Les vigiles sanitaires des régions voisines alertent sur l’implantation du moustique tigre, notamment en Lorraine et surtout en Alsace, où l’implantation est jugée définitive. Qu’en est-il au Grand-Duché ? Quels sont les risques réels ?
Pierre Weicherding, médecin en charge de la division inspection sanitaire du ministère de la Santé, répond à nos interrogations.
Si le moustique tigre est chez nos voisins, il est au Luxembourg aussi : FAUX
« Le moustique tigre, comme les autres moustiques, rayonnent sur une centaine de mètres autour des points d’eau, pas plus. Dans nos derniers relevés de prélèvement d’insectes, nous n’avons pas trouvé de moustique tigre au Luxembourg (NDLR : il s’agit de relevés « occasionnels » réalisés par le musée d’histoire naturelle). Il faut enfin rester prudent face aux habitants qui assurent avoir vu des moustiques tigres : ils sont difficiles à repérer, plus petits que nos moustiques, avec de fines bandes blanches. Mais il faut une loupe ! »
Le moustique tigre finira pas s’implanter au Luxembourg : VRAI
« Le sud de la France a tenté d’exterminer ce nouveau moustique, mais c’est peine perdue. Ce qu’il faudra, comme avec les autres moustiques, c’est apprendre à vivre avec et s’en protéger. Ce sont des gestes simples : ne pas laisser d’eau stagnante dans les maisons à l’approche de la belle saison. De l’eau dans les coupes de pot de fleurs par exemple, ou dans des fonds d’arrosoirs… Le moustique s’implantera au Luxembourg d’abord de façon temporaire, pendant une partie de la saison. Puis définitivement. »
Le moustique tigre peut transmettre des maladies dangereuses : VRAI, MAIS…
« Le moustique tigre peut transmettre la dengue ou le chikungunya par exemple. Ce sont des maladies virales qui s’accompagnent de fortes fières et même de saignements internes, notamment des reins (sang dans les urines). Les effets sont à redouter chez les sujets les plus faibles.
Mais il ne faut pas affoler les gens ! Et ce pour deux raisons : 1) Nos moustiques « classiques » sont censés pouvoir transmettre des maladies sévères aussi, comme le virus West Nile (NDLR : « fièvre brutale, parfois associée à des complications neurologiques qui peuvent être sévères », selon la définition donnée par l’Institut pasteur). Le West Nile est censé être bien plus contagieux, car il voyage aussi avec les oiseaux migrateurs… pourtant les cas sont très rares. 2) Le moustique tigre ne naît pas avec la dengue ou le chikungunya. Il faudrait pour chaque cas un enchaînement de circonstances précises. Il faudrait qu’un voyageur déclenche cette fière au moment où il revient au Luxembourg, et qu’un moustique l’attrape. Puis quoi ? Un moustique voyage sur quelques centaines de mètres et à une durée de vie limitée. Ma conclusion : si à l’avenir nous devions avoir quelques dengues ou chikungunyas transmises au Luxembourg, il s’agirait toujours de cas limités. »
La piqûre de moustique tigre démange plus que celle d’un moustique normal : FAUX
« Le principe de la démangeaison est le même en fait. Quand le moustique « pique », il injecte d’abord un liquide pour éviter la coagulation du sang, et pouvoir en pomper un peu. Les réactions, qui varient d’un individu à un autre, proviennent de ce procédé. En clair, une personne irritée par les piqûres de moustiques, voir allergique, le sera tout autant avec le moustique tigre. Ça ne change rien. »
Quels sont les endroits où le moustique tigre sévira ?
Comme pour le moustique habituel, il faut un point d’eau, a plus forte raison stagnante. Les étangs et les rivières sont des lieux propices au développement des larves de moustiques, on ne peut pas vraiment lutte contre ça. Mais pour éviter d’en avoir en ville, tous les petits gestes comptent. Dès que vous avez de l’eau stagnante chez vous, nettoyez-là. Il existe enfin un dernier endroit de forte concentration de moustique à connaître : ce sont les zones où les vieux pneus sont entassés. Par exemple à la campagne, pour retenir une bâche. Les vieux pneus retiennent toujours un peu l’eau, et des études belges ont fait état de concentrations très fortes de moustiques à chaque fois.
Hubert Gamelon.