Environ deux mille personnes ont répondu, vendredi dernier, à l’appel à manifester lancé par Lëtz Rise Up en hommage à George Floyd et pour dénoncer le racisme. Sandrine Gashonga revient sur cet événement.
Sandrine Gashonga est la fondatrice et présidente de l’ASBL féministe et antiraciste Lëtz Rise Up, à l’origine du rassemblement qui s’est tenu le 5 juin devant l’ambassade des États-Unis à Luxembourg pour «soutenir George Floyd et dénoncer le racisme structurel également visible au Grand-Duché».
Votre appel à manifester a visiblement été entendu : environ 2 000 personnes ont participé au rassemblement du 5 juin. Vous attendiez-vous à autant de monde?
Sincèrement, non! Nous pensions bien qu’il y aurait des personnes sensibles à cette cause, mais je ne m’attendais pas à ce qu’autant de jeunes se déplacent. Personnellement, je n’ai jamais vu autant de jeunes Noirs au même endroit au Luxembourg! C’était un rassemblement très mixte, très multiculturel : les participants étaient de tous âges, il y avait des anglophones, des francophones, beaucoup de Luxembourgeois… Mais la présence des jeunes était particulièrement notable. Ça faisait vraiment chaud au cœur de se rendre compte que eux aussi sont engagés, et que eux aussi connaissent leurs racines. Pour moi, c’était vraiment extraordinaire. On pouvait voir qu’au travers de nos discours, par rapport à des éléments, des expériences qu’on évoquait, ces jeunes comprenaient exactement de quoi nous parlions. C’est quelque chose qui fait mal, car cela signifie que peu de choses ont changé depuis le temps où nous étions nous-mêmes à l’école et que nous y subissions aussi le racisme. Malheureusement, cela se passe encore aujourd’hui.
Il y avait une demande qui était là, latente, que personne ne considérait
Que traduit selon vous une telle mobilisation de la part des jeunes?
Pour nous, c’est un appel à continuer à mener des actions. Ce que j’ai ressenti aussi chez ces jeunes-là, c’est qu’ils n’étaient pas venus se poser en victimes ou se plaindre. Ils étaient venus dire : « On est là. On est fiers d’être ce que nous sommes, et on veut qu’on nous laisse continuer à être fiers de ce que nous sommes ».
Comment s’est déroulée la manifestation?
C’était très pacifique. Certaines personnes sont venues très en avance, jusqu’à une heure avant le début de la manifestation! Au début, et tant qu’ils ont pu, les gens respectaient la distanciation sociale. Une dizaine de personnes de notre équipe circulaient pour gérer la situation. Mais étant donné le nombre de participants, c’est devenu plus compliqué par la suite de respecter les distances. Par contre, tout le monde avait un masque. Nous en avions ramené au cas où les gens n’en auraient pas et même la police – qui a été très coopérative et pacifique – a proposé de nous en fournir si nécessaire. J’ai ressenti une énergie très positive. Il y avait beaucoup de slogans « Black Lives Matter » bien sûr, mais aussi « Soyons fiers de ce que nous sommes », « Nous voulons la justice » ou « Stop au racisme ».
Des rassemblements de cette envergure restent rares au Grand-Duché…
Cela traduit un besoin qui n’a pas encore été traité. Il y avait une demande qui était là, latente, que personne ne considérait. Pour nous, il est donc vraiment très important de ne pas s’arrêter là, mais de proposer quelque chose à ces jeunes qui sont vraiment en demande de reconnaissance.
Que comptez-vous leur proposer et quelles actions allez-vous mener par la suite?
Lëtz Rise Up s’est associée à une action menée sur les réseaux sociaux par Doriane Hardy et Auréliane Hardy Kavutse, deux sœurs qui sont nées et ont grandi au Luxembourg. Afin de continuer à interroger notre société et à lutter contre le racisme structurel, elles ont proposé de soutenir l’égalité de traitement ou de dénoncer le racisme en écrivant un message tel que « Black Lives Matter » ou « solidarité » par exemple sur nos masques portés vendredi dans les lieux publics et de poster une photo sur les réseaux avec le hashtag #luxblm.
Lëtz Rise Up a également prévu d’engager un dialogue avec les jeunes pour connaître leurs besoins, et de là découleront nos prochaines actions. C’est vraiment notre priorité. Nous allons aussi organiser dans un lycée en septembre un atelier d’autodéfense contre les propos racistes et sexistes, destiné aux jeunes filles racisées. Les intervenantes seront les formatrices de l’ASBL Garance, une association qui lutte depuis sa création en 2000 contre les violences basées sur le genre.
Entretien avec Tatiana Salvan
Il faut vraiment être sacrémment débile pour s’en prendre à des statues .Cela prouve une fois de plus le manque de maturité de tout cette manifestation d’abrutis qui n’ont rien d’autre à faire de leur pauvre vie ! Quelle décadence ! On efface pas l’histoire d’un revers de bâton pour satisfaire une minorité d’imbéciles .