L’ASBL Eurosolar a publié un guide montrant les possibilités que peut offrir le photovoltaïque, notamment en termes d’intégration et de design dans un projet.
Le Luxembourg nourrit des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables. Actuellement, 77 % de l’électricité du pays est produite à partir de sources d’énergies renouvelables. Mais cette production ne couvre que 16 % de la consommation nationale. Le Luxembourg se fournit donc principalement en la matière par le biais d’importations depuis l’Allemagne. Face au changement climatique, le pays s’est donc fixé des objectifs ambitieux afin de moins polluer, mais aussi et surtout être moins dépendant aux énergies fossiles et donc avoir une meilleure maîtrise de ses besoins en énergie. Pour cela, le pays s’équipe progressivement avec de nouvelles éoliennes, coûteuses et souvent peu appréciées du voisinage. Contrairement aux panneaux photovoltaïques qui passent désormais presque inaperçus dans le paysage.
D’ailleurs, le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, ambitionne de multiplier le nombre de panneaux photovoltaïques afin de pouvoir produire 100 mégawatts d’électricité supplémentaires chaque année pour arriver à une production totale de 1 000 mégawatts en 2030 rien que pour le photovoltaïque. Ambitieux quand on sait qu’en 2018 la production totale d’énergie était de 130 mégawatts au Luxembourg. Mais à la décharge du ministre, en dix ans, le photovoltaïque s’est démocratisé et la production d’électricité par ce procédé a progressé de 500 % entre 2008 et 2018.
Pour informer et inciter tant les professionnels du bâtiment que les particuliers, l’association Eurosolar a publié le Guide luxembourgeois d’intégration architecturale des panneaux solaires photovoltaïques. En collaboration avec l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI), myenergy, la Chambre des métiers et la Fédération des artisans, Eurosolar souhaite faire du panneau solaire une normalité sur les toits des bâtiments au Luxembourg.
«On pourrait aller beaucoup plus loin dans la démarche en obligeant les nouvelles constructions à s’équiper en panneaux photovoltaïques, mais cela doit être une décision politique», confie Paul Zens, le président de l’ASBL depuis le mois de mai. Mais avant d’en arriver là, Paul Zens a présenté le guide en question, qui vise à «inspirer et à promouvoir le photovoltaïque» auprès des acteurs du bâtiment. La publication d’une trentaine de pages montre des panneaux photovoltaïques parfaitement intégrés aux bâtiments et avec un certain design.
Tout est possible
On est bien loin de l’affreux rectangle posé sur les toits. Le panneau peut désormais s’intégrer parfaitement dans la toiture ou même s’assimile à la toiture dans son entièreté ou encore imite les ardoises du toit. Le progrès est tel que le panneau peut également être translucide. Les dernières technologies peuvent donc laisser la place à l’architecture alors qu’il y a encore quelques années les panneaux solaires gâchaient presque le travail de l’architecte. Mais encore faut-il s’en donner les moyens.
«Dans le bâtiment, tout est possible. Faut-il encore en donner le goût pour le faire. C’est aussi un peu le but de ce guide. Mais c’est vrai que le paramètre du prix doit être pris en compte. Mais aujourd’hui, le prix du panneau photovoltaïque standard est en baisse et nous sommes capables de l’intégrer harmonieusement dans les projets», a expliqué Gilles Christnach, ingénieur civil électromécanique et directeur du bureau d’ingénieurs-conseil Betic qui a déjà travaillé sur plusieurs projets incluant des panneaux photovoltaïques au Luxembourg.
L’autre considération à prendre en compte est de savoir si le secteur du bâtiment dispose du savoir-faire pour installer tout type d’installation solaire. «Il n’y a aucun problème à ce niveau. Le secteur du bâtiment a ce savoir-faire. Mais il est toujours plus facile d’intégrer les panneaux solaires au moment de la construction que par la suite», précise Albert Goedert, architecte et associé au sein du bureau eschois Beng. «Pour revenir à la question du prix, il faut également envisager le photovoltaïque comme un investissement qui rapporte de l’argent sur le long terme», souligne l’architecte.
Outre les particuliers et les bâtiments résidentiels, les bâtiments de bureaux, les industries ou les collectivités disposent souvent d’une toiture pouvant accueillir une grande surface de panneaux solaires. D’autant plus que l’État a récemment élargi les conditions d’installation pour permettre les très grandes installations. Là aussi, la publication d’Eurosolar montre le potentiel du photovoltaïque par des exemples concrets dans l’espoir de donner des idées aux architectes, ingénieurs, promoteurs, investisseurs et particuliers. La publication est disponible sur le site internet archipv.lu, entièrement consacré au sujet.
Jeremy Zabatta