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Luxembourg : pour Lydie Polfer, les communales sont encore loin


Lydie Polfer, lundi soir à la tribune du Grand Théâtre. Les élections communales n'étaient pas encore à l'ordre du jour. (photo H.Montaigu)

La bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, a tenu un discours assez consensuel lors de la réception de ses services pour le nouvel an. Quoique… Les travaux du tram, le nouveau plan d’aménagement général (PAG), trois nouvelles crèches, le futur stade…et les élections communales?

À quoi pensait-elle, Lydie Polfer, en récitant son discours de nouvel an à la tribune du Grand Théâtre? La bourgmestre de Luxembourg adore cet exercice  : rencontrer les gens. En l’occurrence, lundi soir, elle recevait 4  000 invités, ce qui équivaut au nombre d’employés des services communaux. D’un autre côté, Lydie Polfer n’aime pas jouer ce jeu trop longtemps. Le sourire permanent, les serrages de louches qui durent, les faux-semblants, très peu pour elle. Lydie Polfer a ce «truc» de basketteuse, ce sport qu’elle aime tant  : iI faut que ça pulse, une fois lancée, elle ne retourne pas dans sa zone de confort.

Lundi, en quittant l’estrade, elle semblait absorbée dans ses pensées. « Les 130  nouveaux logements sociaux, j’ai oublié d’en parler… » Sur ses notes, des points soigneusement énumérés, des ratures, des mots soulignés. « J’ai écourté, je ne voulais pas que ça devienne ennuyeux .»

Il faut dire qu’avec la liste des travaux lancés (ou poursuivis) en 2016, il y avait de quoi faire : le tram, évidemment, future arête dorsale de la mobilité dans la capitale. La mise en fonction de la première tranche (de Luxexpo au pont Rouge), toujours prévue pour l’automne 2017. En 2021, l’extension à toute la ville du tram, de la périphérie sud jusqu’à l’aéroport. Le vote en mars du plan d’aménagement général. Le nouveau stade aussi, déjà voté et annoncé pour début 2019 près de la Cloche d’or. « La formidable réussite » de l’ascenseur du Pfaffenthal, que l’on peut désormais emprunter tous les jours. Enfin, trois nouvelles crèches ont été annoncées pour 2017 à Howald, Gasperich et Bonnevoie.

Bref, tout y est passé pour montrer que Luxembourg s’adapte à sa croissance (111  000 habitants, +27  % sur quinze ans), avec des efforts soutenus par tous les services communaux (seuls 5  % de procédures disciplinaires engagées en 2016).

«Plus longtemps on reste dans l’exécutif…»

Tous ces dossiers sont réjouissants. Mais, au fond, à quoi Lydie Polfer pensait-elle, lundi, en terminant son discours? À dix mois des élections communales, nous n’avons pas pu nous empêcher de lui poser la question : « Vous n’avez pas dit un mot sur les échéances électorales. Vous n’y pensez donc pas? »

Réponse de l’intéressée  : « Vous avez remarqué? Ce n’est pas le moment. Nous sommes au travail et il y a du pain sur la planche.» Un peu plus tôt, un autre élu avait observé  : «Plus longtemps on reste dans l’exécutif, moins longtemps on est candidat .» Énigmatique.

Faut-il comprendre que Lydie Polfer veut rester dans l’action jusqu’au bout de cet ultime mandat? Ou qu’elle souhaite une campagne aussi courte qu’intense en vue d’une réélection? Cette dernière stratégie est plutôt utilisée par les candidats qui ont peur d’échouer. Quand on est sûr de son projet, la course de fond n’est pas un problème.

Avec Lydie Polfer, la grille de lecture est faussée. La bourgmestre aime le temps effectif, concret, que l’on passe au travail ou à se dire des choses amicales. Les palabres ne l’intéressent pas. Avant de repartir, elle a glissé : « Je n’ai pas assez insisté, à la fin de mon discours, sur ce rapport aux technologies que l’on a. On met le cap vers toujours plus d’internet, de communication… c’est très bien. Mais, vraiment, n’oublions pas que l’essentiel est le contact avec la personne, tout le bien que l’on peut faire à quelqu’un. »

Finalement, c’est peut-être à cela que Lydie Polfer pensait sur l’estrade, après son discours. Et pas à tous les jeux et rôles que l’on peut imaginer dans le hall d’un si grand théâtre.

Hubert Gamelon