Agressions, toxicomanie, violence quotidienne, manque de présence policière… la bourgmestre de la Ville, Lydie Polfer, veut qu’«enfin» tous les acteurs locaux et nationaux s’unissent, au lieu d’être divisés.
Si les élus de la Ville n’ont pas la même vision sur la façon de combattre le crime, la bourgmestre souhaite un élan de cohésion pour au moins faire baisser la délinquance, car la faire disparaître intégralement serait utopique, reconnaît-elle.
La tension était à son comble, hier à l’Hôtel de Ville de la capitale, place Guillaume-II. Car après des mois, et même des années de discussions houleuses pour combattre l’insécurité, force est de constater que les choses n’avancent pas comme elles le devraient. Bien que chaque élu, en fonction de son étiquette politique et du fait qu’il fasse partie de la majorité ou de l’opposition, ait forgé sa propre opinion, celle-ci est bien trop souvent dissonante de celle des autres. En clair : la Ville n’arrive pas à endiguer la criminalité et se sent lâchée par le gouvernement.
Polfer rend tous les coups
À la limite de l’exaspération et après avoir moult fois souligné la nécessité de reconduire un contrat avec une société de gardiennage privée, Lydie Polfer a réitéré ses arguments pour tenter d’enrayer l’insécurité : «Il faut que la police ait davantage de moyens pour pouvoir contrecarrer les incivilités créées par les personnes qui squattent les entrées des habitations et des magasins. Cela fait des mois que l’on attend! De plus, il faut que les agents municipaux aient plus de moyens et cela est une revendication de très longue date; et concernant la société de gardiennage privée, elle est absolument nécessaire, car la police n’a pas assez de moyens. Et je n’entre pas dans la polémique bon marché selon laquelle c’est illégal (NDRL : argument de partis de l’opposition, ADR excepté)! Les gens se font actuellement agresser et arracher leurs colliers en plein jour et à la vue de tous… je ne peux pas le tolérer! C’est mon devoir absolu! Je ne veux pas qu’on me reproche la moindre agression. J’ai adressé un courrier au ministre de la Sécurité intérieure tout récemment et j’attends encore une réponse de sa part! Des patrouilles de police piétonnes dans la Ville-Haute constitue le minimum; je ne veux pas qu’on me reproche telle ou telle agression! Concernant la toxicomanie, nous faisons le maximum sur le plan social, et pour le reste, nous devons être aidés par les différents ministères impliqués : Santé, Sécurité intérieure, Justice, Affaires étrangères et Immigration», s’est longuement exclamé la bourgmestre. En conclusion, la bourgmestre a lancé «un appel à l’unité, car seulement tous ensemble nous avancerons».
Vers une structure pour femmes toxicomanes
Dans ce cadre, elle a entre autres plaidé pour un échange d’informations accru, en conseil communal même, sur proposition de la conseillère Claudine Konsbruck (CSV), alors que son échevin aux Affaires sociales, Maurice Bauer, a assuré que les services de la Ville étaient «en contact permanent avec tous les services sociaux et de médiation», avant, pour lui, d’indiquer que la structure Abrigado «doit être rafraîchie», qu’une structure spécialement dédiée aux femmes doit être créée et que l’offre de logements pour toxicomanes «doit être rehaussée».
À l’inverse, il est à noter, que deux motions, l’une portée par déi gréng au sujet de la décentralisation et de l’optimisation de l’offre bas seuil pour toxicomanes en Ville de Luxembourg, et l’autre, émanant des partis LSAP-déi gréng-déi Lénk relative aux contrats passés avec une société privée de gardiennage, motion qui visait à réaffirmer le monopole des autorités publiques en matière de police administrative, ont été rejetées. L’unité? Ce ne sera pas pour tout de suite…
Un bel hommage
à Paul Helminger
La séance du conseil communal de Luxembourg a débuté, hier, par un émouvant hommage à l’ancien bourgmestre (entre autres) de la capitale, qui s’en est allé le 17 avril dernier. «Sa disparition est un choc pour tous (…). Il était notamment connu pour son énorme engouement vis-à-vis des nouvelles technologies et en faveur du développement de la capitale (…). Paul était un visionnaire des points de vue urbanistique, économique et technologique. Il était également un homme de famille. Nous adressons nos sincères condoléances à son épouse et à toute sa famille», a notamment déclaré la bourgmestre Lydie Polfer. Une minute de silence a ensuite été respectée par l’ensemble du conseil communal en la mémoire de ce grand homme.
Claude Damiani