Le Centre de primo-accueil pour demandeurs de protection internationale va quitter l’ancien centre de logopédie de Strassen pour un nouveau bâtiment de la route d’Arlon à Luxembourg.
Après le hall 6 de Luxexpo pendant quelques semaines en 2015 et l’ancien centre de logopédie de Strassen de la fin 2015 à aujourd’hui, le Centre de primo-accueil (CPA) pour demandeurs de protection internationale (DPI) change d’adresse dans les prochains jours. D’ici à la mi-janvier, les DPI arrivant sur le territoire luxembourgeois seront hébergés dans une nouvelle structure après avoir passé quelques jours à Mondercange dans le dispositif primo-accueil (DPA), la structure provisoire de dépistage Covid-19 où les gens restent jusqu’à la confirmation d’un résultat négatif au test. «Les personnes hébergées actuellement à l’ancienne logopédie sont en train d’être transférées vers d’autres foyers du pays, indique Christof Müller, chargé de direction du service Migrants et Réfugiés de la Croix-Rouge luxembourgeoise. Et à partir de la mi-janvier, les DPI qui arrivent viendront ici après leur passage à Mondercange.»
Situé route d’Arlon à Luxembourg sur le site de l’ancien garage Jaguar, le nouveau CPA a une capacité d’accueil maximale de 251 personnes (contre un maximum de 300 personnes actuellement à l’ancienne logopédie de Strassen). La structure, qui a été érigée de septembre 2019 à aujourd’hui pour un coût d’environ 15 millions d’euros, est destinée à accueillir des familles, des femmes et des hommes seuls. Elle comprend deux étages de chambres, des pièces communes, des sanitaires et un étage de dortoirs de 9 à 12 personnes. Il y a également sur place une buanderie, un local coiffeur, un réfectoire avec cuisine de distribution, une salle informatique, des salles de jeux et une salle de stockage pour bagages.
Une nouvelle zone administrative
Mais la grande nouveauté est que la structure abrite une zone administrative sur deux niveaux, où se trouvent des bureaux de l’Office national de l’accueil (ONA), de l’Inspection sanitaire, de la direction de l’Immigration, de la Croix-Rouge luxembourgeoise et une zone médicale. «Les échanges seront ainsi plus faciles et plus efficaces entre les différents acteurs, note le ministre de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn. Ces échanges plus étroits permettront de mieux évaluer les besoins individuels d’un DPI et faciliteront la détection des vulnérabilités.» Anne Vergison, chef de division de l’Inspection sanitaire, confirme : «Notre collaboration sera plus étroite entre nous. On comprendra mieux le travail des uns et des autres et ainsi on arrivera à intégrer les prises en charge médicales et sociales.»
L’accueil et l’encadrement social et ethno-psychologique des DPI sont délégués à la Croix-Rouge luxembourgeoise, comme actuellement au CPA de l’ancienne logopédie à Strassen. Elle aura une présence sur place de six encadrants socio-éducatifs, deux psychologues et deux infirmiers psychiatriques en semaine et une présence réduite à une personne pendant les week-ends. Par ailleurs, neuf agents de gardiennage seront sur place 24 h/24 et 7 j/7. Un règlement intérieur, édicté par l’ONA et la Croix-Rouge luxembourgeoise, devra être respecté par les DPI. Chaque arrivant devra également se soumettre à un examen médical dans les deux semaines de son arrivée. Quant aux enfants, qui peuvent être âgés de 4 à 16 ans, hébergés au CPA, ils seront scolarisés dans les classes spécialisées d’accueil de l’État à Luxembourg-Merl où ils recevront notamment des cours intensifs de langues. En principe, les élèves seront intégrés au plus tard après une année de scolarisation dans une classe normale d’une école communale. Quant aux adolescents en âge d’intégrer l’enseignement secondaire, ils seront scolarisés dans divers lycées à proximité en fonction des places disponibles.
Les DPI n’ont pas vocation à rester au CPA. En principe, ils y séjournent les premières semaines après leur arrivée jusqu’à ce qu’ils puissent être relogés dans une autre structure plus durable. «La première phase d’accueil est une étape importante qui permet aux encadrants sociaux de connaître les besoins spécifiques d’une personne, de détecter des vulnérabilités éventuelles telles que des troubles psycho-médicaux ou un handicap, et ainsi de trouver une structure d’hébergement permanente qui réponde au mieux à leurs besoins, rappelle l’ONA. En principe, le DPI reste dans la même structure durable pendant la période durant laquelle sa demande de protection internationale est examinée.»
Guillaume Chassaing
L’ancienne logopédie bientôt en travaux
Avec le départ prochain du Centre de primo-accueil des bâtiments de l’ancienne logopédie, les travaux de rénovation du lieu, prévus de longue date, vont pouvoir commencer pour accueillir une nouvelle antenne du lycée technique pour professions de santé (LTPS). Si le hall des sports du futur établissement scolaire est déjà en cours de construction, une nouvelle phase va débuter après le départ du CPA. Les locaux actuels seront démolis pour construire à la place le nouveau LTPS, qui accueillera d’ici 2024 environ 1 000 élèves, qui sont aujourd’hui scolarisés dans des locaux provisoires.
L’appel aux communes
Comme à chaque inauguration d’un nouveau foyer d’accueil pour demandeurs de protection internationale (DPI), le ministre de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, a lancé un appel aux communes pour qu’elles accueillent une telle structure. «Nous hébergeons actuellement 3 291 personnes, dont 43 % de bénéficiaires de la protection internationale (BPI), dans nos structures (NDLR : au nombre de 54) qui ont un taux de remplissage de 80 %, détaille Yves Piron, le directeur de l’Office national de l’accueil (ONA). Oui, nous cherchons toujours des terrains dans les communes pour y installer des foyers d’accueil. Nous avons des modules durables et qui peuvent chacun accueillir 30 personnes. Et pour installer un module, nous avons besoin de 10 ares.» Un foyer d’accueil des réfugiés devrait ouvrir ses portes au printemps à Bascharage, un autre à Frisange au cours de l’année prochaine. Mais les besoins sont toujours là.
Deux fois moins d’arrivées en 2020
En marge de l’inauguration du nouveau Centre de primo-accueil, les statistiques concernant la protection internationale ont été dévoilées. Depuis le début de l’année, 1 020 personnes ont déposé une demande de protection internationale au Grand-Duché (contre 1 885 à la même époque en 2019). Sur le seul mois de novembre, 111 personnes ont déposé une demande de protection internationale auprès de la direction de l’Immigration (contre 123 en octobre). Les demandeurs de protection internationale sont originaires de Syrie (267 depuis le début de l’année), d’Érythrée (187), d’Afghanistan (87), d’Iran (46), du Venezuela (44)…
Depuis le début de l’année, la direction de l’Immigration a pris 1 356 décisions (contre 2 154 sur l’ensemble de l’année 2019). Ainsi, la direction de l’Immigration a reconnu à 677 personnes le statut de réfugié. Elle a pris une décision de transfert vers un autre État membre en vertu du règlement européen Dublin III à 204 reprises et elle a refusé la protection internationale dans 290 cas.