Répondant à l’invitation des vignerons, le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, a fait le tour des coteaux, sévèrement touchés par le mildiou cette année. Il n’y aura pas beaucoup de vin en 2016 !
Cette année, Le Quotidien l’a déjà évoqué à plusieurs reprises, les vignes souffrent d’une météo exécrable. Après le gel qui a brûlé bon nombre de bourgeons, c’est maintenant le mildiou qui fait des ravages partout sur la Moselle.
Plasmopara viticola. Voilà le nom latin de la maladie qui pourrit la vie des vignerons cette année. Le mildiou, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est le sujet obligé de toutes les conversations chez les producteurs, au Grand-Duché, mais pas seulement. En Allemagne, on a le même problème. En Champagne, cela faisait 20 ans qu’on n’avait pas vu ça.
L’Alsace a même obtenu fin juin une dérogation temporaire pour effectuer des traitements par hélicoptères dans les vignes en forte pente, tellement la pression du champignon est importante. Même la Loire s’attend à une baisse significative de sa production à cause du mildiou. Bref, ça va mal un peu partout…
Il faut dire que le ciel a offert tout ce qu’il fallait pour que la maladie se propage dans des proportions pratiquement jamais atteintes. Robby Mannes, du service Viticulture de l’Institut viti-vinicole (IVV) de Remich argumente sur la baisse des chiffres récupérés à la station météo de Stadtbredimus, l’une des six dont l’IVV dispose, «en 2015, il avait plu 33,7 l/m2 d’eau au mois de mai. Cette année, ça a été 113,6 l! Même chose en juin où l’on est passé de 49,9 l/m2 d’eau à 175,3 l. Entre trois et quatre fois plus de précipitations d’une année à l’autre, c’est du jamais vu…»
La moitié de la récolte serait déjà perdue
Non seulement, l’humidité est un vecteur de la dispersion de la maladie, mais elle empêche en plus le passage des tracteurs entre les rangs des vignes en pente. Traiter dans des coteaux boueux est scabreux. Et comme, dans le même temps, il fait plutôt doux, toutes les conditions étaient réunies pour une année catastrophe.
Robby Mannes explique que la situation sur le terrain est très complexe. «Il faut vraiment voir au cas par cas. Les dégâts vont de pratiquement rien à pratiquement tout, d’une vigne à l’autre, soutient-il. La propagation du mildiou dépend de la localisation des vignes, du microclimat et de la qualité des traitement effectués.»
Pour l’instant, il est difficile d’évaluer les dégâts par rapport à une récolte normale. «Il peut encore se passer pas mal de choses jusqu’aux vendanges», soupire fataliste le directeur technique de Vinsmoselle, Bernd Karl, qui s’attend à une baisse de 50 % de la production. Roby Ley, directeur de l’IVV, estime qu’«il y aura au minimum 30 % de pertes».
Certains cépages semblent être plus sensibles que d’autres, «les pinots gris et pinots noirs sont les plus touchés», assure Roby Ley. Ce qui ne veut pas dire que les autres sont sains, loin de là… Il existe toutefois une riposte, ce sont les cépages interspécifiques. Créés naturellement, ces cépages hybrides résistent aux maladies cryptogamiques comme le mildiou.
«Nous les testons depuis plusieurs années dans les vignes de l’État et les résultats sont excellents », affirme Robby Mannes. « Ces vignes-là sont toujours saines.» Heureusement pour les vignerons, les grappes survivantes sont belles. Si la récolte est faible, rien ne dit que le vin, lui, sera mauvais. C’est déjà ça…
Erwan Nonet
Une maladie venue d’ailleurs
Tout comme le phylloxéra, l’origine du mildiou ne se trouve pas en Europe, mais en Amérique. On fixe sa date d’arrivée sur le Vieux Continent très précisément en 1878. «À l’époque, les Anglais étaient très friands de plantes exotiques, ils en importaient beaucoup, explique le directeur de l’Institut viti-vinicole (IVV), Roby Ley.
Tant que les traversées étaient longues, la maladie ne survivait pas aux voyages. Mais dès que les bateaux ont été plus rapides, elles s’est propagée chez nous.»
Si les vignes sont si fragiles face à cet agent pathogène, c’est justement du fait de son exotisme : «La résistance naturelle des vignes européennes est très faible face au mildiou, c’est pourquoi il n’y a pas d’autres choix que de les protéger avec des produits phytosanitaires», relève Mareike Schulz, biologiste au service Viticulture de l’IVV.
« Les limites de l’hélicoptère »
Le modèle luxembourgeois, vignoble le plus pentu d’Europe, fait la part belle à l’hélicoptère pour traiter les vignes. Les producteurs se regroupent dans des coopératives et commandent ensemble le traitement à effectuer par les airs. La méthode est moins contraignante et plus rapide que de passer dans les vignes en tracteur, voire à pied. Mais elle est également moins efficace, on le voit aujourd’hui.
«L’an passé, j’ai investi 200 000 euros dans un système qui me permet de passer dans mes vignes en pentes à l’aide d’un treuil, explique Ern Schumacher, le président de l’organisation des vignerons indépendants. Eh bien je remarque que, moi, je n’ai pratiquement pas de dégâts.»
Le problème de l’hélicoptère, c’est qu’il vaporise au-dessus des vignes et que le mildiou se développe sous les feuilles. «Effectivement, nous touchons les limites de l’hélicoptère», reconnaît Robby Mannes, de l’Institut viti-vinicole. Un constat sans appel pour Ern Schumacher, qui ne fera plus appel à l’hélicoptère à partir de l’année prochaine : «J’ai dû traiter mes vignes six fois en plus de l’hélicoptère, cela n’a pas de sens!»
Que peut-on envisager comme traitement « curatif » contre le mildiou ? produit normal ou systémique ?
La Belgique , petit pays de vignerons est également très afecté avec le mildiou et l’oïdium !
Merci pour votre réponse ;
Arthur Verleye