Ils refusent les vaccins anticovid parce qu’ils se méfient de leurs effets indésirables et secondaires alors qu’ils se sentent, eux, en pleine santé. Mais, depuis le 1er novembre, leur vie a changé. Témoignages.
Il y a les irréductibles, ceux qui sirotent leur petit café sur l’unique petite table ronde de la terrasse destinée aux fumeurs. À n’importe quelle heure, par tous les temps, les mêmes réfractaires aux vaccins anticovid, qui se joignaient encore à leur bande avant le durcissement des mesures sanitaires, restent seuls, de l’autre côté de la baie vitrée, emmitouflés dans des grosses doudounes pour affronter les premiers frimas.
Ils résistent, saluent ceux qui rentrent se mettre au chaud, mais ne franchissent plus le pas de la porte.
Ils ne restent jamais seuls longtemps, il y a toujours un client pour sortir avaler un café en leur compagnie. Parfois ça se chahute un peu : «Alors, tu tiens toujours le coup ?» «Va voir au bar si j’y suis !» lui répond David, 30 ans, sur le même ton de la plaisanterie. C’est le nouveau rituel du matin.
« Non, Madame, je ne compte toujours pas me faire vacciner, je ne fais pas trop confiance en ce truc qui ne fait pas vraiment ses preuves», répète inlassablement David, qui n’ose plus mettre un pied à l’intérieur d’autant que le patron a reçu la visite d’une patrouille de police quelques jours plus tôt et ça ne s’est pas trop bien passé. «On évite de lui causer des problèmes. La dernière descente va déjà lui coûter assez cher, on ne va pas lui mettre une fermeture administrative en plus sur le dos. C’est comme ça, c’est la nouvelle vie !» lâche, fataliste, le trentenaire avant de tourner les talons pour aller prendre son bus. «Allez ! On remet les masques, personne ne verra mon irrésistible sourire, comme c’est dommage, vous pouvez l’écrire !», lance-t-il avant de disparaître.
Je suis certainement mieux protégé qu’une personne vaccinée
Tous ne sont pas comme lui, intrépide, bravant le froid pour ne pas rompre complètement le contact avec son entourage, celui de la vie d’avant. Certains autres vont hiberner, à l’image de Marc, 52 ans, pour qui «ce vaccin n’a pas fait ses preuves». Cet homme avenant, adepte de zénitude, avance avec autant de certitude que, s’il se sentait en danger, il se ferait vacciner, vu son âge et parce qu’il est fumeur. «Je l’ai eu deux fois déjà. À chaque fois que je fais un test d’anticorps, mon taux est deux fois et demi supérieur au seuil requis.»
Des médecins lui disent d’ailleurs qu’il n’a pas besoin de vaccin. «Je suis certainement mieux protégé qu’une personne vaccinée», se risque-t-il. La première fois qu’il a été contaminé, c’était en mars 2020, au début du confinement. «J’étais bien malade, c’était assez sévère. Je sortais prendre l’air sur le balcon parce que j’étouffais. J’avais perdu le goût, l’odorat, bref, la totale», raconte Marc.
La deuxième fois, l’affaire était pliée en trois jours. «C’était comme un gros rhume, moins grave qu’une grippe, je dirais, rien à voir avec ma première infection du covid.» Depuis qu’il sait que son taux d’anticorps est largement suffisant pour affronter le virus, il se sent plus en sécurité. Il se fait malgré tout tester quatre à six fois par mois et par nécessité parce qu’il est grand voyageur pour exercer son métier. «Au point de vue financier, c’est dur, je suis indépendant, c’est donc moi qui assure mes tests, donc je n’en fais pas encore plus pour pouvoir sortir boire un verre tous les jours comme avant», explique-t-il.
Depuis le 1er novembre, il ne sort plus. «Je cuisine chez moi, je ne vais plus boire mon café, mais si je vois quelqu’un qui fume sa cigarette devant le café, je m’arrête et j’en profite pour boire un verre rapidement. Cette situation bouleverse toute la vie en société», résume-t-il. Il espère surtout que les cafés et restaurants vont s’en sortir parce que «les non-vaccinés, c’est un tiers de la population quand même».
Je ne sors plus, parce que les vaccinés sont aussi dangereux, mais jamais testés
Parallèlement, il voit la pandémie repartir de plus belle. «Les décideurs eux-mêmes ne savent plus comment la gérer», dit Marc, qui constate que les cas ont triplé en dépit d’une vaccination massive dans certains pays comme Israël. «Même le Portugal reconfine malgré son taux de vaccination de 85 %, alors je me pose des questions», conclut-il. Il fera toujours partie des non-vaccinés, il se sait protégé, mais doit renoncer à certains plaisirs de la vie en société parce que ses anticorps ne lui assurent pas de Covid Check.
À l’inverse de Marc, ce retraité de 72 ans ne décolère pas. Frank n’a jamais eu le covid, mais il se sent aussi protégé, grâce à son groupe sanguin O négatif. Pour lui, c’est un gage de sécurité. «Des médecins me l’ont dit et d’ailleurs je n’ai jamais été malade», se vante-t-il. Il ne compte absolument pas se faire vacciner, même s’il appartient à cette tranche d’âge que le gouvernement aimerait voir se pointer dans la file, parce que considérée comme vulnérable.
«Je sais que je suis en bonne santé et je sais que le vaccin peut rendre les gens malades parce qu’il n’est pas au point», lâche-t-il sans appel. Inutile de lui étaler des chiffres qui démontrent que les non-vaccinés sont trois fois plus nombreux dans les hôpitaux, atteints parfois de forme grave du covid. «Je constate simplement que les gens vaccinés tombent aussi malade du covid et que, contrairement à nous, ils n’ont pas besoin de tests pour entrer dans un restaurant ou un café, et ça, c’est complètement illogique!» peste Frank.
Pour lui, il y a de nombreux porteurs parmi les vaccinés, mais ils ne le savent pas. «Quand je vois des gens massés à des événements sous Covid Check, ça me fait sourire, parce qu’ils se croient protégés, mais non, pas du tout : le virus circule aussi dans ces périmètres soi-disant sécurisés», est persuadé le retraité qui investit au moins 50 euros par semaine pour faire des tests. «Je vais rendre visite à un proche régulièrement dans une maison de retraite et je me fais donc tester à chaque fois par une infirmière. Quand je vois les vaccinés entrer librement alors qu’ils peuvent être porteurs du virus, ça me débecte», confie-t-il.
Il ne sort plus comme avant, mais ne renonce pas à ses parties de quilles. Là aussi, quand il en parle, il se moque ouvertement des décideurs politiques et de la politique sanitaire qu’ils ont imposée. «Le plus débile, c’est qu’au début on était tous assis ensemble pour manger à table sans masque bien sûr et quand on devait jouer aux quilles, les mêmes copains, on nous imposait de mettre le masque. De qui se moque-t-on?»
Quand il additionne toutes les incohérences de certaines mesures sanitaires, il en déduit que personne ne sait très bien comment se sortir de cette pandémie. En tout cas, le vaccin n’est pas la réponse pour lui, sinon il n’y aurait pas une flambée des contaminations un peu partout en Europe.
Tant que les vaccinés ne seront pas soumis aux mêmes règles que les non-vaccinés qui se font tester régulièrement, il limite considérablement ses sorties. Du moins, il fait le tri. «Je ne vais quasiment plus faire mes courses dans les grandes surfaces d’ailleurs, je ne mets plus les pieds dans des endroits où il y a plus d’une vingtaine de personnes et je préfère garder mes distances», explique-t-il. Frank ne va plus boire un verre avec les copains, mais il apporte les croissants chez un ami le matin et boit le café avec lui. «C’est une autre vie, mais on s’y habitue. Le souci, ce n’est pas nous les vieux, ce sont les enfants qui sont malades aujourd’hui et qu’il faut protéger.»
Il enrage contre les pays qui ont trop rapidement relâcher la pression, croyant avoir obtenu un taux d’immunité suffisant. «En réalité, c’est la faute de tous ces gens qui sont vaccinés et se croient immunisés, c’est du n’importe quoi. Tout le monde peut être encore dangereux, vaccinés ou non !» Enfin, Frank relève encore une autre discrimination à ses yeux : «Je sais que je suis en bonne santé et je n’ai rien eu depuis deux ans, mais je dois me faire tester pour le prouver et payer cher pour ça, alors que les vaccinés se promènent tranquillement sans avoir à prouver quoi que ce soit, encore moins qu’ils sont porteurs du virus et qu’ils peuvent le répandre.»
Il se sent puni pour oser résister au vaccin. «S’ils nous ferment toutes les portes, je resterai à la maison, c’est tout», conclut-il.
Ce n’est pas vraiment le programme idéal de la vie sans vaccin. Mais c’est leur choix à chacun d’eux.
Geneviève Montaigu
On s’en fout: antivaxx = dangers publics ! Plongez dans soins intensifs débordés par antivaxx !!!