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Luxembourg : logements et commerces sur les friches de Villeroy & Boch


Villeroy & Boch a occupé son site historique du Rollingergrund pendant 262 ans. Désormais, un nouveau chapitre s'ouvre. (illustration Jurgen Engel architeckten/Fabek architectes)

Le conseil communal a validé sans sourciller les achats de terrains au Rollingergrund (ex-Villeroy & Boch) et à Cessange. Montant: 34,3 millions d’euros !

Dans le dossier du conseil communal de lundi, il ne s’agissait que de trois points assez courts placés dans le chapitre «Conventions». Pourtant, sur une page et demie format A4, les points 12, 13 et 14 représentaient une sacrée dépense pour la capitale : pas moins de 34,3 millions d’euros !

L’opération la plus symbolique n’est cependant pas la plus onéreuse. Il s’agit de l’ancien site de Villeroy & Boch, dans le Rollingergrund. À l’arrêt depuis 2010, on ne fait plus grand-chose dans cette usine en grande partie à l’abandon. Aujourd’hui, il n’y a sur place que le magasin d’usine de la faïencerie, une boutique de la coopérative Vinsmoselle et aussi les ateliers où sont entretenus et réparés les Vél’oh. Sur 5,5 hectares, ça fait peu.

500 logements et des commerces

Le vote à la quasi-unanimité (seuls les députés déi Lénk se sont abstenus) a clos de très longues négociations, a souligné l’échevin Patrick Goldschmidt. La Ville n’achète cependant pas toute la surface, «seulement» un peu plus de trois hectares. Le reste, lui, reste dans le portefeuille du propriétaire, on verra pourquoi. Quoi qu’il en soit, le débat s’est presque limité à un concert de louanges. «C’est formidable, a réagit Vronny Krieps (DP). Ce nouveau quartier n’apportera que de bonnes choses au Rollingergrund.» «Ce quartier jouera la carte de la mixité sociale tout en promouvant des schémas de déplacement courts, pour assurer une bonne qualité de vie», renchérit François Benoy (déi gréng). «Dans les grandes lignes, nous sommes favorables à la réurbanisation de ces friches», a ajouté Martine Mergen (CSV).

Dans les faits, on ne sait pourtant pas grand-chose du programme que souhaite développer la Ville. La grande tendance est de créer ici 500 logements à loyer abordable. Au cours de la discussion, on a pu apprendre qu’il était également question d’y implanter des commerces, «pourquoi pas un supermarché, une crèche ou un bistro» a lancé pêle-mêle Patrick Goldschmidt. Ce que l’on sait, par contre, tourne autour de la procédure. La Ville et Villeroy & Boch vont définir un PAP «Nouveau quartier» pour développer de manière harmonieuse cette friche prometteuse. Patrick Goldschmidt espère qu’il verra le jour d’ici «12 à 18 mois, voire deux ans».

La poule aux œufs d’or pour Villeroy & Boch

Et c’est finalement là qu’apparaît le seul point négatif du projet. Au regard du prix du marché, la Ville a réalisé une affaire avec cet achat. Mais si la faïencerie a accepté de céder son trésor à bon prix, c’est qu’elle sait qu’elle va pouvoir tirer un joli bénéfice à côté. Avoir gardé pour elle la moitié des terrains est effectivement un coût de maître car, grâce au futur PAP, le statut du secteur va changer. Jusque-là propriétaire d’une friche, Villeroy va devenir propriétaire de terrains à bâtir. C’est encore mieux que gagner à la loterie, l’entreprise aura la possibilité de gagner beaucoup d’argent dans l’opération. De quoi payer largement les coûts de la dépollution qui seront à sa charge, comme cela a été précisé. Techniquement, celle-ci s’effectuera selon la technique du confinement. Les matières polluées sur le site seront récupérées puis stockées dans une zone totalement étanchéifiée. «Il n’y aura pas de déblayage, a assuré Lydie Polfer. On m’a assuré que c’était la solution la plus sûre.»

Cet arrangement concernant le statut des terrains est l’arête en travers de la gorge des deux conseillers de la Gauche. «On peut être sûrs qu’il n’y aura pas de logements sociaux sur cette partie du terrain», a ironisé Guy Foetz.

Erwan Nonet

Un terrain à 20 millions d’euros pour l’école de Cessange

L’autre grande acquisition concerne le quartier de Cessange. La Ville a enrichi son patrimoine de la propriété située au 35-37 de la rue Verte. Et ce n’est pas rien : le terrain mesure 3,1 hectares, soit la même surface que celui qui a été acquis sur le site de Villeroy & Boch. Jusqu’à présent, le terrain est notamment occupé par des écuries.

Le montant de la transaction est de 20 millions d’euros. «C’est un peu plus cher que pour Villeroy, mais cela reste un prix très correct», estime l’échevin Patrick Goldschmidt qui a avoué que les négociations avaient été ardues. «Cela faisait longtemps que nous souhaitions l’acheter, je suis contente que ce soit aujourd’hui le cas, parce que nous en avons besoin», se félicite Lydie Polfer. Ce terrain a déjà trouvé sa destinée. Il permettra d’installer les installations préfabriquées où s’installeront les élèves de l’école de Cessange qui pourra ainsi être totalement rénovée. À terme, il permettra également de construire des infrastructures sportives.

L’acquisition du terrain a été votée à l’unanimité.