 mars, puis encore d’autres le dimanche suivant. Soixante-dix-huit personnes ont également été hébergées dans un hôtel géré par la Croix-Rouge. Les premières vagues de réfugiés étaient terrifiées par ce qu’il leur arrivait…
Nous nous sommes dit qu’il serait bien qu’ils aient un lieu pour pouvoir se réunir, parler entre eux et également pour avoir des réponses aux questions administratives, s’entraider dans les démarches et avoir accès aux informations sur ce qu’il se passe chez eux.
Les premières vagues de réfugiés étaient terrifiées par ce qu’il leur arrivait…
Comment s’organise la vie à l’intérieur de l’Ukrainescht Haus Stroossen ?
L’Ukrainescht Haus Stroossen est ouverte tous les jours de lundi au dimanche de 13 h 30 à 17 h. Ils ont les clés et l’ouvrent et la ferment quotidiennement. Les Ukrainiens gèrent la maison eux-mêmes. On ne se mêle que très peu de cette maison.
D’ailleurs, elle n’est pas faite que pour les réfugiés de Strassen, mais pour tous les Ukrainiens qui sont arrivés au Luxembourg. La maison dispose d’une salle de classe, d’un jardin, d’une cuisine et du wifi. Il y a également une buanderie, car tous les réfugiés ne disposent pas d’une machine à laver pour leurs vêtements.
Avec le boulanger du village, qui s’investit énormément dans ce projet, nous planifions aussi des activités comme, par exemple, des matches de foot, des cours de cuisine ou de langue. La communication n’est pas toujours facile, car tous ne parlent pas anglais, mais nous nous débrouillons. Les parents m’ont raconté ce qu’ils ont traversé. Aujourd’hui, ils voient leurs enfants jouer et ça les rend heureux.
Comment appréhendez-vous les prochaines semaines ?
La solidarité est énorme et tout le monde veut aider. Les gens s’investissent naturellement pour les réfugiés. D’ailleurs, nous osons à peine lancer des collectes de vêtements ou de jouets de peur d’être débordés.
Nous prévenons même les familles de faire attention à bien estimer la capacité d’accueil de leur logement. Il est certain que la guerre va encore continuer et que de nouveaux réfugiés vont arriver au Luxembourg.
À un certain moment, il faudra replacer les réfugiés dans d’autres familles ou réfléchir à une nouvelle organisation.