Le Grand-Duché finance un programme de préservation d’espèces animales montagnardes menacées, qui fonctionne selon le principe d’adaptation aux changements climatiques.
Des champs brûlés par la chaleur, des cultures détruites par le manque d’eau, des paysans qui perdent leur source de revenus… Les effets du changement climatique se manifestent de manière de plus en plus visible. Certaines régions se réchauffent 20 à 50 fois plus vite que nos latitudes. Les habitants de ces régions fuient la sécheresse vers des terres encore fertiles, dans des zones montagneuses, au détriment des espèces animales, elles aussi victimes du changement climatique. Les hommes investissent l’habitat des animaux et les mettent en danger en les repoussant vers des habitats qui ne leur conviennent pas ou les exposent à de nouveaux dangers.
Les tigres du Bengale au Bhoutan ont besoin d’herbes hautes et se retrouvent à vivre en forêt. En Ouganda et au Rwanda, par exemple, les périodes de grande sécheresse s’allongent considérablement au point que l’eau vient à manquer et que les habitants vont la puiser dans les régions habitées par les gorilles. Ils y importent leurs maladies d’hommes et les transmettent aux grands singes. Dans l’Himalaya, le réchauffement climatique se produit 75 % plus rapidement qu’en moyenne mondiale, pouvant conduire à la décimation de deux tiers des habitats des léopards des neiges d’ici 2070.
Le léopard des neiges et le tigre du Bengale font, comme le gorille, partie des animaux menacés d’extinction par l’homme ainsi que par les effets du changement climatique. Ce sont ces trois espèces que le gouvernement luxembourgeois a choisi d’aider en participant financièrement au programme des Nations unies pour l’environnement «Vanishing Treasures», dédié à la préservation d’espèces montagnardes menacées par le changement climatique. Sa contribution financière est de neuf millions d’euros.
«Protéger les animaux, protéger la montagne»
Ce projet encourage l’adaptation au changement climatique par les populations locales et la conservation de la biodiversité. Une première pour le Luxembourg.
«Pour protéger les animaux, il faut protéger la montagne et les hommes», note Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement. Le programme permet, entre autres, d’apprendre aux populations locales à s’adapter aux effets du changement climatique tout en respectant les écosystèmes. «L’objectif global sera de mieux comprendre la vulnérabilité des animaux face au changement climatique et les services écosystémiques touchés», détaille la ministre, qui ajoute : «Sur le long terme, en travaillant avec les populations locales, le programme vise aussi à promouvoir des pratiques d’utilisation alternatives des terres qui peuvent contribuer à l’atténuation climatique et réduire la pression sur les espèces vivant à proximité des communautés.»
Les régions concernées par le programme sont les montagnes des Virunga en Ouganda et au Rwanda, les montagnes d’Asie centrale au Tadjikistan et au Kirghizstan, ainsi que l’Himalaya au Bhoutan. Le projet durera quatre ans. L’aide financière apportée vient s’ajouter aux 120 millions d’euros de contribution luxembourgeoise pour soutenir l’action climatique dans les pays en développement entre 2014 et 2020.
Carole Dieschbourg indique que le sort des animaux permet de rendre tangible les effets du changement climatique et qu’il ne faut pas oublier que l’homme n’est jamais loin. Faire marche arrière n’est plus possible. Il ne reste plus qu’à guérir et prévenir.
Sophie Kieffer