Le ministère de l’Économie va engager un million d’euros pour soutenir une start-up nommée RegiÔtels qui se propose d’être l’atout numérique des hôtels du Mullerthal.
La Petite Suisse revient de loin. À l’âge d’or des années 1970 et 1980 a succédé une période terrible où le manque d’investissement a coûté cher à de nombreux établissements. En soutenant l’initiative privée RegiÔtels, l’État veut relancer le secteur.
La digitalisation du Luxembourg est en marche, mais elle prend son temps! « La part du commerce online est de 9 %, rappelait lundi la secrétaire d’État à l’Économie, Francine Closener. C’est bien, mais il reste du chemin! » Elle pointe une présence trop faible, surtout chez les petites et moyennes entreprises, « notamment dans l’hôtellerie ».
Et la secrétaire d’État d’avancer une étonnante statistique : « Les hôtels ne représentent que 20 % des nuitées dans le Mullerthal, les 80 % restants concernent les campings et les auberges de jeunesse qui fonctionnent très bien. »
Et pourtant, le tourisme reprend du poil de la bête dans la région. Le succès du Mullerthal trail qui a vu passer 110 000 randonneurs l’an passé est l’exemple qui permet de croire en des jours singulièrement meilleurs pour la Petite Suisse. Mais pour que cette embellie soit durable, il faut également que la région y mette du sien et que l’offre privée suive. « Le potentiel touristique est énorme, mais il faut parvenir à capter cette nouvelle clientèle », a prévenu Francine Closener.
Lorsque Gregory Tugendhat est venu avec son idée, il a été chaleureusement accueilli par la secrétaire d’État. Fort de son expérience chez Accord Luxembourg, entre autres, il explique : « Fin 2016, j’ai été informé de l’inquiétude à propos de la tendance touristique dans le Mullerthal, je me suis dit qu’il fallait que je trouve un projet pour remédier à cette baisse de fréquentation. »
Pour l’instant : 8 hôtels et 246 chambres
Or, pour lui aussi, il était clair que ce désamour ne venait ni du cadre ni même des infrastructures, puisqu’il existe de beaux hôtels dans la région. Ce qui manque à l’offre touristique de la Petite Suisse, c’est l’accès à l’information sur le web. D’un côté, la présence des hôtels sur le net est souvent maladroite et pas vraiment avant-gardiste et, de l’autre, les portails les plus connus (Booking, Expedia…) imposent des prix toujours plus bas et prennent au passage une commission rondelette.
En créant RegiÔtels, Gregory Tugendhat veut apporter une solution concrète aux hôteliers du Mullerthal. Le site, qui a embauché quatre personnes à temps plein et cinq consultants, se propose d’organiser la présence des établissements sur le web.
En gérant la réservation et la vente, RegiÔtels veut prendre la place des portails habituels en appuyant sur sa différence : ne pas suivre la spirale des prix tirés vers le bas qui va contre les intérêts des hôtels. De surcroît, le site gère un service marketing particulièrement tourné vers l’étranger pour aller chercher les clients là où ils se trouvent.
Pour l’instant, huit hôtels regroupant 246 chambres (37 % de l’offre du Mullerthal) ont donné leur accord, « c’était la masse critique » estime Francine Closener. Bien évidemment, ce groupe pourra être rejoint par qui le veut. Pour soutenir la démarche, elle a réservé une enveloppe d’un million d’euros, « un coup de pouce qui sera distribué entre le site et les hôtels ».
Elle justifie cette aide en arguant que « tout le monde sera gagnant : les hôtels, qui vont gagner en exposition, la région, qui verra s’accroître le nombre de touristes, le pays, qui s’installera davantage en tant que destination touristique, et les touristes, qui verront l’organisation de leur séjour facilitée ».
Erwan Nonet