Du côté de la grande commune du centre du pays, outre 400 sinistrés privés, ce sont surtout les bâtiments publics qui ont subi des dégâts. Le point avec son bourgmestre Michel Malherbe.
Le bourgmestre de Mersch, Michel Malherbe, connaît mieux que quiconque la situation topographique de sa commune. Et lors des inondations des 14 et 15 juillet, il a malheureusement dû constater que des bâtiments publics ont bu la tasse. Parmi eux, celui des services de régie, qui se situe à Beringen, où sont employées 60 personnes : «Le site est protégé contre d’éventuelles inondations allant de 1,20 m à 1,40 m, mais on s’est retrouvé avec 1,90 m d’eau.» Un autre bâtiment lui cause des soucis : «Les caves de la Maison de la culture, où étaient stockés de nombreux documents, ont été inondées. Des spots destinés à éclairer la scène où se jouent les spectacles, lesquels coûtent 10 000 euros la pièce, ont tous été cramés. De manière générale, d’énormes dégâts sont à déplorer au niveau électricité. La Maison de la culture est donc toujours fermée. Et je ne parle pas du chauffage et de la ventilation qui ont aussi été détruits… Avec un peu de chance, l’institution rouvrira au mois de décembre», indique le maire avec amertume.
Le désastre ne s’arrête pas là : l’harmonie musicale, elle, ne peut plus tenir ses cours. Au club de foot, le plancher des vestiaires et de la buvette, perforé par l’eau, n’a pas tenu. «On doit refaire tout le bétonnage et le carrelage. Depuis, fort heureusement, les deux terrains de football (un terrain officiel en pelouse et un second synthétique) sont à nouveau opérationnels et l’équipe de la commune a déjà rejoué, sauf qu’il n’y a pas de vestiaires pour les joueurs. Ils ont été entre autres délocalisés dans le hall des sports.» Quant aux autres sports ? L’échevin Henri Krier, responsable des services techniques de la commune, s’en remet aux installations des communes voisines. «On espère que les nouvelles infrastructures scolaires et sportives de Helperknapp seront homologuées par l’ITM en septembre. Donc, si validation il y a, le club de basket de Mersch pourra s’entraîner et jouer là-bas. Concernant le handball, les entraînements se déroulent actuellement à Lintgen, mais on espère qu’il pourra investir le lycée Ermesinde.»
Livres frigorifiés par l’armée au CNL
Pour ce qui est du Centre national de littérature, un institut culturel géré par l’État, «il a carrément été inondé», relate Michel Malherbe. «L’armée est venue en renfort avec une cinquantaine de soldats. Ils ont évacué les livres du sous-sol avant de les frigorifier dans des camions dédiés à cette tâche, puis ils sont partis à Luxembourg. Il s’agit d’un système qui permet ensuite de décongeler chaque page afin de préserver les ouvrages.» En ce qui concerne la prochaine rentrée scolaire, le bourgmestre se montre optimiste et précise que la maison relais et l’école fondamentale seront fonctionnelles. Au lycée Ermesinde, le sous-sol a été partiellement inondé, mais l’établissement devrait être opérationnel pour la rentrée. Par ailleurs, la piscine et le camping, eux, n’ont subi aucun dégât.
Commerces, Horeca et… solidarité
Les commerces ont été nombreux à être touchés, notamment leurs caves. La Spuerkeess et l’agence ING étaient toujours fermées lundi. De manière générale, beaucoup de commerces sont fermés. Le bureau de poste a été fermé durant trois à quatre jours pendant lesquels le service postal n’a pas pu être assuré et une vingtaine de voitures de service de Post ont été noyées. L’Horeca «s’est montré très solidaire pour aider les gens, pour servir des repas. Nous étions sur la brèche 24 h/24 et cela était fort aimable. Des repas ont aussi été servis au Centre Marisca, parce qu’ils n’avaient plus d’électricité, et ne pouvaient pas sortir de chez eux. On a lancé un appel aux différents restaurateurs, qui nous ont servis gracieusement. Et aucune facture ne nous a été envoyée. Je veux vraiment les remercier !»
Vingt-sept personnes relogées
Pour ce qui est du CGDIS local, il a été très réactif, selon le collège échevinal. «Il savait exactement où intervenir.» Une fois que l’eau est montée, «on a informé la population via les réseaux sociaux et par le biais de notre service web», relate le bourgmestre, qui ajoute : «Des pompiers ont été envoyés spécialement dans différentes rues connues pour être à risque. Il fallait prévenir les gens afin qu’ils commencent à vider leurs caves. Certains ont suivi les consignes, mais d’autres pas. Six voitures ont par exemple été inondées chez un privé qui a ignoré les consignes.» Au total, 400 particuliers ont été touchés. Dès le début, 27 personnes ont été relogées. «Et un élan de solidarité s’est mis en place, par le biais de proches ou de voisins, alors qu’un hôtel a mis des chambres à la disposition des sinistrés. D’autres ont été relogés au camping, dans des chalets. Et l’Association des aveugles et malvoyants du Luxembourg s’est aussi montrée solidaire pour le relogement de sinistrés. Tout a très bien fonctionné. Le Servior a également bien aidé, en préparant des repas chauds.»
Des entrepreneurs sont venus aider avec leurs bulldozers et des agriculteurs ont également participé aux opérations en aidant à pomper l’eau des caves. «Et nous avons la chance d’avoir l’entreprise Polygone ici à Mersch. Elle a mis ses services à notre disposition. Merci à tous pour cette incroyable solidarité, qui est aussi venue de nombreuses communes de tout le pays.»
Claude Damiani
La commune a mis en place un compte bancaire pour recueillir des dons : LU 78 0099 7802 0023 7634. Avec la mention «Inondations Mersch»
Six mois de précipitations en deux jours
En deux jours, il est tombé à Mersch autant de litres de pluie que durant six mois l’an dernier. Ce n’était jamais arrivé, de surcroît en été. Certes, la commune est régulièrement touchée par des inondations, mais plutôt aux mois de janvier-février, comme en 1993. La raison est qu’elle se trouve dans une espèce de cuve irriguée par trois rivières : l’Eisch, la Mamer et l’Alzette. Il existe certes des protections, mais elles ne sont pas dimensionnées pour une telle crue. Le collège échevinal évoque une durée de six mois pour remettre en état les bâtiments publics communaux, sachant que la crise sanitaire a rendu plus difficile l’acquisition du matériel nécessaire. À la date de lundi, les dégâts étaient chiffrés à quelque trois millions d’euros, mais les élus s’attendent à une facture plus salée. Et pour les familles sinistrées, l’addition reste inconnue.