Dimanche dernier, pour la réouverture des salles de restaurant, patrons et clients ont dû composer avec un invité indésirable : le test Covid. Une mesure qui passe plutôt mal.
Pas facile de reprendre le rythme du service en salle après cinq mois d’arrêt. Seul aux manettes de la brasserie dudelangeoise À côté, Jacky Beguin confie avoir eu un peu de mal à redémarrer la machine dimanche : «Il a fallu retrouver ses marques, ses automatismes, après tous ces mois… Et comme j’ai été contraint de licencier mon serveur, je me retrouve seul aujourd’hui pour gérer la salle et la terrasse donc c’est pas évident.»
Ce sont les habitués, à l’heure au rendez-vous de la réouverture, qui l’ont vite remotivé : «Avec le week-end prolongé, certains étaient partis donc on a eu un peu moins d’affluence, mais les clients fidèles étaient là et ils ont pu enfin manger nos plats à table, dans une assiette et pas dans des boîtes en carton !», souligne-t-il en faisant allusion à la vente à emporter qui lui a permis de tenir ces derniers mois.
Quant aux fameux tests obligatoires pour accéder à la salle, si une partie de la clientèle comprend cette mesure et s’y plie sans encombre, ça coince pour l’autre partie. «Les tests obligatoires bloquent un peu les gens, on l’a vu encore ce midi : la semaine, on a une clientèle de bureau, qui n’a parfois qu’une demi-heure pour déjeuner, donc c’est compliqué pour eux de faire un test et d’attendre le résultat», remarque-t-il, tout comme son épouse, elle aussi dans le métier : «À Luxembourg, où ma femme tient une brasserie, beaucoup de clients sont agacés face à cette mesure. Globalement, les gens se plaignent et ne voient pas pourquoi faire un test alors qu’ils sont vaccinés.»
«Les clients n’ont pas voulu rentrer»
Même constat du côté de la brasserie Rex à Esch-sur-Alzette. Alors que tout était prêt pour accueillir à nouveau les clients à l’intérieur, la salle est restée déserte dimanche : «On a eu de nombreux clients, mais ils n’ont pas voulu rentrer. Tous ont préféré s’installer en terrasse plutôt que d’avoir à effectuer un test», rapporte, un peu dépité, le patron Louis Wagner. «Beaucoup de personnes sont déjà doublement vaccinées et ne comprennent pas qu’on leur demande encore un test pour prendre un café à une table», poursuit-il.
Un flou règne par ailleurs sur le coût de ces tests : «Des clients nous ont demandé combien on faisait payer nos autotests. Sur le coup, je n’ai pas compris, alors ils m’ont expliqué qu’un autre établissement facturait 7 euros le test.» En effet, si la fédération Horesca a négocié 500 000 autotests destinés aux professionnels du secteur, ce stock va vite s’épuiser. Ce qui contraint les hôteliers, restaurateurs et cafetiers à en commander. Libre à eux ensuite de répercuter ou pas cette charge supplémentaire sur leurs tarifs ou de faire payer directement le test au client.
«Moi, je n’ai même pas reçu les miens ! C’est mon épouse qui m’a dépanné avec son propre stock», explique Jacky Beguin, qui confirme que si la mesure perdure, il devra forcément facturer les tests à sa clientèle. Sachant que les prochaines annonces du gouvernement concernant le secteur Horeca ne sont pas attendues avant le 12 juin, il est probable que rapidement ces autotests à l’entrée des établissements soient payants.
Au-delà de cette mesure qui divise, l’ambiance était tout de même au beau fixe dimanche, contrairement à la météo : «Les gens étaient heureux de revenir, d’être plus nombreux autour de la table et de pouvoir profiter de la terrasse plus longtemps. On a eu du monde jusqu’à 21 h 30», se réjouit Louis Wagner. Une première journée en demi-teinte, qui pourrait bien donner le ton des semaines à venir.
Christelle Brucker