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Minett Unesco : les jeunes planchent sur la préservation du patrimoine naturel


Les jeunes ont présenté leurs idées à des représentants politiques et des scientifiques. (photo DR)

Un consortium de jeunes a répondu à l’invitation de la Minett Unesco Biosphere pour trouver des solutions à plusieurs problématiques que rencontre la réserve naturelle du Sud.

Cela ressemble à des exposés d’étudiants, PowerPoint, graphiques manuscrits ou encore courte vidéo pleine d’humour à l’appui. Les travaux de treize jeunes citoyens sont pourtant présentés à un parterre composé d’élus, de représentants du ministère de l’Environnement, de la Minett Unesco Biosphere et du syndicat Pro-Sud très attentifs. Dimanche matin, dans l’auberge de jeunesse An der Schoul à Lasauvage, les propositions de solutions du premier forum jeunes «Minett Beyouthsphere Youth Forum» sont scrutées, interrogées, débattues. Peut-être que certaines d’entre elles deviendront réalité.

Pour arriver à ce résultat, les jeunes volontaires du Grand-Duché et de la Grande Région ont identifié, avec le soutien d’experts scientifiques confirmés, des problèmes environnementaux concrets dans la région.

«Le biologiste nous a dit que les gens ne respectent pas les symboles d’interdiction», note l’une des trois jeunes qui ont travaillé sur ce thème. Par exemple, «ils jettent de nombreux déchets dans la nature», rapporte Elena. Le trio a constaté un excès de signes. Il y aurait trop d’informations pour qu’elles puissent être bien comprises et respectées par le public. Il a imaginé une simplification de la signalétique avec pour ambition de travailler avec les artistes du Sud pour avoir une esthétique plus créative. Les trois jeunes souhaitent également faire preuve de pédagogie en ne se contentant pas de pointer les interdictions, mais en expliquant leur cause. Par exemple : «On tient son chien en laisse dans la nature pour protéger les oisillons.»

Une approche qui plaît beaucoup à Gaëlle Tavernier, manager général du Syndicat Pro-Sud. «C’est hyper-intéressant. Tout ce que les jeunes évoquent sont des pistes que nous avons bien sûr déjà identifiées, mais ils ont une manière de les mettre en place inattendue. L’atelier sur la signalétique rejoint un travail que nous voulions mener depuis longtemps au travers d’une campagne, car il y a énormément d’incivilités comme des barbecues sauvages qui nuisent à l’environnement. En impliquant la population, on peut diminuer le vandalisme. On va continuer à creuser leur idée avec d’autres jeunes et c’est certain qu’on va la mettre en place avec des prémices peut-être dès cet été.»

«Un consortium de jeunes organisé par les jeunes»

Cette initiative s’inscrit dans le programme de protection du patrimoine naturel. «La région Sud fait partie du réseau mondial des réserves de biosphère de l’Unesco dont l’un des objectifs est d’intégrer les jeunes», précise la manager générale. «Il était temps de franchir le pas pour qu’ils nous guident.»

C’est le fruit d’un long processus commencé en septembre dernier et qui s’inspire de ce qui se fait déjà en Allemagne. «On voulait un consortium de jeunes organisé par les jeunes, y compris chez les professionnels. On leur a donné carte blanche avec comme fil conducteur la protection du patrimoine naturel», explique Gaëlle Tavernier. Les jeunes de 18 à 28 ans ont été sollicités au travers d’une campagne qui a été menée notamment dans les réseaux sociaux et dans les lycées. Les participants, issus des onze communes de la réserve de biosphère, du reste du Luxembourg, d’Allemagne, de France et même d’Italie, ont participé au forum, qui a duré tout le week-end.

Et cela a commencé samedi avec un rallye à travers Lasauvage. Les jeunes y ont rencontré des scientifiques qui sont confrontés quotidiennement à des problèmes dans le domaine de la protection de l’environnement et de la conservation de la biodiversité. Après un échange intensif avec les experts, qui ont su expliquer les enjeux du projet, quatre problématiques concrètes ont été identifiées en groupes de travail.

Parmi ces problématiques, le souci de faciliter la construction durable dans la réserve de biosphère. Pour y répondre, les jeunes proposent de rassembler toutes les informations sur une plateforme. «Beaucoup d’informations existent déjà, mais il faudrait les rassembler» et proposer un service de conseils pas à pas, expliquent les jeunes en anglais. Un constat partagé par Anouk Boever-Thill, la présidente du syndicat Pro-Sud, qui rappelle que beaucoup de conseils se trouvent déjà sur le site internet du syndicat. Christiane Brassel-Rausch, la bourgmestre de Differdange, confirme qu’elle aussi se perd dans toutes les informations qu’on trouve sur la toile.

Les jeunes ont aussi travaillé sur la façon de réintroduire les hirondelles dans l’espace urbain et sur la préservation des variétés traditionnelles de fruits et de légumes alors que les graines paysannes sont toujours interdites à la vente.

Dans les mois à venir, la Minett Unesco Biosphere explorera les moyens d’analyser et de mettre en œuvre les idées qui ont émergé lors du forum, en coordination avec les partenaires scientifiques et les communes membres de la réserve de biosphère ainsi qu’avec les ministères concernés.

«Participer pour m’informer»

Peggy Even, 25 ans et ergothérapeute, fait partie de ces jeunes qui ont rejoint le projet. «Je ne connaissais rien à la biodiversité, j’étais juste sensibilisée au réchauffement climatique. Une amie connaissait l’existence de ce projet et je me suis dit que j’allais participer pour m’informer, sans vraiment savoir ce que ça allait donner.» Elle s’est intégrée au groupe travaillant sur la signalétique dans la réserve, «parce qu’on entend souvent de belles paroles, mais rien ne se met en place concrètement». Elle ajoute : «Je voulais travailler sur un projet facile à réaliser réellement et sur lequel je pouvais agir sans avoir besoin de trop de connaissances. En plus, il y avait un volet créatif qui me plaisait bien. Grâce aux experts, j’ai beaucoup appris, notamment sur le jardinage et les animaux.»