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[Mullerthal] Un parc, tellement de charmes…


Dans les environs de Momparch, la «vallée des Moulins» (Mullerthal) retrouve tout son sens. (Photo : LQ)

D’une vallée à l’autre, c’est tout un voyage. Le futur parc naturel du Mullerthal offre une rare diversité de paysages.

La tentation est grande, quand on visite un lieu, de ne s’arrêter qu’au monument phare. Il suffit de voir les «embouteillages» devant La Joconde au Louvre! Dire que ce sont les mêmes touristes qui passent en courant devant les mosaïques perses quelques étages plus bas…

Dans le (futur) parc naturel du Mullerthal, le piège est identique. La plupart des visiteurs se rendent à la cascade de Schiessentümpel. Un pont en bois surplombe l’Ernz noire, l’eau est claire, il n’y a pas beaucoup de marche à faire… mais sur 29 500 hectares, le parc offre bien d’autres trésors! En voici une sélection..

Les vergers

Terre agricole depuis toujours, le Mullerthal compte de nombreux vergers. « Beaucoup de paysans faisaient pousser leurs arbres fruitiers jusque dans les années d’après-guerre », explique Claude Petit, coordinateur au parc. Aujourd’hui, les vergers (pommier, poirier, cerisier, prunier) sont en déclin. Ce n’est pas assez rentable par rapport à des cultures comme la céréale. Surtout, c’est une culture qui demande beaucoup d’efforts. Un arbre qui vient d’être planté ne donne pas de fruits avant une dizaine d’années.

Mais un plan de relance est activé et va même être amplifié : soutien financier de l’État pour la replantation et multiplication des débouchés avec les produits régionaux. Tant mieux. Car les vergers constituent un élément paysager typique du parc naturel, à tel point qu’ils doivent répondre à un critère historique : la haute tige. « Il s’agit d’arbres dont la couronne débute à 1,80 m , décrit Marc Thiel, responsable du service écologie du parc.

À l’époque, les paysans laissaient paître leurs vaches dans les vergers. Il ne fallait pas que les animaux mangent les fruits!» Aujourd’hui, c’est une norme esthétique. Quand vient le printemps, les arbres en fleurs sont d’autant plus beaux! Lieu : chaque village du parc a ses vergers. À admirer, par exemple, ceux de Bech.

Paysages agricoles

La géologie contraint les hommes dans leur travail. Au Mullerthal, il est globalement difficile de cultiver sur les reliefs de grès. Dans la plaine, en revanche, la terre est plus grasse. Résultat, elle est adaptée à des cultures variées (blé, orge, colza) en même temps qu’elle est belle à regarder!

Observez ces vallons jaunes, verts, blonds. Les parcelles zigzaguent autour des forêts qui couvrent 38 % du parc contre 34 % ailleurs au Grand-Duché. Sans compter les prairies sèches fleuries, pour assurer la biodiversité dans le parc. Lieu : arrêtez-vous dans les environs de Mompach. La vue est d’autant plus magnifique que des éoliennes tournent, redonnant au Mullerthal toute son étymologie, la vallée des Moulins.

Les vignes

Qui dit vin dit Moselle au Luxembourg. Encore une fois, sortons des sentiers battus! Le Mullerthal comporte quelques hectares de vignes (cépage de riesling, d’elbling, etc.), trois pour être plus précis, partagés par quatre viticulteurs. Il faut se rendre dans les environs de Rosport, au lieu-dit de la Hoëlt. Le sol est très particulier. Il est constitué d’un mixte de dolomie (roche moins poreuse et plus dure que le grès), de calcaire et d’argile.

On se situe entre les reliefs et la vallée, les roches sont très mélangées! Des vignes ont poussé à flanc de la Sûre. D’autres ont remplacé les arbres fruitiers dans la culture en terrasse. L’endroit est étonnant : des murs en pierres sèches, une lumière inhabituelle… Pourquoi ces cultures en terrasse? C’était la méthode la plus pratique avant la mise au point d’outils modernes, pour cultiver en pente. Les paysans rééquilibraient les parcelles en escaliers. Pas bêtes!

Les villages

Douze communes portent le projet de labellisation du Mullerthal. Les fermes, bâties avec des matériaux locaux, sont nombreuses le long des routes : grès du Luxembourg (ornement en pierre jaune), grès bigarré (de couleur rose, la roche la plus vieille du parc), la dolomie (pierre blanche, à l’est du parc). Beaucoup de fermes, vieilles parfois de deux siècles, ont été réhabilitées dans des fonctions différentes que leur première affectation. La plus incongrue est celle des sapeurs-pompiers de Rippig!

Hubert Gamelon