Le plus dur n’est pas tant d’y entrer que d’y rester. Marion et Clara, deux jeunes filles originaires de Lorraine, tentent leur chance dans le mannequinat. Un long chemin entamé au Luxembourg.
Clara Biagi est originaire de Rombas, Marion Dziedzic de Villerupt. Toutes deux ont décidé de devenir mannequin et travaillent – entre autres – avec l’agence luxembourgeoise Modinlux. Elles témoignent de leur expérience, parfois bien plus prosaïque qu’elles ne l’auraient cru.
La décision
Marion Dziedzic, 18 ans aujourd’hui, était attirée par le mannequinat depuis toute petite. Un article dans le journal, paru en début d’année, lui a fait l’effet d’un déclic. « Je découvrais alors qu’il existait des agences de mannequins ailleurs qu’à Paris ; l’une était toute proche, raconte la Villeruptienne. Accompagnée de ma mère, je suis allée me présenter. Au culot. Je n’avais aucune photo avec moi. » Un petit shooting plus tard et elle signait un contrat dans la foulée avec Modinlux.
Tout le contraire de Clara Biagi, en somme. Cette dernière n’avait pas spécialement pensé à une telle carrière. Sa mère a envoyé sa candidature « derrière [son] dos » pour un défilé aux Galeries Lafayette de Metz. C’était il y a un peu plus de trois ans. « Sur place, beaucoup de personnes m’ont demandé mes coordonnées. L’une d’entre elles les a transmises à Julie (Tamborini, qui deviendra son agent au sein de Modinlux, NDLR). »
Alors que la jeune fille venait de passer son bac et s’était accordé une année sabbatique, tout se bousculait soudainement : elle signait un contrat à Modinlux et participait dans la foulée au casting Elite. De retour en France, elle était notamment remarquée par Franck Sorbier et défilait pour lui à la Fashion Week de janvier 2014.
Depuis, Clara, qui a maintenant 22 ans, a signé avec des agences parisienne, allemande et suisse. En avril dernier, lassée des allers-retours entre Rombas et Paris, elle s’est installée dans la capitale.
Les difficultés
« Les contrats ne sont pas aussi bien payés qu’on pourrait le croire », témoigne Marion. La jeune fille a récemment réalisé des photos « pour un centre thermal à Mondorf » et s’apprête à refaire un shooting pour une parfumerie à Luxembourg-Ville. De tels contrats représentent une centaine d’euros la journée de travail. « Il faut rester concentrée tout le temps, ce qui n’est pas si évident… » précise-t-elle encore.
Clara fait aussi part d’un rythme de travail en dents de scie : « En ce moment, c’est le calme plat. Pour tout le monde. Mais on va commencer à nous rappeler pour le mois de janvier, durant lequel il y a la Fashion Week, les présentations des nouvelles collections, etc. »
Du coup, impossible pour elle d’estimer combien elle gagne par mois. « Je n’ai pas encore fait le calcul. Ce que j’ai déjà décroché, ce sont des shooting à la journée pour des catalogues. On peut compter 900 € pour ce type de travail. C’est vraiment pas mal. Le tout-venant, ce sont les collaborations avec les « look-book » (catalogue de magasins pour leurs clients, NDLR) et les « e-shop » (sites du type monshowroom, showroomprive). P as très intéressant, mais régulier : ça me fait bosser 2, 3 fois par semaine depuis 2 mois. »
Le rêve absolu ? Une « campagne » ! « Ces affiches publicitaires d’au moins 2 m², qu’on voit sous les abri de bus ou dans le métro , décrit Clara. On peut toucher 30 000 à 50 000 € d’un coup, puis, tous les mois pendant deux ans (le temps d’exploitation de la photo) , entre 1 000 et 2 000 €. » Le jackpot, quoi. « Mais ça ne m’est encore jamais arrivé », précise la nouvelle Parisienne.
Et maintenant ?
« À mon arrivée à Paris, je n’avais ni argent, ni appart, ni réseau , rappelle Clara. Je travaille bien depuis août, septembre seulement. Là, je me laisse encore jusqu’à août pour faire une estimation de ce que je gagne réellement chaque mois. Et je trancherai : soit je fais autre chose, soit je travaille en parallèle… »
Clara assure qu’on peut espérer travailler comme mannequin – « si on vieillit bien, qu’on se maintient en forme et que d’éventuelles grossesses ne nous ont pas trop déformées » – jusqu’à 35 ans.
Quant à Marion, elle n’imagine pas déménager à Paris, « même si on me l’a déjà conseillé plusieurs fois. Je sais que ça ne peut pas durer longtemps, donc je préfère privilégier mes études. Le mannequinat est avant tout, pour moi, un loisir, comme d’autres pratiquent un sport. »