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Motiv-Action : un tremplin vers l’avenir pour des jeunes en difficulté


Tom, Deborah, David... Tous commencent une nouvelle vie avec l'aide des éducateurs de la structure Motiv-Action de l'ASBL Solidarité jeunes. (photo Le Quotidien)

Onze jeunes en difficulté refont surface grâce au programme Motiv-Action de l’ASBL Solidarité jeunes. Aujourd’hui, ils envisagent un avenir.

Il est 11h30. Tom, Mickaël, Deborah… s’activent en cuisine. Bienvenue chez eux. Et chez eux, c’est à Belvaux dans la structure d’accueil Motiv-Action de l’ASBL Solidarité jeunes, un nouveau concept de logement encadré avant d’intégrer des structures plus petites et où ils sont plus autonomes comme un appartement ou un studio en logement encadré. Ils sont onze jeunes en difficulté à vivre dans deux maisons. Ils sont accompagnés par quatre éducateurs. «Ce sont des jeunes pas encore assez responsables, adultes et autonomes», explique Michèle Kribel, la directrice générale de l’association. «Motiv-Action, c’est la motivation et de l’action, confie Dominico Laporta, l’un des éducateurs de la structure. Nous accueillons des jeunes en difficulté à cause de la drogue, du gaming, de l’alcool ou alors parce qu’ils sortent de prison… Pendant trois mois, nous apprenons à les découvrir, à créer une relation, à connaître leurs compétences… Pour passer à l’action, il faut de la motivation et c’est ce qu’ils retrouvent ici.»

«J’ai une famille ici»

Les éducateurs ne sont pas là 24h/24 mais seulement la journée. Les jeunes font la cuisine et s’occupent aussi des autres tâches ménagères. Ils suivent aussi des activités sportives (escalade, fitness, VTT, roller, course, foot…). «Elles leur permettent d’avoir des responsabilités, de retrouver leur concentration et d’appréhender certaines notions telles que le respect», indique Dominico Laporta. L’art thérapeutique est aussi au programme. «Il permet aux jeunes d’exprimer leurs émotions en réalisant des œuvres artistiques», souligne-t-il.

Les éducateurs sont aussi aux côtés des jeunes pour ce qui concerne leurs démarches administratives et l’élaboration de leur projet personnel. Et dans le même temps, certains suivent une thérapie pour traiter une addiction au service Impuls, une autre structure de l’ASBL, ou alors effectuent des stages d’orientation avec l’action locale pour jeunes. Une vraie (re)mise en route pour tous ces jeunes.

Comment sont-ils arrivés ici ? «C’est une longue histoire, confie Patricia (19 ans), d’origine cap-verdienne. Je suis arrivée au Luxembourg à l’âge de 9 ans pour retrouver ma mère. À 17 ans, ça n’allait plus entre elle et moi. Je n’allais plus à l’école, je suis passée dans plusieurs foyers. J’avais l’impression de devenir folle, j’ai eu un suivi psychiatrique, j’ai fait une tentative de suicide en me jetant sous une voiture. Je suis retournée au Cap-Vert pour retrouver mon père, mais j’ai très vite compris que je ne pouvais pas faire ma vie là-bas…» Elle revient en décembre dernier au Grand-Duché avec «l’envie de recommencer (ma) vie à zéro». Elle intègre la structure d’accueil Motiv-Action de Belvaux en février et, aujourd’hui, elle déclare : «Je sens que j’ai une famille ici.» «Les éducateurs m’aident à avancer, à devenir responsable et autonome, poursuit-elle. J’ai plein de projets : aller en apprentissage coiffure, construire une famille… Je grandis.»

«Je me prends en main»

David (20 ans) «(se) sen(t) mieux» aussi. En rupture familiale, le jeune homme a quitté l’école, vécu dans la rue, est passé par la case prison pendant un mois avant de rejoindre la structure de Belvaux. «La prison m’a fait du bien, j’ai pris conscience que j’avais abusé, reconnaît David. Ici, il y a des règles et je dois les respecter sinon il y a des conséquences. Tout est nouveau pour moi. Je fais du sport, cela me fait du bien. Je peux parler de mes problèmes et cela me calme. Ici, j’ai retrouvé un cadre, de la force et de l’espoir.» Et des projets : «En septembre, je vais entrer au LTC pour faire un apprentissage en mécanique. Aujourd’hui, je pense à moi et à ma petite fille. Je veux tout faire pour être un bon père.»

Tom (24 ans) est aussi passé par la case prison (deux mois) à cause des drogues. «J’étais un gros con», dit aujourd’hui celui qui a arrêté définitivement le cannabis le 3 décembre dernier après en avoir consommé pendant neuf ans. «Une des conditions pour que je sorte de prison était d’accepter de venir ici et je ne regrette absolument pas, explique-t-il. Ici, il y a un cadre et des règles qui me font du bien. Je ne suis pas seul. Je suis avec des gens qui m’aident. Je fais des choses, comme la randonnée, qui me font plaisir. Je découvre les choses que la vie peut m’offrir. Je me prends en main. J’avance.» Aujourd’hui, Tom revoit sa mère et «cela se passe beaucoup mieux parce qu’elle voit que (j’ai) changé». Celui qui a arrêté les études après la première pense aussi intégrer «l’université de Heidelberg à la rentrée prochaine pour poursuivre un cursus en biologie». Que ce soit pour Tom, Patricia, David ou les autres, la structure Motiv-Action de l’ASBL Solidarité jeunes est incontestablement un tremplin vers une nouvelle vie.

Guillaume Chassaing