Luxembourg – L’emblème nazi du Knuedler couvert par un anonyme

Depuis samedi, le panneau avec la photo polémique installé sur la place Guillaume-II est recouvert par une couverture. Un citoyen inquiet, qui souhaite garder l’anonymat, est à la base de l’initiative.

Le conseil communal s’était déchargé vendredi de toute responsabilité pour l’exposition préparée par l’ambassade d’Ukraine. Ce manque de réactivité a incité un citoyen à agir. La photo montrant un mercenaire du régiment Azov, un bataillon d’extrême droite, est désormais voilée.

Les personnes qui ont profité du soleil pendant le week-end sur la place Guillaume-II ont certainement remarqué la couverture recouvrant l’un des panneaux de l’exposition photo, montée par l’ambassade d’Ukraine sur le conflit avec la Russie et intitulée «L’Ukraine d’aujourd’hui : la défense contre l’agression, la lutte pour la paix, la liberté et la démocratie». Une des plaques dévoilait un cliché montrant un mercenaire du régiment Azov, un bataillon d’extrême droite.

Détail gênant, la casquette du mercenaire portait un écusson orné d’une Wolfsangel (crochet de loup en français). Dans l’entre-deux-guerres, ce symbole était utilisé par plusieurs organisations nazies et a été, entre autres, l’insigne de la sinistre 2e division de Panzer Waffen-SS «Das Reich», responsable du massacre d’Oradour-sur-Glane (10 juin 1944).

Vendredi, la bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, s’était déchargée de toute responsabilité. «Nous n’avons pas à interférer dans le choix des photographies sélectionnées par l’ambassade ukrainienne», avait-elle souligné lors de la réunion du conseil communal (lire notre édition de samedi).

Cette passivité n’a pas laissé insensible un citoyen, qui a pris l’initiative de recouvrir la photo polémique par une simple couverture. Contacté par Le Quotidien, l’homme qui est à la base de cette action a souhaité rester anonyme. Il a cependant accepté de nous livrer ses motivations.

Il se dit ainsi «fort inquiet» de la tournure des évènements ces derniers jours au Luxembourg, en faisant notamment référence au non massif qui est sorti du référendum sur l’ouverture du droit de vote aux résidents étrangers.

«Dans un moment où le fossé s’agrandit chaque jour entre ceux qui vivent et travaillent dans ce pays, la politique délaisse les différentes communautés à soi-même au lieu de les rassurer. Le camp politique devrait calmer le jeu sans toutefois cacher les vérités. La politique n’assume pas sa mission», tranche le citoyen, qui nous a fait parvenir un message.

«La décision de laisser visible des symboles glorifiant la guerre et allant à l’encontre des droits de l’homme n’est déjà pas acceptable en temps normal. Dans la situation actuelle, cette décision est carrément irresponsable», souligne le citoyen, qui a donc décidé d’agir.

«Ne pas jeter de l’huile sur le feu»

«La décision de la Ville de Luxembourg de ne pas agir est d’autant plus incompréhensible que la Chambre des députés et le gouvernement se sont excusés quatre jours plus tôt pour les agissements de l’État pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce genre de photos ne fait que jeter de l’huile sur le feu», analyse ce citoyen remonté et inquiet.

«Je suis quelqu’un qui s’intéresse beaucoup à l’histoire contemporaine et je me considère comme un humaniste, quelqu’un qui tente au jour le jour de construire des ponts grâce à une attitude empathique, ce qui est actuellement très dur», poursuit celui qui a décidé de recouvrir d’une couverture la photo polémique. «Cette action n’a aucune motivation artistique ou politique et n’est également pas dirigée contre l’Ukraine, son courant occidental ou même son courant russe», conclut notre interlocuteur. Malgré cela, il a décidé d’agir en lieu et place des politiques, qui, à ses yeux, sont restés bien trop passifs dans cette affaire.

David Marques

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