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Luxembourg – Rencontre avec les forains de la Schueberfouer


"Il y a toujours quelque chose à faire à la confiserie" affirme Anna. (Photo : LQ)

Nettoyage, maintenance des manèges, accueil des client… Forain, c’est plusieurs métiers en un. Témoignages.

La musique ne résonne pas, les cris sont inexistants, les rideaux des différents vendeurs et confiseurs sont tirés… Il est 10  h, jeudi, le Glacis semble encore endormi. Mais les apparences sont trompeuses. Des jets d’eau se font entendre ici et là, des camions et camionnettes exécutent leur ballet de livraisons, le Méga G4 tourne au ralenti et les voitures du Panamericana roulent à vide… Il y a de la vie à la Schueberfouer.

« Comme tous les jours depuis le début de la Fouer, je suis debout depuis 9  h , indique Frédéric (45  ans), le propriétaire du Twister. On est un peu fatigués, mais ça va, on est habitués. Là, on nettoie le manège, on entretient, on graisse, on répare, on en profite aussi pour faire la comptabilité ou encore les papiers administratifs… Un forain doit savoir tout faire. On est les rois de la débrouille. »

«L’esprit et le cœur forain»

Un peu plus loin, Fabienne (54  ans) et Nano (60  ans) ont déjà ouvert leur stand «Riri, Fifi et Loulou», « un bazar forain », selon eux, et leur pêche aux canards. Ils s’activent « pour remettre de la marchandise (NDLR  : jouets, peluches…), nettoyer le stand, discuter avec les voisins… ».

Car même s’ils ne nient pas qu’ils sont concurrents d’une certaine manière, la famille des forains n’est pas vaine. « Il y a de l’entraide parmi les forains , souligne Nano. On se file des coups de main s’il y a des problèmes, on s’échange des informations sur les différentes foires… » Et le soir, ou plutôt dans la nuit, il n’est pas rare que certains se retrouvent sur leur campement pour boire un verre avant d’aller se coucher.

Du côté de Charles (54  ans) et Anna (51  ans), qui tiennent avec leur fille Mandy (27  ans), les deux confiseries Hary et un manège d’autos tamponneuses, c’est la course. « On est un peu en retard ce matin », disent les Luxembourgeois, originaires de Wahl. « Dans la confiserie, il y a toujours quelque chose à faire , enchaîne Anna avec sa voix enrouée à force de parler fort pour se faire entendre par-dessus la musique. Les heures, il ne faut pas les compter, sinon c’est trop dur. »

À la louche, entre un départ du travail effectué entre 1  h  30 et 2  h  30, et une arrivée sur le manège ou le stand vers 10  h avec une pause d’une heure pour déjeuner, un forain travaillerait en moyenne plus de 15  heures par jour. « C’est à peu près ça, entre 12 et 15  heures , avance Frédéric. Notre tête est prise non-stop par le manège. Forain, ce n’est pas un travail, c’est une vie. Et je ne changerais pour rien au monde. »

« La pause est un mot inconnu chez nous , affirme Nano. Après la Schueberfouer, on prendra la direction d’Épernay (France). On ne s’arrête pratiquement pas de mars au 23  décembre. Pour faire ce métier, il faut avoir l’esprit et le cœur forains. »

Guillaume Chassaing