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Luxembourg : le professeur Massard défend l’idée d’un «campus Santé»


Le professeur Gilbert Massard, directeur de l'Éducation médicale à l'Uni (Photo d'archives : Julien Garroy).

Le professeur appelle à la création d’un «campus Santé» qui formerait l’ensemble des étudiants aux professions de santé au Grand-Duché. Il souhaite l’introduction d’un master.

Tous les étudiants en médecine passés par l’Uni (ou par les anciens Cours universitaires) se sont déjà posé la question : pourquoi l’université du Luxembourg ne propose pas de cursus complet en médecine ? Certes, la donne est en train de changer et les étudiants auront la possibilité, à partir de la rentrée 2022 de suivre un premier cycle complet de bachelor en médecine (une deuxième année de bachelor sera introduite dans l’offre de l’Uni dès la rentrée 2021), mais la loi récemment votée reste pour certains imparfaite : en effet, les étudiants en médecine devront de toute façon s’expatrier une fois leur premier cycle accompli, après 2022.

Pour le Pr Massard, la demande est, en tout cas, bien plus que réelle. «Un cursus complet au Luxembourg ? La demande est présente et les étudiants se demandent pourquoi l’Uni n’offre pas de deuxième cycle… Le taux d’érosion d’étudiants qui ne reviennent pas au Luxembourg, après avoir dû aller étudier à l’étranger, une fois leur première année terminée au Grand-Duché est actuellement estimé à environ 30 %, et ce, pour diverses raisons : opportunités de carrière, raisons familiales, etc. De même, beaucoup de professionnels actifs sont également en faveur d’un cursus complet, entre autres parce qu’ils accueillent des étudiants-stagiaires dans les hôpitaux ou cabinets médicaux au Luxembourg et ils estiment qu’il serait plus cohérent qu’ils puissent suivre l’intégralité du cursus au Grand-Duché.»

«Académiser les carrières dites paramédicales»

Le Pr Massard est bien conscient de cette situation et pense «que les ministères y réfléchissent». Avant, pour lui, de rappeler : «Il y avait eu un projet de Medical School mis sur la table, lequel aurait proposé d’emblée un cycle de 6 ans. Le gouvernement de l’époque a préféré la méthode douce en commençant par instaurer un bachelor et si celui-ci devait effectivement faire ses preuves, de le compléter par un master en médecine. Soit, nous allons tout faire pour que le bachelor, qui est un bon début, fonctionne, afin d’entrevoir une évolution vers la prochaine étape, celle du master donc, en fonction de la position des futurs gouvernements.»

D’un autre côté, Gilbert Massard défend l’idée de la création d’un «campus Santé» : «Il y a actuellement une forte pression émanant d’associations professionnelles, des systèmes de formation, des syndicats… pour aller vers une académisation des autres professions de santé : je veux parler des infirmiers, sages-femmes, techniciens d’imagerie, etc. Il s’agit de professions pour lesquelles nous nous trouvons tout autant, à l’instar du manque de médecins, dans un état de pénurie latente. Le Luxembourg est, pour l’instant, le seul pays d’Europe qui ne propose pas de formation de bachelor aux infirmiers. Et si nous avons besoin d’aller les chercher à l’étranger, c’est parce que nous n’arrivons pas à en former assez», souligne le professeur. Son «pari» pour le futur est donc la revalorisation de ces carrières, qui devra passer par leur académisation.

Quant aux psychologues-cliniciens, qui bénéficient déjà d’une formation académique au sein de la faculté des sciences humaines, sociales et de l’éducation (FSHE), il s’agirait, pour le Pr Massard, d’intégrer cette formation, déjà existante au sein de l’université, au campus Santé par une «réorganisation cadastrale» ou un «découpage des parcelles académiques. L’idée globale est la création d’un campus Santé où tous ces professionnels vivraient ensemble, suivraient une partie d’enseignements en commun, etc. Ce serait un modèle intéressant par sa mixité professionnelle», conclut-il.

Claude Damiani

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