Serge Wilmes est la nouvelle tête de pont du CSV dans la capitale. Le député de 34 ans estime que son parti a un coup à jouer lors des prochaines élections communales qui auront lieu dans un peu moins d’un an.
Le nouveau président ne s’en cache pas : il ne vise rien d’autre qu’un retour dans la majorité qui sortira des urnes en octobre 2017. Il estime que la coalition actuelle «est à bout de souffle» et il est donc prêt à discuter avec tous ceux qui proposeront un renouveau.
Le Quotidien : Vous avez été élu lundi avec 72 % des voix, face au conseiller communal Maurice Bauer. Vous attendiez-vous à un tel plébiscite?
Serge Wilmes : C’est vrai… je remercie tous ceux qui m’ont fait confiance, parce que j’avais tout de même un concurrent. Je suis honoré d’avoir reçu un résultat aussi confortable, mais, maintenant, le plus important est de travailler en équipe. La première étape sera de constituer la liste des 27 candidats chrétiens-sociaux pour les prochaines élections communales (NDLR : le 8 octobre 2017). L’assemblée générale aura lieu au début de l’année prochaine.
Quels arguments proposerez-vous pour convaincre les électeurs?
Cette majorité bleue-verte (NDLR : DP-déi gréng) est à bout de souffle. Elle n’a plus d’idées et se borne à réaliser une politique du laisser-faire. Politiquement, le collège échevinal ne prend pas ses responsabilités. On le voit particulièrement sur son projet phare qu’est le nouveau PAG. Lors des réunions d’information, on était loin de la démocratie participative pourtant prônée par les écologistes. Il y a eu une séance pour 20 000 habitants. Beaucoup n’ont pas pu entrer dans les salles et les chanceux qui étaient à l’intérieur ont été écrasés par un discours porté sur les détails, les chiffres et les statistiques. Ces monologues étaient une tactique politique.
Que reprochez-vous concrètement au PAG?
Il n’est pas cohérent et son application ne va conduire qu’à un déséquilibre encore plus grand entre le nombre d’habitants et celui des navetteurs. Nous ne proposons pas un plaidoyer contre la création d’emplois, mais il est indispensable d’encadrer ce développement. Notamment sur la question de la mobilité.
Le tram, qui est actuellement en cours de construction, ne suffit donc pas à vos yeux?
Il ne sera pas suffisant. C’est un maillon de la chaîne, mais il en faut davantage. Qu’en est-il des lignes de bus prioritaires sur les grands axes? Quand sera réalisé le boulevard de Merl qui reliera le quartier à Cessange? Quid de nouveaux park & ride, d’une densification du réseau de Vel’oh! et de la création de pistes cyclables en site propre? Et tous ces chantiers qui ne sont pas coordonnés… Lydie Polfer répond à chaque fois qu’une ville avec des chantiers est une ville qui vit, mais pour moi, une ville avec trop de chantiers est une ville qui meurt.
Quelles sont vos ambitions pour les prochaines élections communales?
Cela fait 11 ans que le CSV est dans l’opposition, notre ambition est très claire : retrouver une place au sein du collège échevinal.
Pour l’instant, le CSV ne compte que cinq conseillers communaux sur 27. Cela risque d’être compliqué…
Les écologistes sont autant que nous et nous comptons bien gagner davantage de sièges! Nous allons aller sur le terrain pour convaincre les électeurs qu’une autre politique est possible.
Vous vous voyez travailler avec le DP?
Attendons d’abord le résultat des élections. Je ne vais pas me lancer aujourd’hui dans ce jeu des coalitions possibles. Notre position, c’est que nous serons toujours ouverts pour discuter avec tous les partis élus. L’important sera de trouver une coalition stable et viable.
Jusqu’à présent, Isabel Wiseler présidait la section. C’est la désignation de son mari, Claude Wiseler, en tant que tête de liste CSV aux futures élections législatives, qui l’a incitée à laisser la place?
Oui. À l’origine, Claude Wiseler devait être la tête de liste aux communales. Mais puisque ses priorités ont changé et qu’Isabel Wiseler avait déclaré qu’elle était prête à laisser la place à un jeune, j’ai dit que j’étais prêt si les membres de la section m’adoubaient. À partir d’aujourd’hui, je vais donc relever le défi.
Votre élection signifie-t-elle que le CSV jouera désormais une carte jeune?
Le CSV pouvait effectivement avoir l’image d’un parti un peu vieillot et trop sérieux, mais nous allons lancer le renouveau! Il y aura de nouveaux visages dans la liste que nous présenterons l’année prochaine. On verra des plus jeunes, mais aussi des candidats affichant un autre profil.
Après les élections communales, il y aura les élections législatives. Seriez-vous également candidat?
Bien sûr! Je me représenterai en 2018 pour la députation. Être député est un honneur. D’ailleurs, élu communal et député sont deux fonctions très complémentaires, de nombreux collègues sont dans ce cas. Par contre, je ne briguerai pas de poste ministériel au cas où le CSV remporterait les législatives. Certains l’ont fait récemment (NDLR : Xavier Bettel), mais moi, je resterais au conseil communal si je suis bourgmestre.
Erwan Nonet
Portrait express
Historien contemporain de formation (université de Nancy puis de Luxembourg) et originaire de Merl, Serge Wilmes est âgé de 34 ans et a déjà passé la moitié de sa vie au CSV.
Président de la Jeunesse chrétienne-sociale pendant six ans (de 2008 à 2014), il devient député en 2012, date à laquelle il succède à Lucien Thill, décédé. Il est réélu en 2013 et porte à la Chambre la parole de son parti sur les questions portant sur la sécurité sociale et la mobilité.
Jusqu’à lundi dernier, il était également secrétaire de la section CSV de la capitale. Il en est devenu le président en récoltant 72 % des suffrages lors de l’assemblée générale.