Accueil | Luxembourg | Luxembourg : un centre pour fédérer les acteurs de la culture industrielle

Luxembourg : un centre pour fédérer les acteurs de la culture industrielle


Les responsables se sont réunis à Tétange lundi (Photo : Claude Lenert).

La ministre de la Culture a présenté lundi le concept du Centre national de la culture industrielle qui va prendre forme grâce à l’ASBL Industriekultur-CNCI, mais sans siège pour le moment.

La ministre de la Culture, Sam Tanson, a acté lundi la création d’un nouveau concept : un Centre national de la culture industrielle. Un projet confié à l’ASBL Industriekultur-CNCI, également présente ce matin à la Schungfabrik de Tétange. Alors que le concept était déjà inscrit dans le projet de loi du Conseil de gouvernement en 2009, la crise était venue bousculer le programme. Il aura fallu attendre plus de dix ans pour que le projet voit le jour, mais sans siège physique pour le moment : «Ce n’est pas l’important», assure Sam Tanson. «Le plus important, c’est qu’un réseau décentralisé se constitue et que le CNCI en soit la porte d’entrée» entre les structures touchées par la culture industrielle. C’est l’un des rôles du CNCI, qui aura notamment pour but de valoriser ces structures, de transmettre au public des connaissances sur la culture industrielle du pays ou encore de faire revivre d’anciens sites industriels.

«Nous avons travaillé jusqu’à la dernière minute pour que ce projet soit prêt à temps», avoue Marlène Kreins, la coprésidente de l’ASBL Industriekultur-CNCI. «Les associations avaient déjà été très déçues lorsque le projet avait été repoussé et elles étaient très demandeuses de ce que cela se mette en place. L’idée du premier concept avait été imaginée pour la première fois en 2004.»
Le CNCI doit «rassembler toutes les associations. Beaucoup se connaissent déjà mais n’ont encore jamais travaillé ensemble. Ce centre peut aussi leur apporter de l’aide pour réaliser leurs propres projets, trouver des synergies entre les différentes structures. Surtout que la plupart des membres d’associations sont bénévoles, on pourra les épauler. Toutes les associations partenaires étaient très partantes pour participer à ce projet.»

Un concentré de mémoire industrielle

Selon sa coprésidente, l’ASBL Industriekultur-CNCI souhaite déjà mettre des choses concrètes en place pour 2022, lorsqu’Esch-sur-Alzette sera capitale européenne de la culture.
Des pistes sont envisagées pour trouver un lieu. Le plus probable, c’est qu’il se situera aux hauts-fourneaux ou à proximité immédiate d’un site industriel.
Pour la ministre de la Culture, ce projet participera à une mission essentielle : «Protéger le patrimoine industriel et le mettre en valeur. Cela a également un côté pédagogique en permettant de garder le patrimoine industriel dans les mémoires. Enfin, le projet met en avant les différentes ASBL qui existent déjà.»

Selon Misch Feinen, le coprésident de l’ASBL, ce centre national devrait aussi permettre de préserver le patrimoine immatériel de la culture industrielle grâce aux archives composées notamment de témoignages. Car la CNCI a également pour ambition de rassembler des collections historiques pour permettre à tout un chacun de les consulter, qu’il s’agisse d’historiens, de scientifiques, de chercheurs, d’écoliers, d’étudiants ou encore de familles.
«Ce sera un lieu où les visiteurs pourront venir s’informer, faire des réservations…», évoque Lynn Reiter, la cotrésorière du CNCI, qu’elle voit comme un atout pour le tourisme culturel. Ce centre aura aussi la capacité de faire des offensives publicitaires plus agressives et donc d’offrir une meilleure visibilité à toutes les initiatives prises dans le domaine de la culture industrielle.
Plus qu’un simple lieu de connaissances de l’industrie, des technologies et des sciences du passé jusqu’au XXIe siècle, il est aussi destiné à s’interroger sur leur influence dans la société luxembourgeoise.
À terme, le CNCI est censé devenir un véritable centre décentralisé à vocation nationale au même titre que des centres/musées «nationaux» consacrés à l’art, à l’histoire ou à l’histoire naturelle.
L’industrie, qui a fondé le pays pendant plus de deux siècles, est inhérente à la culture du Luxembourg et mérite d’être mise en lumière. Désormais, elle devrait l’être davantage, à juste titre.

Audrey Libiez

Un patrimoine surtout soutenu par les bénévoles

Dans le projet présenté lundi par l’association Industriekultur-CNCI et signé par la ministre de la Culture, il est stipulé que le patrimoine industriel a fait l’objet «d’un intérêt croissant dans la seconde moitié du
XXe siècle, surtout depuis la crise de la sidérurgie des années 1970. Le ministère de la Culture en a souligné l’importance par la loi de 1983 sur les sites et monuments nationaux en y certifiant officiellement l’intérêt du patrimoine scientifique, technique et industriel». Aujourd’hui, il existe une vingtaine de musées dédiés à l’histoire industrielle du pays.
Le mérite de ces initiatives revient le plus souvent «aux passionnés de l’histoire locale, aux associations et collectionneurs d’objets et de documents, aux photographes et archéologues amateurs». C’est cette caractéristique qui donne la légitimité de la création d’un Centre national de la culture industrielle qui manque actuellement : «Souvent basées essentiellement sur le travail assidu de bénévoles, nombre de ces structures ne disposent pas de moyens financiers et humains suffisants pour se développer suivant leurs objectifs, pour assurer une communication permanente au public ou pour faire les recherches scientifiques nécessaires au développement de nouveaux projets.»

Le CNCI au centre d’un réseau

Le réseau de coopération du CNCI se développera sur plusieurs niveaux  en partenariat avec les musées et centres de documentation de la culture industrielle, les sites du patrimoine industriel et d’autres.
Les revendications des associations et structures travaillant dans le domaine de la culture industrielle qui ont été recueillies en vue d’une réunion avec la ministre de la Culture en octobre dernier sont multiples. Cela va du soutien et du conseil au niveau de la gérance des bénévoles à l’aide dans les domaines de l’administration, de la comptabilité et de la communication en passant par une offre de solutions satisfaisantes pour le stockage, la documentation, l’archivage tant physique qu’immatériel des collections et la digitalisation des données. Le CNCI entamera des coopérations dans la région transfrontalière sur la base de nombreux liens communs en matière d’histoire industrielle. Le CNCI prévoit, par ailleurs, d’intégrer le grand réseau de l’«European Route of Industrial Heritage (ERIH)» au niveau européen.
La réaffectation d’un certain nombre de sites industriels et techniques a permis de conserver une partie du patrimoine tout en exploitant les bâtiments, à l’exemple de la Kulturfabrik, de l’ancien abattoir d’Esch, du site de la Cellula à Bettembourg ou encore du Creative Hub 1535° à Differdange. Tous ces lieux seront également des partenaires du CNCI mais de façon plus ponctuelle.
Le CNCI sera une structure ouverte à la coopération avec toute autre institution.