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«Luxembourg pas cher» : un guide astucieux et encourageant


Pascale Zaourou a commencé à collecter ses bonnes adresses il y a deux ans. Aujourd’hui, elle propose un guide pour ceux qui pensent qu’avec les derniers sous du mois, on ne peut plus rien faire. Un petit catalogue de bons plans. (photos Hervé Montaigu)

Pascale Zaourou édite le guide «Luxembourg pas cher» bourré de bonnes adresses, de conseils et d’une sacrée dose d’optimisme. Une tête et huit bras.

Des astuces, des adresses, des découvertes… Pascale Zaourou s’est chargée de les recenser dans un guide du Luxembourg pas cher, bien décidée à aider à sa manière celles et ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui veulent néanmoins offrir à leurs enfants des sorties, des habits neufs et des cadeaux quand il le faut.

«Quand on a des enfants, comme moi qui suis mère célibataire, il faut les habiller, les chausser, avant tout les nourrir et surtout apprendre à se débrouiller seule.» Pascale Zaourou réside depuis douze ans au Grand-Duché, s’est investie dans la vie associative et politique locale et a décidé de trouver des solutions à ses problèmes quotidiens sans forcément aller déranger un(e) assistant(e) social(e) toutes les cinq minutes. «C’est une question de dignité», explique la ressortissante française d’origine ivoirienne.

Rester digne quand on vit une situation compliquée, c’est son credo. Elle craint qu’avec cette pandémie, ils soient nombreux à payer les conséquences économiques qu’entraînent les fermetures et la baisse générale d’activités. «Il y aura de nouvelles situations de précarité dont certaines sont moins visibles que d’autres», prévient celle qui a mené de nombreux entretiens avec des familles monoparentales, des mères célibataires comme elle, pour échanger les bons tuyaux qui permettent de maintenir la tête hors de l’eau.

«Il faut faire plaisir à ses enfants», précise cette maman de trois enfants de 20, 12 et 9 ans. Le point de départ de son travail pour confectionner le guide a été la recherche de colonies de vacances abordables. «Les chèques-service peuvent être utilisés aussi pour les colonies de vacances, mais tout le monde ne le sait pas. Beaucoup de structures en proposent comme par exemple Femmes en détresse », explique Pascale Zaoura. Elle dresse une liste non exhaustive dans le guide et donne des adresses de sites internet qui les recensent aussi pour ceux qui ont un accès à l’informatique car ce n’est pas le cas de tout le monde.

«Si vous ne pouvez pas emmener vos enfants au bord de la mer, dites-vous qu’il existe aussi des plages au Luxembourg, belles et propres et sans vendeurs de beignets», s’amuse Pascale qui propose dans son guide de les découvrir. «On ne va pas forcément se promener dans des centres commerciaux où on ne peut de toute façon rien acheter ou si peu, alors que ce temps de flânerie nous permet de découvrir des lieux de culture, des musées, des théâtres, des bibliothèques, muni d’un Kulturpass très avantageux», relève l’auteure du guide sans se départir de cette voix douce et de ce sourire apaisant qui éclaire ses dents du bonheur.

«S’intégrer c’est reconnaître l’autre et l’autre te reconnaît»

Licenciée en sciences de l’éducation, Pascale a résidé longtemps dans le nord du pays, à Esch-sur-Sûre, avant de se rapprocher de la capitale pour des raisons pratiques. «Je n’arrivais plus à m’occuper de mes trois enfants tout en travaillant dans une crèche où je commençais tôt le matin. Je ne conduis pas, donc j’étais dépendante des transports en commun et cela me prenait trop de temps et au final, j’étais en retard partout», regrette celle qui affirme qu’une mère célibataire doit avoir huit bras et une tête bien fixée sur les épaules pour gérer son quotidien.

Commence alors une période difficile pour cette mère célibataire qui ne se laisse pas abattre. Il y a deux ans, elle commence à glaner des informations en discutant avec d’autres femmes dans une situation similaire, c’est-à-dire précaire. «J’ai fait un réel travail de recherche en y ajoutant mes propres expériences, mes petites adresses et mes petites astuces», précise-t-elle.

Le guide n’est pas un recensement exhaustif, une énumération froide et stérile. Les références sont accompagnées de commentaires de l’auteure le plus souvent encourageants. À propos du Kulturpass, Pascale explique qu’il s’agit d’un «sésame» pour les familles ou personnes qui disposent d’un revenu modeste permettant d’accéder aux espaces culturels pour un tarif unique de 1,50 euro. «Rendre la culture accessible aux moins bien nantis est une idée qui pour moi constitue une forme d’égalité des chances», commente-t-elle dans le guide. Comme le logement, un chapitre où elle regroupe tous les organismes officiels et les associations qui peuvent venir en aide aux familles dans la détresse.

Celle qui a débarqué de Paris il y a douze ans avec ses deux aînés et deux valises «pour offrir un autre cadre de vie et des chances de réussite» à ses enfants, a adopté le très cosmopolite Grand-Duché. «En tant que noire, c’est un choix de racisme qui me convient», glisse-t-elle dans la conversation en évoquant l’intégration. «En France, on a un racisme intellectuel qui nous prend de haut, même si on a fait les mêmes écoles, les mêmes études que les autres. Ici ce n’est pas la couleur le problème, c’est la langue», ressent-elle. Elle ajoute d’expérience que les Luxembourgeois de souche ne sont pas «les plus virulents».

«S’intégrer c’est reconnaître l’autre et l’autre te reconnaît», conclut-elle. C’est aussi savoir se débrouiller et s’entraider, être créatif et imaginatif dans tous les domaines de l’existence. C’est un petit guide pratique qu’elle édite grâce aux soutiens de quelques amis du Parti socialiste auquel elle a adhéré et qui ont cru en son projet.

Geneviève Montaigu

La débrouillardise en 140 pages

Quand on connaît la galère, on a besoin de repères et surtout de se débrouiller pour les trouver sans attendre que quelqu’un vienne nous prendre par la main.

Sorti au début du mois, le guide Luxembourg pas cher est disponible pour l’instant dans deux points de vente uniquement. «Idéalement j’aurais voulu qu’il soit distribué dans les offices sociaux», souffle Pascale Zaourou, mais son vœu ne s’est pas réalisé.

Le guide est disponible à la librairie des Lycées, 30 avenue Victor-Hugo au Limpertsberg et à la KrItzeL Fabrik, l’atelier de l’artiste Jacques Schneider, au 3 rue Origer dans le quartier de la Gare.

Avec ce guide, l’auteure a voulu démontrer qu’avec le peu d’argent qu’il reste à la fin du mois, il y a encore des tas de choses à faire, pas chères ou gratuites.

Conseils et bonnes adresses

Logement, santé, emploi, famille, création d’entreprise, alimentation/repas, mobilité, culture, loisirs/divertissements, bons plans shopping, vie pratique et questions juridiques composent les différents chapitres de ce guide de 140 pages vendu 15 euros.

Il est pratique pour toute une frange de la population qui n’ose pas forcément franchir le seuil d’un service social et qui découvre au fil des pages comment avoir accès à du matériel informatique, acheter une super veste à 5 euros, emmener toute la petite famille au restaurant pour 8 euros par tête, à quelles portes frapper pour espérer trouver un toit, même provisoire, où prendre des cours de langue… et des tas d’autres conseils et bonnes adresses pour un Luxembourg pas cher, moins visible et moins connu que son luxueux opposé, comme la précarité qui frappe un nombre toujours grandissant de ménages.

«On peut viser la lune mais si on a déjà des étoiles c’est pas mal», illustre Pascale Zaourou.

G.M

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