Le début des soldes d’hiver a exceptionnellement été repoussé au 20 janvier. Les commerces de la capitale n’ont pas attendu cette date pour proposer des réductions.
Avant-premières», «Promotions», «Journées privilèges», «Ventes privées», «N’attendez plus pour faire de bonnes affaires!»… Les soldes commenceront le mercredi 20 janvier, mais les commerces de la capitale annoncent déjà la couleur. Mieux que cela, la plupart ont déjà commencé à pratiquer des réductions. Chez Mano, on peut trouver des chaussures avec 70 % de réduction; chez Calzedonia, on annonce des collants à moitié prix; les belles boutiques sont plus discrètes : des pastilles colorées ou des nœuds accrochés aux cintres annoncent la hauteur de la promotion aux clientes qui ont reçu les codes de décryptage par e-mail. Alors que samedi matin, comme tous les matins, une file d’attente s’était formée devant chez le boucher Kaiffer, l’après-midi les fashionistas qui suivent les influenceuses ou les starlettes de téléréalité attendaient leur tour devant les boutiques Louis Vuitton et Gucci pour dépenser leurs étrennes.
«Ça reprend doucement», indique Jessica, en train de limer méticuleusement les ongles d’une cliente en mal de manucure après trois semaines de fermeture des commerces non essentiels. «Il y a un peu plus de vie dans le centre-ville.» Lundi matin déjà, les premiers clients se pressaient dans les boutiques de la Ville-Haute. «Le calme est revenu le reste de la semaine», indique une vendeuse d’une boutique de prêt-à-porter. Nous proposons déjà des articles soldés et avons des offres en ventes privées pour nos bonnes clientes. Mais les gens dépensent moins.» Certaines personnes se livreraient au repérage présoldes, d’autres économiseraient face à l’incertitude de la période. «Certains clients redoutent de perdre leur emploi, alors ils font plus doucement et limitent leurs dépenses. Et puis, pourquoi acheter des vêtements, alors qu’on est chez soi en télétravail et qu’on peut rester en jogging ou en vêtement plus casual toute la journée?», relativise la vendeuse.
Carina Faidherbe, gérante de la boutique Saint James dans la côte d’Eich, est, quant à elle, satisfaite de sa semaine : «J’ai bien travaillé malgré le mauvais temps. Vendredi, moins. C’était très calme. J’ai fait une bonne année, moins bonne que l’année précédente, puisque nous avons été fermés deux mois. Je vends une bonne marque de vêtements qui correspond à un retour du public à des produits plus authentiques, plus éthiques, plus locaux et de meilleure qualité.» Elle confirme cette tendance à dépenser moins, mais à dépenser mieux constaté dans la boutique précédente. «Mes clients savent qu’ils vont investir un peu plus, mais conserver leur pull une dizaine d’années, leur caban pour quinze ans…»
«Contre mauvaise fortune
bon cœur»
La commerçante est reconnaissante au gouvernement de ne pas avoir fermé les commerces non essentiels avant Noël. «Cela aurait été catastrophique! Les magasins ont heureusement été fermés dans une période un peu creuse. On a fait contre mauvaise fortune bon cœur.» Elle regrette toutefois de ne pas avoir pu démarrer les soldes dès la réouverture : «Si je n’avais pas déjà commencé les réductions avant la date, je n’aurais personne dans ma boutique et je ne vendrais rien. Les gens sont dans l’expectative. Ils savent que les soldes commencent la semaine suivante et préfèrent attendre.» Les soldes permettent aux commerçants d’engranger des liquidités pour acheter les nouvelles collections pour leurs boutiques.
Carina Faidherbe reste optimiste. Comme d’autres commerçants du centre-ville croisés vendredi après-midi, elle compte sur une amélioration rapide de la situation sanitaire. Et sur la réouverture des cafés et des restaurants pour drainer du monde dans le centre-ville. «Leur fermeture n’encourage pas à faire du lèche-vitrine, note Tania. J’avais promis une soirée dans un bon restaurant à ma maman pour son anniversaire. Comme ils sont fermés, cela s’est transformé en après-midi shopping mère-fille. C’est sympa aussi», raconte-t-elle pendant que la maman en question essaye des vêtements dans une cabine d’essayage aseptisée.
Pour attirer les clients, les boutiques mettent toutes les chances de leur côté : limitation du nombre de clients au mètre carré, désinfection des mains et des cabines d’essayage, voire des vêtements eux-mêmes, et bien entendu, offres alléchantes présentées plus ou moins discrètement en vitrine. À chaque boutique ou magasin, sa marque de fabrique et sa politique de communication plus ou moins discrètes sur la nature de leurs affaires.
Sophie Kieffer