Son Grand-Duché pour un verre d’eau ! Lundi, pour la journée mondiale de l’Eau, la ministre de l’Environnement a levé le voile sur un mystère qui occupe les réseaux sociaux depuis quelques jours.
Mélusine n’a jamais quitté le comte Sigefroi pour retourner à sa condition de sirène dans les eaux de l’Alzette. Après l’avoir trahie, le comte a su reconquérir son cœur grâce à l’excellente qualité de l’eau potable du Grand-Duché. Cette «découverte historique» fait son chemin sur les réseaux sociaux depuis le 10 mars, suggérant avec humour la commercialisation prochaine d’une nouvelle marque d’eau. Le mystère a été levé lundi à l’occasion de la journée mondiale de l’Eau : le ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable a réécrit la légende pour l’adapter à sa nouvelle campagne de sensibilisation en faveur de la consommation d’eau potable.
Comme la blonde naïade sur son trône fleuri, les descendants du comte sont encore nombreux à douter de la qualité de l’eau du robinet distribuée au Luxembourg. Si, selon une étude de TNS Ilres datant du mois de février dernier, ils sont 82 % à avoir déjà consommé de l’eau du robinet, 42% d’entre eux n’en consommeraient qu’occasionnellement. Ce qui est dommage, selon la ministre Carole Dieschbourg, étant donné les nombreux avantages présentés par la boisson. Des qualités tant économiques qu’écologiques que le ministère veut mettre en avant à travers la campagne «Melusina’s Choice», le choix de Mélusine, qui cible particulièrement les jeunes. D’où le choix du message digital sur les réseaux sociaux. Campagne qui va se décliner sur différents supports. Cent mille personnes auraient vu le court clip vidéo à ce jour et Carole Dieschbourg compte sur les influenceurs et les artistes pour porter le message.
Le ministère, avec ses partenaires, l’administration de la Gestion de l’eau et l’Association luxembourgeoise des services d’eau, espère par ce billet amener les Luxembourgeois réticents à changer leurs habitudes et à préférer l’eau du robinet à l’eau en bouteille. Il s’inscrit également parfaitement dans la thématique de cette nouvelle édition de la journée mondiale qui est la valeur de l’eau. Non seulement la consommation d’eau du robinet est gage d’un mode de vie sain et durable, mais «l’eau du robinet est un produit local et naturel facilement accessible à tous et partout ne nécessitant ni plastique ni roues pour être transporté. En tant que telle, elle constitue un choix pratique et écologique», indique la ministre. Elle soutient également qu’il s’agit de «l’aliment le plus réglementé et contrôlé au Luxembourg».
Des contrôles réguliers de qualité
En effet, elle doit répondre à des normes très strictes fixées par un règlement grand-ducal de 2002 relatif à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine et basé sur une directive européenne. L’eau doit répondre à des critères en matière de goût et d’odeur notamment ainsi qu’à 48 paramètres chimiques et bactériologiques. Elle peut donc être consommée sans crainte. La qualité de l’eau est contrôlée régulièrement – 11 000 prélèvements sont effectués chaque année – et les investissements des fournisseurs d’eau potable (102 communes et six syndicats) pour maintenir et moderniser le réseau de distribution et les infrastructures sont nombreux.
Les fournisseurs d’eau potable sont notamment encouragés par la certification Drëpsi (goutte en luxembourgeois). La certification s’est également modernisée. En fin d’année, elle proposera des catégories bronze, argent, or et platine qui récompenseront les fournisseurs d’eau en fonction des résultats d’une analyse de risque de l’OMS. «Ce label est désormais un label vivant qui sera revalorisé tous les ans. Cette initiative pionnière a été reconnue par les autres pays européens et sert d’exemple de bonne pratique», a noté Jean-Paul Lickes, le directeur de l’administration de la Gestion de l’eau. L’eau est une ressource précieuse qu’il faut préserver et ne pas gaspiller.
Enfin, dernier argument en faveur de l’eau potable : comme l’a rappelé la ministre lundi, elle est plus économique. Il y a quelques années, la Ville de Luxembourg avait calculé que les familles composées de quatre personnes qui consomment de l’eau du robinet font une économie de 1 500 euros par an par rapport aux familles qui consomment de l’eau en bouteille.
Carole Dieschbourg espère que ces arguments feront mouche. En 2006, lors de la dernière grande campagne de sensibilisation, seulement 40 % de la population disait avoir déjà consommé de l’eau du robinet. La ministre aimerait que 100% des Luxembourgeois prennent confiance et consomment de l’eau du robinet. La meilleure, selon Mélusine.
Sophie Kieffer
Le chiffre : 200
Il s’agit du nombre de litres d’eau potable consommés en moyenne par personne et par jour au Luxembourg pour un total de 120 000 m3/jour. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) évalue les besoins journaliers quotidiens en eau potable à 100 litres par personne. La moitié de cette eau provient de sources souterraines et l’autre du lac de la Haute-Sûre. Certaines communes exploitent elles-mêmes l’eau issue de forages ou de puits, d’autres sont affiliées à un syndicat et d’autres encore combinent ces deux possibilités pour fournir de l’eau à leurs administrés.
drenkwaasser.lu pour se rassurer
Si dans le cadre de la campagne actuelle, des clips vidéo informatifs et explicatifs seront diffusés en ligne, les personnes qui voudraient d’ores et déjà disposer d’informations sur la qualité de l’eau du robinet distribuée dans leur commune de résidence peuvent consulter le site internet drenkwaasser.lu. Elles y trouveront toutes les réponses à leurs questions.